Publié le 04/01/2023 à 06h59
François Feuilleux
 
Les médecins parlent d’un scandale : Chartres et l’agglo sont considérés, à tort, en zone non prioritaire, car les services de l’État comptabilisent les médecins du travail, les médecins hospitaliers dans la catégorie des généralistes. On compte en 2022 dix-huit départs pour deux installations dans l’agglo de Chartres. Le nombre de médecins par habitant, à Chartres, est le plus faible du département. Quand l’État va-t-il enfin réagir ?
« Il n’y a malheureusement pas que des problèmes de médecins libéraux, il y a un problème aussi dans les hôpitaux. On a demandé à l’ARS (Agence régionale de santé, NDLR) qu’elle fasse évoluer son mode de comptage des médecins à Chartres. Il ne vous a pas échappé que les relations entre les préfets et les ARS fonctionnent bien en temps de crise et moins bien en temps normal. On n’a pas la possibilité d’influer sur ce genre de posture de l’ARS. On est démuni. Notre espoir, c’est la faculté d’Orléans. Mais ne nous voilons pas la face, le temps qu’elle forme les médecins, cela va prendre du temps… L’Eure-et-Loir dépend de la faculté de Tours et Tours ne veut pas venir en Eure-et-Loir. C’est comme ça. Je me suis battue auprès du directeur de l’ARS pour que l’on puisse s’ouvrir vers la faculté toute proche de Saint-Quentin-en-Yvelines. Je n’ai jamais eu de réponse positive. Je pense qu’il y a aussi un vrai sujet auprès des personnels infirmiers. Le temps que l’on forme les nouveaux médecins, il faut qu’on revoie les formations des infirmiers. Certains actes, comme les renouvellements d’ordonnance, pourraient être effectués par des infirmiers. »

Médecins à bout de souffle. L’interview du préfet a été réalisée avant le mouvement des médecins généralistes qui se sont mobilisés lundi soir. Françoise Souliman a rencontré certains d’entre eux et a annoncé des propositions.
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Quelles vont être les avancées dans le dossier de l’A 154 ? N’est-ce pas une absurdité de ne pas avoir doublé les voies de circulation sur la dernière portion, actuellement en travaux, entre Marville-Moutiers-Brûlé et Dreux ?
« On devrait avoir le nom du concessionnaire retenu en 2023. Nous avons organisé toutes les réunions, circonscription par circonscription, qui nous avaient été demandées depuis le mois de septembre par la préfète de région. Vont maintenant commencer les réunions avec la chambre d’agriculture, en janvier. Viendra, ensuite, l’élaboration du tracé final, début 2024, pour un commencement des travaux début 2025. Concernant les travaux en cours, oui, c’est du gâchis. Ces travaux ont été décidés il y a longtemps. Je suis d’accord, c’est ridicule. On a posé la question à la Dirno (Direction interdépartementale des routes nord-ouest, NDLR). Apparemment, on ne peut pas revenir en arrière de ce qui a été décidé. Mais, effectivement, cette décision n’est pas une réussite. »
 
Les défaillances d’entreprises ont repris un niveau quasi identique à la période d’avant la pandémie. Vous avez annoncé, début 2022, la création d’un poste de conseiller de sortie de crise. Quel est le bilan ?
« J’ai rencontré des représentants de la Banque de France, des chambres consulaires, la direction départementale des finances publiques, etc. On ne constate pas, à l’heure actuelle, de défaillance d’entreprises de manière anormale, par rapport aux années précédentes “normales”. On sent, en revanche, chez les dirigeants d’entreprise, une crainte sur l’avenir, justifiée notamment par l’augmentation des coûts et par l’incertitude des prix. »
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Un centre de semi-liberté de trente places a été annoncé à Chartres par l’ancien directeur interrégional des services pénitentiaires. Où en est-on ?
« C’est une nécessité pour le département, qui est le seul en France à ne pas en disposer. C’est un projet également immobilier. Nous avons eu affaire à des réticences de certains élus (NDLR : la maire de Mainvilliers, Michèle Bonthoux (PS), s’est mobilisée contre l’implantation de ce projet dans sa commune, notamment auprès du ministère de la Justice). Sous la précédente mandature du conseil départemental, nous étions arrivés à un accord pour un établissement à Mainvilliers. Face à la levée de boucliers, on a abandonné le projet. Pour qu’un centre de semi-liberté fonctionne, il ne doit pas se situer dans une zone isolée. Il faut qu’on avance sur ce sujet, en bonne intelligence avec les élus locaux. On ne bousculera personne, mais on n’a pas de lieu défini. Il faut convaincre les élus. Ça ne se fera donc pas en 2023. »
 
Après l’affaire sur des manquements présumés concernant l’accueil d’enfants placés en Eure-et-Loir (*), le gouvernement a demandé aux préfets et aux Départements de mener un audit et de renforcer les contrôles dans ce type d’établissements afin de vérifier, notamment, s’ils disposent des autorisations nécessaires. Cela a-t-il été fait et quel bilan peut-on en tirer ?
« On travaillait déjà avec le conseil départemental sur tous ces établissements. Il y a un mois, on s’était dit que l’on allait enquêter sur cette association. On avait des soupçons de mauvais encadrement, mais pas à ce niveau-là. La révélation de faits, grâce à cette jeune fille qui a été interpellée, a mis au jour le problème. Mais l’inspection devait avoir lieu comme elle était prévue au mois de décembre. Nous travaillons aujourd’hui sur d’autres associations, mais nous n’avons pas d’éléments qui puissent nous conduire à des soupçons de problèmes de cette envergure-là. » 
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Le président de l’association des maires, Joël Billard, maire de Bonneval, se dit très inquiet face à l’augmentation des coûts de l’énergie pour les communes. Il estime que certaines ne pourront plus payer et que beaucoup augmenteront les impôts de manière importante, pour pouvoir payer…
« On a déjà commencé à aider des communes qui rencontraient de gros problèmes, environ quatre-vingts dans le département, au titre du bouclier tarifaire. Pour le reste, les collectivités locales vont devoir probablement revoir leurs dépenses, comme c’est le cas aujourd’hui pour les particuliers. Tout le monde subit les augmentations de prix du gaz, des carburants et de l’électricité. Je ne suis pas persuadée que l’augmentation de la fiscalité locale soit la seule réponse à apporter. Mieux vaut, je crois, apporter des richesses nouvelles : faire venir des entreprises, des ménages, etc. Et puis, il y a le Fonds vert, qui permet d’aider les collectivités locales à la transition énergétique. Je pense à Nogent-le-Rotrou, qui va passer tout son éclairage public en led avec, derrière, de grosses économies. »
 

 
 
 
Françoise Souliman, préfet d’Eure-et-Loir, présente les projets de l’État pour l’Eure-et-Loir, qu’elle qualifie « d’ambitieux pour un département d’excellence ».
 
 
 
Préparer l’Eure-et-Loir aux défis de demain
« Il s’agit de pouvoir préparer les investissements de demain dans les entreprises. Avec France 2030, c’est quand même 50 milliards d’euros sur cinq ans », précise-t-elle. « C’est travailler à la fois pour viser l’excellence dans tout ce qui est production. C’est en même temps travailler sur une décarbonation de l’industrie et faire émerger des territoires qui ont été un peu délaissés, comme l’Eure-et-Loir. Pour l’heure, on a une entreprise qui a déjà bénéficié de ce fonds. C’est Vertubex, à Nogent-le-Roi, qui fabrique des bio-médicaments et des dispositifs médicaux innovants. Ils ont reçu 2 millions d’euros. On devrait avoir d’autres lauréats début 2023. »
Eau
Le préfet indique sa volonté de poursuivre le travail sur le partage de l’eau. « L’idée est de mieux la partager. On a lancé les assises de l’eau en novembre. Cela va permettre de faire travailler ensemble des gens qui ne se parlent pas forcément ou, en tout cas, qui ne se parlent pas de manière facile. Je pense notamment au monde agricole, au monde industriel, aux consommateurs. On ne pourra pas faire l’impasse d’associer tout le monde. On voit bien que la chambre d’agriculture et Chartres Métropole, qui avaient des tensions palpables, se sont mis autour de la table. On a un début de planification écologique pour concilier tous les usagers de l’eau. L’objectif est de diminuer la consommation, mais aussi de trouver de nouvelles solutions. »
Développer les énergies renouvelables
« On a mis en route le comité départemental des énergies renouvelables. On ne peut pas faire passer des projets sans, dans un premier temps, informer les populations concernées. Nous avons dessiné un schéma pour l’éolien. Nous allons faire la même chose, dès janvier, pour les méthaniseurs. Même le plus petit projet, même très vertueux, s’il est mal engagé, ne voit pas le jour. Beaucoup de projets sont portés en Eure-et-Loir. »
Couverture de la téléphonie mobile
L’État annonce vouloir améliorer la couverture de l’ensemble du département. Parmi les vingt-huit sites identifiés en zone blanche, en Eure-et-Loir, « dix-sept sont désormais couverts. En 2023, on va travailler sur les autres sites. On est très loin des 98 % de la population nationale couverte », estime le préfet.
Maisons France Services
« Nous en avons vingt-deux. Une vingt-troisième va être créée, cette année, dans un quartier prioritaire, à Dreux. Les maisons France Services ont traité, en moyenne, en 2022, 75 demandes quotidiennes. La moitié concerne les finances publiques, les titres sécurisés, etc. On va étendre les services à l’aide juridictionnelle. »
Aide aux élus
La préfecture d’Eure-et-Loir a mis en place un certain nombre de mesures pour aider les maires des communes rurales, notamment en matière de pouvoirs du maire et de planification urbanistique et environnementale.
Emploi
« On continue à travailler en faveur des personnes les plus éloignées de l’emploi, qui sont celles pour lesquelles où le chômage ne bouge plus », indique Françoise Souliman
François Feuilleux 
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