«Entrez. C’est ouvert à tous. On stocke, on vend de tout, ici. Il faut arrêter avec l’image du commissaire-priseur en gants blancs, taiseux. Une salle des ventes, c’est un lieu de vie.» Philippe Amigues a le sourire communicateur. Entre deux expertises chez les particuliers, il passe faire le point avec ses collaborateurs.
«Il faut venir voir au moins une fois, une vente aux enchères. Je vous promets que c’est très intéressant.» La passion du métier est dans chaque mot, chaque geste. Dans l’immense local, on trouve pêle-mêle, meubles, tableaux, lampes, poupées, une voiture de manège, des figurines, des objets militaires. À l’arrière, un hangar impressionnant stocke des milliers d’objets. Enfin, une dernière salle où sont entreposées des voitures anciennes. «C’est notre prochaine vente (N.D.L.R., elle s’est déroulée hier). J’avoue que c’est une première pour moi. Mais je suis confiant. Les collectionneurs de ce style de véhicules, il n’en manque pas. Une Bentley trône à côté d’une Rolls, et plus amusant, de vielles 2CV.
«Prenez l’exemple de cette Rolls. On se dit. Les enchères vont vite grimper. Attention. Regardez. Elle a le volant à gauche et une plaque anglaise. Dont, il faut passer aux mines pour avoir une plaque et une carte grise.» L’œil du professionnel a parlé. Mais comment devient-on commissaire-priseur? -Sourire- «Il faut être solide en droit et histoire de l’art pour passer l’examen. J’avoue qu’il est difficile. Après, vous êtes stagiaires durant deux ans, avant de repasser un examen de sortie pour pouvoir officier» admet Philippe Amigues. Et les places sont chères. «Même si personne ne parle de numerus clausus, on considère qu’il faut un commissaire pour 120 à 150000 habitants. Sur l’agglomération toulousaine, ils ne sont que sept. Moi, je suis le commissaire-priseur de l’office d’Albi, donc du département du Tarn.»
Dans la salle des ventes, il y a mouvement. Deux jeunes s’essoufflent à monter un piano dans un fourgon. Deux autres apportent une magnifique commode où chaque pièce est faite main. «. Elle devrait partir rapidement» admet Philippe Amigues.
«Aujourd’hui, les prix des meubles anciens ont chuté. Ils ne sont plus tendances. Un conseil. Ce n’est pas le moment de vendre ses objets qui pour beaucoup, constituent un vrai patrimoine familial. A contrario, ceux qui veulent acheter font de belles affaires.» C’est quoi qui marche aujourd’hui? «Les collections, les pièces rares, les objets militaires, ça cartonne» avoue-t-il.
Le métier du commissaire-priseur, c’est surtout des expertises. «La plus belle s’est déroulée dans une ferme du Gaillacois. Je venais faire l’état des lieux du patrimoine mobilier. Dans un coin, je découvre une coupe. La dame me dit qu’elle allait la proposer pour 50 euros dans un vide-greniers. En regardant de plus près, je m’aperçois que c’est une coupe libatoire chinoise du XVIIIe siècle. Incroyable. Que faisait-elle là, dans ce coin du Tarn?»Plus de vide-greniers, de marchandage, mais une vraie enchère. «Je l’ai vendu 72000 euros. Pas mal, le bénéfice pour la famille.»
Des histoires comme celle-là sont rares. Passons aux ventes. «Cela se passe assez vite. Il faut que ce soit tonique, vivant.Mon objectif est évidemment de vendre au plus haut. C’est bon pour le client, mais aussi pour mon étude. N’oublions pas que l’on est rémunéré à la commission. Alors, c’est vrai qu’il faut faire un peu le show, apporter une anecdote, une petite histoire» admet-il.
Et les acheteurs? «Il y a ceux qui sont dans la salle. Ceux qui préfèrent être au téléphone pour rester anonymes. Enfin, depuis quelque temps, nos ventes sont filmées en direct sur internet. Vous pouvez regarder librement ou participer grâce à votre carte bancaire. Ce système est en plein boom.»
La concurrence avec EBay, Amazone ou le Bon coin? «Objectivement, on résiste très bien. Notre grande force, c’est nos expertises. Nous, on garantit l’objet en vente.» Et si un jour, l’erreur arrive? «Cela peut arriver. C’est extrêmement rare.Si c’est le cas, aucun problème pour le vendeur. On le rembourse.» Reste le plus compliqué. Les ventes pour liquidation judiciaire. «Vous savez, notre objectif est de trouver les meilleures solutions pour payer les créanciers. On fait tout pour ces personnes s’en sortent. Cela se passe souvent bien, même si la situation est évidemment compliquée. Là aussi, arrêtons les idées reçues. Cela ne représente que 25% de notre activité. Notre rôle, heureusement, ne se limite pas à ça»
Il rappelle que gratuitement, le lundi matin à Albi et mardi matin à Castres, il expertise tous les objets qui lui sont proposés. «Sans obligation de les vendre».
À l’entrée de la salle des ventes, un homme vient déposer quelques objets. Il est temps pour Maitre Amigues de reprendre son costume de commissaire-priseur. «J’adore ce métier» conclut-il tout sourire.
Place à l’expertise, aux photos à prendre, aux objets à classer, aux ventes à organiser dans cette véritable caverne d’Ali Baba.
25 Rue Antoine Lavoisier, Albi,.Téléphone :05 63 78 27 27.
Pour voir les ventes en directe sur internet, www.interenchere.com/81001
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