L’école de la vie peut passer par les colonies de vacances. Alors que nous lançons notre sujet sur l’éducation, nous vous emmenons près de Quillan, dans l'Aude, chez des Lutins. Grâce à Marine et Robin, on trouve là une ferme pédagogique au vaste programme. L’été, c’est une colo d'un mode nouveau.
"Ah bon ? Ce n’est pas à la mode, les colos ? Mais alors : qu’est-ce qu’ils font de leurs enfants, l’été, les parents ?”. Les yeux ronds, Marine s’interroge. Sincèrement. Même si elle n’a que 29 ans, comme son compagnon, Robin – le couple est parent – elle pose la question. Mais oui, ils vont où, les gosses ?

Le jeune couple a créé une ferme pédagogique, et bien plus encore.
Le jeune couple a créé une ferme pédagogique, et bien plus encore.

Kevin, Maélys, Noémie, par ordre de grandeur – 14, 11 et 10 ans – ont une réponse. “Il y a des copains qui passent la journée sur écran, ils restent chez eux, ils sont loin de tout ça”. Tout ça : pour d’autres enfants, ce serait le néant. Ici, le téléphone portable est à dose homéopathique – autorisé de 18h à 19h, quand il y a du réseau… – et la tablette numérique et consorts, on les sort. Et alors ? Pendant une semaine, on s’ouvre à des lapins géants des Flandres, des soirées chamallows rôtis, au raft dans la vallée de l’Aude et bien plus encore. On n’est rien de moins que des lutins, comme la ferme du même nom, créée par Marine et Robin en 2017.
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C’est à Brenac, Aude, direction Quillan pour faire succinctement. Tourner à Campagne-sur-Aude et poursuivre vers un hameau – Fauruc-Haut. La route débouche sur la campagne, servie sur un beau plateau. Au bout du chemin : la ferme des Lutins, devenue pédagogique grâce à Marine et Robin.
La Montpelliéraine – son compagnon est originaire des Alpes – y venait pour ses vacances lorsqu’elle était petite fille : l’endroit appartenait à sa famille paternelle. En 2016, le couple de diplômés, qui ne trouve pas sa place dans le monde des chargés de mission, décide de retaper la ferme, de la faire revivre. “On avait envie de s’installer, de créer notre propre boîte, et de faire dans l’insolite”, disent-ils.
“On apprend tous les jours”
Marine devient certes, drôle de conversion pour son âge, éleveuse ovine – avec une centaine de moutons du Cameroun, une espèce parfaite pour tondre l’herbe. La trentenaire suit encore des formations auprès de la chambre d’agriculture, pour diriger au mieux son troupeau. “On apprend tous les jours”, confie la jeune bergère.

Des lapins de toutes sortes à découvrir dans la ferme des Lutins.
Des lapins de toutes sortes à découvrir dans la ferme des Lutins.

Mais le couple va plus loin que l’élevage : quand l’hiver est destiné à l'agnelage, le reste de l’année est consacré à cultiver la transmission du savoir. Depuis quatre ans, la ferme est dûment estampillée “pédagogique”. Elle permet de découvrir des animaux de tous poils et de toutes plumes (400 bêtes environ, des cochons nains aux lapins géants, en passant par une basse-cour de haut vol), que l’on soit résident d'Ehpad ou élèves d’écoles.
On a ici un peu l’esprit camp de scout
Marine et Robin sont allés bien au-delà de l’accueil de groupes sur l’exploitation, via toutes sortes de branches d’animation (ateliers pédagogiques, classes vertes et autres événements). La ferme des Lutins est aussi… mobile. À la demande, une partie des animaux se transporte dans la cour d’une crèche ou le jardin d’une maison de retraite, “à la rencontre de publics qui ne peuvent pas se déplacer facilement”. Pas bête, le concept. Pour les plus âgés, c’est caresser les souvenirs d’antan. Pour les plus jeunes, il s'agit d’apprendre que le poulet n’a pas la forme d’un nugget.
Mais revenons à nos moutons : l’été venu, la ferme se mue en colonie de vacances, de celles qui ne se trouvent pas sous le sabot d’un cheval, ou plutôt d’un âne. “Les séjours nature sont nombreux, mais ceux proposés à la ferme sont rares, et à notre connaissance, ceux qui mixent les deux, il n’y en a pas dans la région”, constate le jeune couple.
Tentes plantées dans le grand pré, toilettes sèches, cabines douche en bois : les enfants sont ici dans un domaine où la véracité côtoie la modernité. “Aujourd’hui, beaucoup de colonies se font dans des structures en dur. On a ici un peu l’esprit camp de scout, et un cadre qui devient familial”. Quant au “projet pédagogique”, il a deux mamelles : la sensibilisation à la vie de la ferme – “les enfants peuvent aider à soigner et nourrir les animaux, s’ils le veulent” – et la découverte du territoire, notamment par les activités sportives – sous la houlette de Robin, guide de moyenne montagne et directeur de la colo.

Robin face au champ planté des tentes. Ici, pas de structures en dur, comme dans d'autres "colos".
Robin face au champ planté des tentes. Ici, pas de structures en dur, comme dans d'autres "colos".

Quelque 140 enfants de 8 à 14 ans, au rythme de 24 la semaine, encadrés par quatre animateurs, sont ainsi accueillis l’été, et c’est un franc succès. Mérité.
“Je préfère être dans une tente qu'entre quatre murs”
Ces jeunes ayant en partage les vacances scolaires sont originaires de Montpellier comme de Paris, parfois des Antilles, d’Angleterre ou des écoles françaises espagnoles. La moitié vient d’Occitanie, même si ceux-là sont “sensibilisés et connaissent leur territoire”. “Les familles cherchent le retour à la nature mais souvent, ce sont les enfants qui nous trouvent, constatent Marine et Robin. Surtout depuis la période de Covid, synonyme d'enfermement”.

Kévin, Noémie et Maelys : "Des copains passent leur été sur leurs écrans, ils sont loin de tout ça".
Kévin, Noémie et Maelys : "Des copains passent leur été sur leurs écrans, ils sont loin de tout ça".

Noémie et Maélys, 10 et 11 ans, domiciliées près de Toulouse, se sont motivées ensemble, l’une ayant entraîné l’autre. “Les CLAé proposés par l’école (centre de loisirs associés à l’école, accueil à la journée proposée par les communes pendant les vacances, NDLR), on ne s’y reconnaissait pas. On ne voit que des écoliers que l’on connaît déjà. Faire des rencontres nouvelles, cela ne nous effraie pas. Au contraire !”.
C’est bien mieux que le camping
Le mot de la fin est pour Kévin, Chaurien de 14 ans, Lutin depuis 6 ans. Il s’est notamment construit, il le dit, au fil de relations avec les autres, humains et animaux, récoltées dans ce hameau haut. “Je préfère être dans une tente qu’entre quatre murs. C’est bien mieux que le camping”, souffle l’ado, qui a désormais passé l’âge limite. “Mais Marine a dit qu’elle ferait peut-être des séjours pour les plus grands, l’an prochain”. Sans doute a-t-elle retenu un vieux refrain d’enfance au sujet des colonies de vacances : tous les ans, on voudrait que ça recommence…

Lapins géants des Flandres, parmi 400 bêtes de tous poils et de toutes plumes.
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C'est pas un certain Pierre Perret qui avait déjà "philosophé" sur cette pérenne forme d'institution ?

Plus sérieusement cette initiative est salutaire et bonne…
la photo nous montre les enfants des quartiers difficiles
Magnifique projet ! merci pour l'article

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