Grâce à son statut de ferme pédagogique, l'Arche de Noé a obtenu de la Préfecture des Ardennes, l'autorisation de rouvrir, après le deuxième confinement. C'est l'occasion de prendre un bain de nature, avec chameaux, lamas et autres vaches des Highlands, à quelques kilomètres de Rocroi.
Inutile de rêver, ce n’est pas tout de suite que l’on pourra aller voir déambuler les lamas, sur les hauts plateaux du Chili, ou approcher les vaches des Highlands, en Ecosse. La pandémie réduit les ambitions d’évasion de chacun. Pourtant, sans aller très loin, on peut se promener parmi les chameaux, nourrir les irish cobs, et respirer l’air de la campagne ardennaise, non loin de Rocroi.
Pour cheminer au milieu des ratons laveurs, des chèvres, des volailles de toutes sortes, ou des tortues, il suffit de se rendre à Eteignères, dans les Ardennes, non loin de la frontière belge. C’est là, sur dix hectares, que l’Arche de Noé a ouvert ses portes pendant l’été 2020. Après avoir accueilli ses premiers visiteurs, le parc a dû fermer, du 30 octobre au 15 décembre 2020, à l’occasion du deuxième confinement. Mais sa gérante, Sophie Thiriet-Bourdon a plaidé sa cause, auprès de la Préfecture du département. Le lieu étant ferme pédagogique, l’autorisation d’ouvrir, à nouveau, lui a été accordée.
Ce qui était, au départ, un plaisir particulier, s’est vite transformé en projet de ferme pédagogique. L’idée était de permettre aux familles de se balader, en autonomie, parmi les animaux.
Sophie Thiriet-Bourdon, gérante de l’Arche de Noé.
Sophie Thiriet-Bourdon et son mari, Romain sont tous les deux passionnés par les animaux. Sophie était maîtresse d’école, en maternelle, à Rocroi, mais elle a démissionné pour pouvoir mener à bien son projet. Son époux lui donne souvent un coup de main, mais il continue à enseigner, car il faut assurer un revenu, à la famille. Gérer une telle structure n’est pas si facile, et les frais sont importants.
Certains mois, la facture du vétérinaire peut s’élever à 2.000 euros“, explique la gérante, Sophie Thiriet-Bourdon. “Quand on y ajoute le salaire du soigneur animalier, je n’arrive pas forcément à dégager un salaire pour moi”, dit-elle. Il y a aussi la nourriture. Il faut acheter des granulés, et trois fois par semaine, la gérante se rend, à 30 kilomètres du village, à Charleville-Mézières, pour aller récupérer les invendus de légumes de l’Intermarché. Une aide précieuse, mais qu’elle aimerait voir s’étendre à d’autres supermarchés, encore. L’Arche de Noé doit avoir une gestion rigoureuse, d’autant que depuis le lancement du projet, la ferme pédagogique n’a reçu aucune aide financière du département des Ardennes.
La famille Thiriet-Bourdon a acheté sa maison en 2002, à Eteignières, à 11 kilomètres de Rocroi. Une maison avec cinq hectares de terrain autour, pour y accueillir des chevaux, et déjà quelques animaux divers. “Un peu plus tard, on a doublé la surface. Ce qui était au départ un plaisir particulier, s’est vite transformé en projet de ferme pédagogique. L’idée était de permettre à des familles de se balader, en autonomie, parmi les animaux. Mais on essaie d’être progressif. Un premier bâtiment a été construit en 2017, j’ai démissionné de mon poste, en 2018“, raconte Sophie Thiriet-Bourdon.
La gérante de la structure ne veut pas calculer combien la famille a investi dans l’Arche de Noé. “On serait effrayé“, explique-t-elle. Ce que ne regrette pas cette passionnée d’animaux, c’est sa formation initiale. Son passé d’enseignante l’accompagne quand elle reçoit des groupes de scolaires, des pensionnaires de maison de retraite ou des handicapés. Pour autant, elle ne s’est pas contentée de ses acquis. Elle s’est formée à la médiation animalière, à la médiation équine, et à la médiation avec son chien, un berger croisé, “qui aime bien l’humain“, dit-elle.
Déambuler dans le grand parc d’Eteignières, c’est un peu faire un tour du monde des animaux. On peut y approcher lièvres de Patagonie, tortues, ratons laveurs ou encore muntjac, le plus petit chevreuil du monde. “A la naissance, ils pèsent à peine deux kilos“, raconte la gérante. “ Ce sont des mini Bambis“. Pour acquérir tous ces animaux, parfois exotiques, la gérante a eu recours, notamment, aux petites annonces du “Bon Coin“. C’est ainsi qu’elle a acheté son premier chameau. 
La ferme pédagogique rassemble quelque 150 animaux. Le plaisir des visiteurs, c’est de les nourrir, avec le sceau de pain qui leur est offert, au départ de leur pérégrination. Ceux qui viennent dormir dans la roulotte “les merisiers”, peuvent, eux profiter de l’Arche de Noé, en dehors des heures d’ouverture. L’élevage de chevaux permet à Sophie Thiriet-Bourdon d’avoir un statut agricole. Elle récolte aussi des fruits, et s’est lancée dans la production et la vente de confitures. “L’an dernier, nous avons cueilli énormément de pêches de vigne, mais j’ai également des coings, des mirabelles, des cerises…“, raconte la gérante de la ferme pédagogique.
Avec la fermeture des parcs à thème ou des parcs animaliers, comme celui de Charleville-Mézières, dans les Ardennes, l’ouverture de la ferme pédagogique de l’Arche de Noé est une aubaine pour les familles soucieuses d’offrir une activité extérieure, éducative et amusante aux enfants. Camille et Lilou qui sont venues avec leurs parents, pour la première fois, à Eteignières, sont catégoriques : “C’est trop bien !“, disent-elles en chœur. Les parents confirment, “On voulait faire une sortie avec les filles. C’était l’occasion rêvée de venir ici”.
Si la crise sanitaire et ses contraintes, ne permettent plus aux Belges, fans d’animaux, de venir, en voisins, si de l’Aisne, également, les visites ne sont plus possibles, les Ardennais et les Marnais sont de plus en plus nombreux à se déplacer vers le parc du nord du département. Les enfants viennent parfois y fêter leur anniversaire. Que le parc soit ouvert, quand de nombreux lieux de distraction, de convivialité, sont fermés, c’est une sacrée aubaine, pour eux.
Pour la gérante, c’est aussi une belle occasion de faire connaître le lieu. Un lieu qui pourrait se transmettre, car sur les deux enfants de la famille, l’adolescente de 14 ans souhaite prendre la relève, mais après les études, insiste la maman, Sophie Thiriet-Bourdon.

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