« Qui a fait un barbecue dans son salon ce week-end pour ne pas subir la pollution sonore ?! » La question est posée par l’Alliance associative sur sa page Facebook. Ce collectif qui réunit quarante associations de riverains milite pour la suppression de la « pollution sonore » générée par l’aérodrome de Toussus-le-Noble (Yvelines).
Camemberts, diagrammes-battons, cartes des trajectoires, outil de localisation des maisons pour vérifier son niveau de pollution sonore… Véritable bible à destination des habitants, le site Internet de l’Alliance associative dissèque en continu l’activité de cet aérodrome. Les statistiques mises en avant permettent par exemple de découvrir que 88 129 228 survols de bâtiments ont été recensés entre juillet 2021 et fin mai 2022.
L’impact sonore de cet aérodrome – le quatrième de France en termes de mouvements d’avions derrière Roissy (Val-d’Oise), Orly (Val-de-Marne) et Nice (Alpes maritimes) – mobilise riverains et élus locaux depuis plus de quarante ans. En avril dernier, dix résolutions ont été adoptées à la suite d’une commission consultative initiée par la préfecture des Yvelines. Quelques mois plus tard, un arrêté du ministère des Transports ajoutait trois mesures pour renforcer les restrictions. « Insuffisant », déplorent les associations à chaque fois.
Cette fois-ci, c’est une école de pilotage qui s’y met. Astonfly, le plus gros centre de formation de France, est implanté à l’aérodrome de Toussus depuis 2004. Son président fondateur, le pilote de ligne Charles Clair, présentait ce samedi le projet « Silent Sky ». Comme le terme anglais l’indique, il s’agit d’œuvrer pour un « ciel silencieux », avec une série d’engagements.
« Notre entreprise est le premier fabriquant de son ici et nous n’avons pas attendu les pressions des riverains pour réfléchir, insiste Charles Clair devant un public constitué d’habitants et d’élus locaux. C’est une démarche volontaire. Il nous faut aujourd’hui répondre aux enjeux de l’aviation du futur ».
90 % de l’activité d’Astonfly est consacrée à la formation des futurs pilotes de ligne, essentiellement ceux de la compagnie Ryanair. 150 pilotes en sortent chaque année, après une formation pratique et théorique de 24 mois. Pour concentrer l’activité sur son « cœur de métier », l’école de pilotage s’engage, à compter du 1er janvier 2023, à supprimer complètement la location « loisir », c’est-à-dire les avions utilisés par des pilotes non professionnels.
Le centre de formation possède trente-deux aéronefs, dont une majorité de monomoteurs Cessna 172. « C’est fini, nous n’augmenterons plus jamais la flotte, assure le président d’Astonfly. Nous vous fournirons toutes les immatriculations : si vous voulez faire des photos pour contrôler, ce sera possible ! ».
Trente-deux avions, donc. Et un autre engagement : équiper tous les Cessna de réducteur de bruit. Ces silencieux permettent de réduire la perception du son à 50 %. « Ça fait à peu près six décibels en moins, c’est ça ?, interroge une riveraine depuis sa chaise. Mais concrètement, ça représente quoi ? Le bruit d’un aspirateur ? D’une machine à café ? ». Sourires dans la salle.
« Là, il faudrait vous adresser à un acousticien, tranche Patrick Milward, le directeur général d’Astonfly. Mais à notre niveau, à part laisser l’avion au hangar, on ne peut pas faire mieux. Tous les modèles qui ne peuvent être équipés de silencieux seront supprimés de notre flotte ».
Lorsque les avions électriques permettront aux pilotes d’effectuer l’intégralité de leur formation professionnelle, c’est-à-dire quand leur autonomie de vol sera supérieure à 300 km, Astonfly s’engage à investir dans l’aviation électrique pour remplacer sa flotte de monomoteurs, à l’horizon 2025.
Entre-temps, l’école de formation « prépare le terrain » : dans les mois qui viennent, un hangar qui accueillait jusqu’ici des hélicoptères sera transformé en centre de maintenance, avec un équipement dédié à l’entretien des avions électriques. Un parking destiné à la recharge de ces monomoteurs modernes est également en préparation.
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