Associations, élus, écologistes, riverains, Conseil national de la protection de la nature (CNPN) : le projet de Zac, porté par la Ville, dédié à l’habitat, ne fait pas l’unanimité.
Rénové par la loi du 8 août 2016 relative à la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages, le Conseil national de protection de la nature (CNPN), est l’instance d’expertise scientifique et technique, compétente en matière de protection de la biodiversité et plus particulièrement de protection des espèces, des habitats, de la géodiversité et des écosystèmes. C’est une institution rattachée au ministère de la Transition écologique. Son avis, consultatif, sur les projets concernant la préservation des espèces sauvages et des espaces naturels, compte.
Sur le projet d’envergure de création de la Zac de la Garenque, mené par la Ville de Sérignan, avec, entre autres, la construction prévue de 800 logements sur une emprise de 32 hectares, le CNPN avait donné un avis défavorable en novembre dernier, très détaillé. Il y soulevait, certes, "plusieurs points positifs", mais aussi des "points négatifs majeurs".
Le projet de La Garenque a une emprise de 31,9 hectares, en continuité d’un quartier déjà urbanisé, constitué surtout de pavillons individuels. Cette nouvelle Zac s’inscrit en limite sud de la ville. "Elle a surtout une vocation de création d’habitations", rappelle le CNPN.
Il prévoit 800 logements (dont 370 collectifs, dont 30 % sociaux), comporte aussi un groupe scolaire dans un contexte global d’augmentation régulière de la population. "La voie multimodale associée est de 1,56 km, avec une emprise de 3,5 hectares supplémentaires, donc un total de 35,4 hectares."
Et d’ajouter : "L’objectif global est de lutter contre la forte cabanisation et la faible proportion communale de logements sociaux (10 % en 2020, au lieu des 25 % réglementaires). L’avis de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL) indique une bonne prise en compte de ces remarques par les pétitionnaires."
En synthèse, concernant le volet urbanistique, parmi les éléments mis en avant, le premier listé est celui du "dimensionnement du projet". Le conseil souligne qu’il répond à la demande en logements (sociaux et autres) pour les quinze prochaines années. "Cependant, indique le CNPN, sachant qu’il existe déjà deux autres Zac dans un rayon de moins de 3 km (Bellegarde et Les Jardins de Sérignan nommé l’Afua, sans compter sur un quatrième projet à la réflexion, celui de la Jasse-Neuve, derrière le lycée), il est difficile de comprendre pourquoi ce projet devrait être aussi grand".
Le CNPN conseille d’envisager "une Zac plus modeste avec une plus grande proportion de logements sociaux et un moindre impact environnemental en la réduisant sur sa moitié Est." Et de dénoncer "l’absence de solutions alternatives". "Il aurait été plus opportun à l’échelle intercommunale (en référence au Scot du Biterrois), d’augmenter la taille des deux Zac voisines, plutôt que d’en créer une troisième de 35 ha […]"
Il aurait été plus opportun d’augmenter la taille des deux Zac voisines, plutôt que d’en créer une troisième de 35 ha
Les trois quarts restants de l’avis concernent le volet écologique. Il mentionne, par exemple, "des impacts, parfois oubliés ou négligés, sur des espèces à PNA (plan d’action en faveur des espèces menacées)", comme le lézard ocellé ou l’outarde canepetière. Ou encore des mesures d’évitements, celles concernant la préservation d’habitats des espèces à protéger, "minimales, parfois, modestes".
Enfin, en matière de compensation, le projet propose six sites pour un total de 58 ha, dont une parcelle sur Fonseranes. Il faut savoir que la loi, en cas de projet de ce type, oblige le maître d’ouvrage à compenser les "dommages" en aménageant d’autres sites. Mais là encore, le CNPN n’est pas convaincu.
L’avis invite, dans sa conclusion, à "une réflexion sur une reconfiguration du projet en se concentrant sur la création pertinente de logements sociaux et de mobilité douce, en proposant une séquence ERC (éviter, réduire, compenser) plus ambitieuse avec des effets sur les mesures d’évitement et de réduction."
Le Sérignanais, Yann Geshors, secrétaire d’Europe Écologie Les Verts – Groupe du Biterrois était présent lors du conseil municipal du 10 mai.
"C’est donc 32 hectares et 95 000 m² de béton qui seront coulés et priveront la nature au profit du lotisseur Groupe Sangalli Maratuech, SM. Lors de la séance en conseil municipal une jolie projection vidéo nous démontrait un quartier où l’on voyait plus d’arbres que de constructions. Nous ne sommes pas dupes ! D’ailleurs le Conseil national de la protection de la nature non plus en émettant un avis défavorable à ce projet. Il pointe du doigt de nombreuses incohérences…"
L’écologiste en liste certaines : "Le manque de cohérence dans le Scot du Biterrois, qui mériterait un Plan Local d’Urbanisme Intercommunal et non chacun de son côté ; l’absence de solutions alternatives à ce projet d’urbanisation ; des mesures d’évitement minimalistes et les compensations environnementales insuffisantes, et même peu appropriées ; des nuisances à l’état de conservation des espèces protégées sur ce périmètre ; une étude d’impact obsolète réalisée en dix jours… Il est même prévu de détruire une haie, pour la remplacer par d’autres. C’est absurde !"
Yann Geshors n’est vraiment pas convaincu par le projet. Connu pour son travail de vigilance sur les Orpellières, il dénonce en particulier l’impact sur la faune, notamment les oiseaux, qu’il protège tout particulièrement. "Différentes espèces de rapaces seront impactées, comme l’aigle botté, que l’on observe régulièrement pour se nourrir dans les friches agricoles où ils capturent les lapins, mais aussi l’effraie des clochers et les hiboux qui chassent les petits mammifères et qui nichent pour certains sur ce corridor écologique, alors que ces espèces bénéficient de Programmes national d’action de protection. Si ces aires d’alimentations disparaissent, c’est leur survie qui pourra être menacée. Mais nous pouvons également trouver des insectes comme l’empuse commune : le diablotin, ainsi que des chauves-souris menacées d’extinction, le murin de Capaccini qui sont tous placés sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la Nature. Sans compter sur toute la faune qui vit sur ou grâce à ces 32 hectares de végétation."
Et de conclure : "Des associations de protection de la nature étudient ce dossier et pourraient saisir la justice, si le cap n’est pas corrigé."

Yann Geshors est secrétaire d’EELV du groupe du Biterrois.
Yann Geshors est secrétaire d’EELV du groupe du Biterrois. MIDI LIBRE

Le 10 mai dernier, lors du conseil municipal qui n’avait qu’un seul point à l’ordre du jour, celui d’approuver la désignation de l’aménageur de la Zac et le traité de concession, sur les 27 élus (lire ci-contre) participant au vote, deux conseiller d’opposition se sont abstenus : Éric Boujon et Yannick Bénézech.
Ce dernier explique sa position. "Je ne suis pas un spécialiste des questions écologistes. Je fais confiance aux experts du Ministère, au CNPN. Sinon, à quoi ça sert de le faire intervenir. Des éléments ont en effet été pris en compte par la municipalité, suite à cet avis défavorable, comme la DR 64 qui a été incluse dans le projet. Pour le reste, surtout les questions environnementales, on nous a répondu : “Nous sommes en phase de négociation”, ce qui signifie que ça peut bouger. Je n’ai pas voté contre car des logements sociaux sont prévus, dont 10 % de lots réservés aux primo-accédants. Si Sérignan doit se développer, je pense que ça ne peut être que dans cette zone, d’un point de vue de la continuité urbaine. S’étaler, oui, mais pas si vite ! À mon avis, on pourrait faire le choix d’une urbanisation plus raisonnée."
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