l’essentiel Poursuivis pour avoir refusé de payer leurs cotisations à l’Ordre des médecins, dont ils contestent les pratiques et la gestion, six médecins ariégeois devaient comparaître hier devant le tribunal de Foix. Le procès a finalement été reporté, pour la troisième fois.
L’ambiance était festive, hier en fin de matinée sur les allées de Villote, à Foix, où quelques dizaines de personnes s’étaient réunies pour soutenir six médecins ariégeois avant leur comparution devant le tribunal l’après-midi. Des usagers pour la plupart, quelques confrères discrets et, pour le plaisir, les notes de la fanfare militante Les Jaguars de Malibu.
Praticiens installés pour la plupart à Varilhes et La Bastide-de-Sérou, Michel Busch – le seul retraité – Shanti Rollion, Marine Delabarre, Aurélie Godineau, Thomas Jégot et Léa Duval, absente ce jour-là, sont poursuivis par le Conseil de l’Ordre des médecins pour avoir refusé de payer leurs cotisations ordinales 2020 et 2021. Un refus qui n’a rien de pécuniaire, puisque cette cotisation s’élève à 335 euros annuels pour les actifs et à 95 euros pour les retraités.
« Notre refus fait suite au rapport de la Cour des comptes de 2019, qui dénonce divers points de dérive de l’Ordre des médecins, explique Shanti Rollion, dans le cadre d’un mouvement national lancé à l’initiative d’organisations comme le Miop (Mouvement d’insoumission aux ordres professionnels) ou le Syndicat des médecins généralistes. »
Parmi les principaux points que dénoncent les contestataires, vient d’abord le manque de rigueur dans le traitement de certaines plaintes par le Conseil de l’Ordre, notamment de patients ayant subi des agressions sexuelles de médecins.
Mais ce n’est pas tout. « L’ordre prend de plus en plus de positions politiques, alors que ça ne fait pas partie de ses missions, pointe Marine Delabarre. Notamment des positions entravant l’accès aux soins : IVG, contraception, pluridisciplinarité… Il n’y a pas assez de vigilance non plus sur les discriminations et les refus de soins, par exemple pour les bénéficiaires de la CMU (couverture maladie universelle), ce qui est illégal, ou l’accès aux soins des personnes transgenres. Pour nous, tout ça va à l’encontre de l’accès aux soins. »
À quoi s’ajouterait une mauvaise gestion des 85 millions annuels rapportés par ces cotisations, mise en cause par le rapport de la Cour des comptes. « Les missions de l’ordre, c’est par exemple la protection des patients, la garantie de l’accès aux soins, le respect de la déontologie, de l’indépendance par rapport aux laboratoires pharmaceutiques, détaille la praticienne. Nous estimons que ces missions pourraient être exercées par des organismes publics existants, comme l’Agence régionale de santé, le Comité national d’éthique ou l’Union régionale des professionnels de santé. »
Un mouvement de contestation novateur, estime la jeune femme, « alors que c’est la première fois que des médecins sont jugés collectivement pour des motifs politiques. » Et un mouvement mené essentiellement par de jeunes médecins. « C’est vrai, reconnaît Thomas Jégot. Je pense qu’il y a effectivement une question de génération, on s’interroge plus sur notre métier et sur le fonctionnement de nos institutions. »
Des considérations qui ne convainquent pas Thomas Boussaton, président du Conseil départemental de l’ordre et médecin au Chiva. « Dans un souci d’équité pour l’ensemble de la profession, il est inenvisageable de cautionner cette position, réagit-il. Nous sommes au courant du rapport de la Cour des comptes et il y a sans doute des choses à perfectionner au niveau collectif, mais le conseil départemental de l’Ordre est une structure de proximité qui est là pour assister les médecins dans leurs missions, qui sont des délégations de service public. »
Reporté une première fois au mois de juin, puis en octobre, le procès a une nouvelle fois été repoussé afin de permettre aux accusés d’explorer d’autres pistes de défense. Il se tiendra le 10 février 2023.
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Bravo à ces jeunes médecins qui reprennent le combat de leurs anciens collègues des années 70 et du début des années 80. On leur souhaite un meilleur succès. Et si elle ne réussit pas, leur action aura permis de poser une nouvelle fois la question du rôle (éminemment conservateur) de cet organisme corporatiste.
Mon beau-frère, respectueux de ses cotisations, puisqu'obligatoires, a fait appel à l'ordre des médecins de son département… qui a préféré protéger de vieux médecins archaïques, mais anciennement implantés à un médecin plus jeune sans appui local, bien que talentueux et humain. Aujourd'hui, il est considéré comme le meilleur dans sa spécialité régionalement. Ce qui veut dire que l'Ordre des médecins a fait passer son corporatisme avant la santé des patients, sans risquer des sanctions pénales. La République étant indivisible, il est de toute façon anormal qu'il existe un système de justice corporatiste en dehors du droit commun qui intervient d'ailleurs dans le domaine des mœurs (normalement privé) et politique (normalement public). C'est un héritage du pétainisme qui visait ouvertement à éradiquer les principes des Lumières, notamment d'égalité et de souveraineté nationale… Dont trop de médecins se sont accommodés si longtemps. Cela fait froid dans le dos… Cela a conduit à bien des dérives de toute-puissance à la suite du Docteur Mengele, issu du régime nazi qui constituait souvent le modèle à suivre pour le "bon maréchal aux yeux bleus". Il est temps que les conseils de l'ordre soient dissous pour que certaines professions accèdent au monde moderne normal (celui où la responsabilité est directe, où l'individu est respecté, où le corporatisme cède devant l'intérêt public ou le respect de l'individu) au lieu de se complaire dans un archaïsme social abyssal (2 siècles de retard sur la société… c'est beaucoup).
Quand on connaît les origines de l'ordre je comprend que l'on ai pas envie d'y adhérer..
Pourquoi les médecins, les infirmiers et tous ceux qui dépendent d'un ordre sont obliger d'y adhérer ? Surtout que c'est très politiques et ils n'ont pas le choix il n'y a qu'un seul ordre qui lui est la la botte de ceux qui en ont le plus. A part pour sanctionner ceux qui ne vont pas dans leur sens, l'ordre ne sert à rien.. D'ailleurs qu'est ce qu'il pense de la situation de nos hôpitaux et desert medicaux, on Les entends peu… A oui c'est vrai.. Ce sont pour la plupart des libéraux, la casse des services public ne les dérange pas plus que ça…
Encore ce maudit conservatisme qui empêche tout évolution de ce petit monde feutré, ne faisant quasiment jamais son autocritique en imposant leurs visions archaïques, du monde médical qui z besoin d'évoluer en n'étant pas obligés d'adherer à leurs dictats.

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