Rue Malbec, à la limite de Nansouty. Une enfilade d’échoppes et un quartier classé « ville de pierre » où l’ensemble immobilier de la Fédération compagnonnique des métiers du bâtiment ne passe pas inaperçu. Deux immeubles d’apparence vieillotte seront rasés pour laisser place à une résidence de 62 logements, dont 55 % en logement social et accession à la propriété, construite par Kaufman & Broad. Le programme immobilier, fût-il labellisé « bâtiment frugal », suscite l’inquiétude…
Rue Malbec, à la limite de Nansouty. Une enfilade d’échoppes et un quartier classé « ville de pierre » où l’ensemble immobilier de la Fédération compagnonnique des métiers du bâtiment ne passe pas inaperçu. Deux immeubles d’apparence vieillotte seront rasés pour laisser place à une résidence de 62 logements, dont 55 % en logement social et accession à la propriété, construite par Kaufman & Broad. Le programme immobilier, fût-il labellisé « bâtiment frugal », suscite l’inquiétude de certains riverains au sortir d’une consultation qu’ils estiment précipitée.
Une première visite organisée « pendant les vacances de la Toussaint », une seconde le 25 novembre, semble-t-il annoncée par mail « le matin même », et surtout la demande de permis de construire déposée cinq jours plus tard, le 30 novembre, font dire aux voisins, au nombre d’une « quinzaine » sur leur fil de discussions WhatsApp, que l’affaire était déjà pliée. « Ce qui ne semble pas correct, c’est la méthodologie. Le fait de faire croire à une concertation », s’étonne Catherine.
« Comment améliorer un projet si, à cinq jours du dépôt de permis, on convoque une réunion avec les riverains ? » abonde Luc de Saint-Marc. Car ces quelques habitants ne manquent pas de récriminations. « Ce n’est pas parce que le projet se situe entre deux bâtiments qui ont des hauteurs très importantes (une résidence et, plus loin, le siège vitré de la MGEN) et sont décontextualisés qu’on doit reproduire la même erreur », tranche-t-il. Corollaire, la question de l’ensoleillement, le programme passant à quatre étages sur toute la longueur.
Architecte de profession, Luc de Saint-Marc s’en remet au jeune label municipal « bâtiment frugal » qui s’impose désormais à toute construction. Un document qui implique, au gré des alinéas, de « rencontrer les riverains et riveraines du site et sa proximité afin d’identifier les contraintes et freins potentiels » mais aussi de « privilégier la réhabilitation » ou encore de « s’insérer dans le territoire avec respect et générosité ».
« Je pose la question : qu’est-ce qu’un prérequis si on ne l’applique pas, est-ce une colonne vertébrale ou de l’affichage politique ? » Denise, une autre voisine, souffle : « Nous ficher ça dans un quartier d’échoppes, je trouve ça violent. » Lecture maximaliste du label, répondent Bernard L. Blanc, adjoint au maire en charge de l’urbanisme résilient, et Olivier Cazaux, maire de quartier. « On n’a pas délivré le permis à un précédent promoteur au motif qu’il imperméabilisait complètement l’emprise, avec des hauteurs au maximum du plan local d’urbanisme et détruisait la maison de maître. »
Confié à Kaufman & Broad, le nouveau projet, remplit au moins 21 des 42 conditions édictées par le label. Bernard L. Blanc énumère notamment les mètres carrés de verdure regagnés (« 60% d’espaces paysagers »), les « matériaux de construction biosourcés ou géosourcés » ou encore la création d’un square, la conservation des grands cèdres et la reconversion de la maison de maître en possible crèche.
Quant au défaut de consultation, sans doute y avait-il moyen de faire mieux, reconnaît Olivier Cazaux, rappelant toutefois les différents niveaux d’exigence de communication avec le voisinage, de 1 à 5. En toile de fond d’un possible empressement apparaît bel et bien la nécessité pour la Fédération des compagnons de vendre son site pour financer la construction d’un nouveau foyer de jeunes travailleurs, à côté du centre de formation de Floirac, d’ici à janvier 2024. « Ça fait deux ans que ça traîne », convient Bernard L. Blanc.
Directeur régional de Kaufman & Broad, Georges Lopez se prévaut entre autres d’une « validation du comité local de l’Unesco », soulignant volontiers « l’intégration de l’immeuble », qui affichera une façade en pierre, à son environnement urbain. Et si la restauration du bâti n’était pas possible, du fait de « la vétusté des matériaux », Georges Lopez assure que le nouveau bâtiment sera « à la même hauteur » : « On perd six minutes de soleil le 21 juin et cinq minutes le 21 décembre. »
« C’est un bon projet qui rentre pleinement dans le label, sans discussion possible », dit encore Bernard L. Blanc, l’adjoint à l’urbanisme résilient, à défaut de convaincre ces riverains manifestement induits en erreur par les exigences les plus élevées du label « bâtiment frugal ». Georges Lopez se veut conciliant, sûr des vertus de la future résidence : « C’était une phase de sensibilisation et d’information. On échange, on se tient à disposition, le dialogue est toujours d’actualité. »

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