Expertise, osmose, garantie, démarches administratives… Il est des éléments incontournables lors de l’achat d’une occasion. Le tout est de les connaître avant de signer le chèque qui vous transformera en propriétaire heureux, mais surtout serein.
Acheter d’occasion n’a rien de très compliqué. Reste que certaines étapes peuvent inquiéter le plaisancier, surtout si c’est la première fois. Si ce secteur permet de naviguer moins cher par rapport au neuf, il offre aussi la possibilité d’opter pour un bateau plus grand, pour le même budget.
Revers de la médaille, acheter une occasion s’avère aussi plus « anxiogène » qu’un achat de bateau neuf où le professionnel vous encadre (avec un système bien rodé de garanties qui servira à palier les problèmes survenus après l’achat), répond à vos questions et peut même vous proposer un financement.
S’enquérir d’une occasion, surtout auprès d’un particulier, nécessite de solides compétences dans de nombreux domaines (mécanique, électricité, plomberie, sellerie, etc.).
D’où l’intérêt d’être bien entouré, à commencer par un expert maritime. Car c’est une des caractéristiques des occasions, il est parfois difficile de connaître l’historique de l’unité, certaines ayant connu plusieurs propriétaires au cours de leur vie.
Nous avons donc dressé une liste des questions les plus fréquentes qu’un acheteur peut se poser avant de signer le chèque, afin que le futur propriétaire aborde le marché de l’occasion le plus confiant possible.
Il n’existe aucune règle en la matière. L’idéal est de porter
les documents ensemble auprès du bureau des Douanes ou des Affaires maritimes. Sinon, c’est généralement l’acheteur qui se charge de cette formalité.
Rappelons que trois ou quatre exemplaires de l’acte de vente doivent être remplis (selon que le bateau mesure moins ou plus de 7 mètres), et accompagnés d’une fiche plaisance (disponible auprès des Affaires maritimes ou téléchargeable sur Internet). L’un de ces exemplaires est à conserver par le vendeur, l’autre par l’acheteur, et le ou les derniers sont à intégrer au dossier qu’il conviendra de déposer aux Douanes ou aux Affaires maritimes.

Enfin, si le vendeur ne se charge pas d’effectuer les démarches lui-même, il ne doit pas oublier de signaler à ces autorités que le bateau ne lui appartient plus. Dans le cas contraire, en cas de sinistre, il risquerait d’être impliqué. C’est ce qu’on appelle la mutation en douane.
Après signatures de l’acte de vente, il reste un mois à l’acheteur et au vendeur pour le remettre aux autorités (Douanes ou Affaires maritimes), accompagné des autres documents (fiche plaisance, etc.). Pour garantir la transaction, l’acheteur verse généralement au vendeur 10 % du montant total du bateau.
Au niveau des démarches administratives et de la rédaction d’acte de vente, il existe une différence entre acompte et arrhes : dans le cas d’arrhes, la somme est perdue si l’acheteur se rétracte (sauf si le contrat stipule qu’il est possible de les récupérer en cas d’annulation) ; en cas d’acompte, l’acheteur doit verser l’intégralité du paiement, même s’il ne veut plus du bateau.
Pas de panique ! Longtemps affichée comme un problème à la gravité absolue, l’osmose est un phénomène naturel de vieillissement du gel-coat, directement lié aux composants qui entrent dans la fabrication d’une coque en polyester.

Concrètement, il se forme des cloques sur les œuvres vives. Pour autant, personne n’a jamais vu un bateau couler à cause de l’osmose. Les traitements existent, mais sont coûteux. Ils consistent à peler la carène sur une certaine épaisseur, définie en fonction de l’état d’avancement de l’osmose, puis à laisser sécher la coque à l’air libre. L’immobilisation peut être longue, un hiver, parfois plus.
Une fois sèche, la partie pelée sera couverte d’une application, généralement à base d’époxy. L’ensemble de l’opération est réalisé par un professionnel. Acheter un bateau osmosé n’est donc pas risqué « car le phénomène se traite », explique Jean-Michel Viant, expert maritime.
Si vous constatez une coque osmosée avant l’achat, vous pouvez toujours faire une proposition qui tienne compte du montant d’un tel traitement. En clair, déduisez les travaux du prix de l’annonce.
Si un seul conseil devait être gardé, ce serait celui-là ! L’expert est en effet le meilleur moyen de s’assurer du bon état – et des éventuels défauts ! – d’une occasion. Il n’existe cependant pas une, mais plusieurs expertises. Lorsque
le particulier mandate un expert, c’est pour deux types de missions : l’expertise de pré-achat et celle de pré-assurance.

Pour la première, l’expert dresse un bilan de l’état du bateau et décèle les défauts. Il peut également lui donner une valeur. Cette information est très utile, en particulier pour s’assurer que le prix de vente annoncé est raisonnable.
Pour la seconde, l’expert donne une valeur vénale du bateau, c’est-à-dire le prix sur lequel se basera l’assureur pour rembourser le bateau en cas de perte totale. Cette valeur servira également à la compagnie pour chiffrer le montant de
la prime annuelle.
Cette expertise est toutefois moins poussée qu’une expertise de pré-achat. En fait, le plus difficile dans l’expertise est de trouver le bon expert ! Celui qui vous aidera à éviter les pièges se nomme « expert maritime professionnel du nautisme », mais il en existe une quantité d’autres au sein de cette grande famille
des experts maritimes. Certains sont spécialisés en pêche, en marine marchande, etc., mais n’hésitent pas à s’estampiller « plaisance », alors qu’ils ne sont pas forcément compétents dans ce domaine…
Entre un bateau à moteur de 6,50 mètres et un cargo, il y a une différence ! De plus, il n’existe aucune formation reconnue, ni aucun diplôme d’État nécessaire pour exercer cette profession, ce qui signifie que n’importe qui peut s’intituler expert maritime… Pour l’instant, le bouche-à-oreille ou la notoriété reste une des meilleures solutions pour se faire une idée.
Le mieux est de demander aux professionnels du nautisme de votre secteur (chantiers, assureurs, etc.) qui pourront vous orienter. Plus qu’une formation, c’est l’expérience qui est requise pour un bon expert. Ses connaissances doivent être multiples : sécurité, navigation, construction, réparation, mécanique, résistance des matériaux… Sans oublier l’impartialité de rigueur, non seulement dans les affaires judiciaires, mais aussi pour assister objectivement le particulier lors de son achat.
Une expertise s’effectue à la fois au sec, pour mesurer le taux d’humidité de la coque ou pour ausculter l’arbre d’hélice, l’antifouling, etc., mais aussi en mer pour évaluer le bruit du moteur, la couleur des fumées, le comportement de la carène. Ne pouvant démonter le bateau, l’expert va effectuer un diagnostic, comme un médecin, pour donner le bon avis. Fonds de cale, boulons, guindeau, coffres, factures d’entretien seront autant d’éléments permettant d’enquêter, le but étant de dresser un bilan complet du bateau, grâce à une centaine de points qui seront examinés.
Côté coût, une expertise se calcule au mètre linéaire. Elle peut varier entre 50 et 70 € selon les régions et les experts, auxquels il faut parfois ajouter les frais de déplacement ou certains suppléments (analyse d’huile, etc.). N’hésitez pas à demander un devis en expliquant ce que vous souhaitez. Certes, une expertise se paye, mais elle demeure moins chère que d’éventuels travaux de remise en état constatés après l’achat.
C’est surtout au niveau du parc et du choix de l’offre que la différence est la plus visible. Une occasion vendue par un professionnel est généralement prête à naviguer, sans travaux à effectuer.

Le professionnel peut également proposer un financement, dans le cas d’une reprise de leasing. Un autre aspect souligné par Jean-Michel Viant est que « les professionnels engagent leur responsabilité dans la vente du navire. Les particuliers ne peuvent offrir ce type de garantie et sont donc logiquement moins crédibles ».
Deux types de garanties cohabitent lors de l’achat d’un bateau. La première, appelée « garantie légale », s’applique à un bateau comme à n’importe quel bien de consommation. Elle est établie d’office quel que soit le vendeur, particulier ou professionnel.
Aucune durée n’est précisée, ce sont les cas antérieurs qui font jurisprudence. Pour qu’elle soit effective, il faut prouver que le défaut était antérieur à la vente et qu’il rende le produit impropre à l’usage auquel il était destiné.
La seconde, « contractuelle », est une garantie supplémentaire et optionnelle, payante ou non, que propose le concessionnaire au moment de la vente.
Pendant de l’agent immobilier, le courtier se charge de toutes les formalités administratives tout en proposant de nombreux bateaux à la vente. Il met également acheteurs et vendeurs en relation.
Il joue aussi le rôle du notaire en sécurisant le transfert de fonds de l’acheteur vers le vendeur. Ses services se payent entre 8 et 11 % du montant total du bateau, des frais qui sont à la charge du vendeur.
Non, les bateaux de moins de dix ans sont vendus un peu plus chers, du fait que L’Argus du Bateau ne tient pas compte de l’équipement, et que le prix de l’unité est donné sans aucune option.
Parfois, lorsque la colonne « moteur » des cotations de bateaux est vide, la valeur constatée dans L’Argus du Bateau est communiquée sans la motorisation. Pour les unités de plus de dix ans, une fourchette haute et basse est donnée par le magazine. Dans cette catégorie, les prix de vente sont généralement proches de la valeur de L’Argus du Bateau.
Occasion réflexes
Du côté de l’équipement, il y a également une décote dont il faut tenir compte. « Elle est au moins de 15 à 25 % par an », note l’expert maritime Jean-Michel Viant. On peut considérer que l’équipement a perdu la totalité de sa valeur au bout de cinq à sept ans.
C’est encore plus évident pour l’électronique, dont les pièces de rechange ne sont pas forcément disponibles à partir de ce délai, mais aussi parce qu’il sort régulièrement de nouveaux modèles qui rendent les anciens obsolètes. Inutile, donc, d’espérer faire gonfler le prix de vente d’un bateau parce qu’il possède un GPS ou une VHF de dix ans.
« Oui, quand il dépasse la limite normale d’utilisation, c’est-à-dire 100 heures
par an », annonce Jean-Michel Viant. En dessous, cette valeur n’a pas vraiment d’importance. L’essentiel est la façon dont le moteur a été entretenu et révisé. A-t-il été hiverné par un professionnel tous les ans ? Voilà la question à se poser.
Occasion réflexes
Il ne faut pas se focaliser sur le nombre d’heures (dont la moyenne d’utilisation annuelle est située entre 40 et 60 heures en France). Mieux vaut un moteur qui a beaucoup tourné, mais qui a été correctement révisé, plutôt qu’un modèle avec peu d’heures, mais qui n’a pas bénéficié des hivernages normalement réalisés.
D’où l’intérêt de vérifier si le vendeur possède bien les factures d’hivernage. De la même manière, le carnet d’entretien, s’il n’est pas obligatoire, pourra être un plus, voire un avantage pour le vendeur qui mettra en confiance l’acheteur. C’est aussi une manière de prouver que les révisions régulières ou les travaux ont été effectués.
Il n’y a pas de bonne période, mais de bonnes ou de mauvaises occasions. Néanmoins, dans le cadre d’une vente entre particuliers, les affaires se font davantage en automne, comme le prouve le Mille Sabords au Crouesty, le plus grand salon de l’occasion d’Europe, qui se tient à cette période.
C’est moins vrai du côté des professionnels, car leur parc d’occasions est renouvelé en permanence, et il est possible de conclure de bonnes affaires tout au long de l’année. « L’automne reste de toute façon une période moins euphorique en termes de navigation, car les sports nautiques sont un peu délaissés, précise Jean-Michel Viant. C’est une période où les vendeurs sont plus enclins à baisser les prix. »
Occasion réflexes
Fixez le bon prix dès le départ, en restant dans une fourchette raisonnable. Inutile de placer la barre trop haut, car un acheteur ira en priorité vers
les unités les moins chères. Vous pouvez éventuellement conserver une marge de négociation.
Faites savoir que votre bateau est à vendre. Utilisez tous les moyens possibles : annonces de magazine et Internet, affichage à la capitainerie, panneau sur le bateau… Une unité a plus de chance de se vendre si elle est présentée à terre, dans un chantier ou au ponton.
Évitez de l’entreposer au fond de votre jardin ou sur un corps-mort au large. Ajoutez dans tous les cas une photo qui la mettra en valeur.
Un bateau se vendra plus facilement s’il est prêt à naviguer et bien équipé. Profitez-en pour rédiger un inventaire complet que vous remettrez
aux visiteurs. Présentez les factures des différentes options et équipements, ces derniers pouvant faire pencher la balance en votre faveur et convaincre un acheteur hésitant.
Briquez votre bateau ! Rien n’est plus repoussant qu’un bateau non présentable. Pensez à l’extérieur comme à l’intérieur. Bouts, aussières et défenses doivent être en bon état, l’inox sans trace de rouille, etc. Ranger également les équipets, et aérez pour éviter les odeurs d’humidité. En plus d’une impression flatteuse de votre unité, vous donnerez à l’acheteur une bonne opinion de la manière dont vous vous en êtes occupé.
Conservez tous les documents officiels du bateau jusqu’à la vente complète
et présentez-les à l’acheteur pour qu’il puisse s’assurer qu’ils conviennent bien à son immatriculation. Préparez éventuellement des actes de vente vierges à remplir avec l’acheteur au moment de la cession.
 
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