Lire le
journal
Lire le
journal
Se connecter
Nous avons demandé à des femmes musulmanes de nous raconter l’impact qu’ont eu les arrêtés anti-burkini dans leur vie quotidienne. Sans les victimiser pour autant. Et sans esprit polémique. Nous avons reçu des dizaines de témoignages et en avons sélectionné quelques-uns, représentatifs du climat actuel.
Jusqu’ici Nora*, une jeune femme musulmane de 27 ans, se rendait à la plage de Cannes sans y penser. Elle se baignait tout habillée, avec un legging noir et une tunique jusqu’au genou, son foulard noué en turban. “Je n’avais jamais rencontré de problème“, souligne-t-elle, dans un mail agrémenté de quelques fautes d’orthographes… dont elle s’excuse.
Elle raconte ensuite une anecdote, survenue le lendemain de l’arrêté, le 29 juillet dernier: “Cela faisait deux heures que je me baignais, j’étais dans l’eau, personne ne me regardait plus que ça. Puis je suis retournée à ma serviette et deux policiers sont venus me voir. Ils m’ont dit que j’étais trop habillée pour être sur la plage. Ils m’ont laissé le choix: soit de me dévêtir et de mettre une tenue correcte, soit de quitter la plage. Je n’ai pas fait d’histoires, car je ne suis pas une femme qui aime se faire remarquer.”
Encore émue par cette histoire, elle raconte avoir quitté la plage en ayant gâché la journée de tout le monde. “Tous les gens me regardaient. S’il y avait eu un trou de souris, je m’y serais cachée”, rembobine-t-elle. “Je suis une femme voilée donc au lieu de montrer mon corps, je reste vêtue. Ma vie était belle jusqu’à maintenant. S’il n’y avait pas eu l’arrêté, je pourrais continuer d’aller à la plage le week-end.” Entre sa foi et la plage, la jeune femme a choisi.
Cet arrêté va changer mon mode de vie car j’allais tous les week-ends à la plage après ma semaine de travail. Maintenant, je ne profite plus de rien. C’est dommage car j’allais à la plage et je n’ai jamais rencontré de problème lorsque je me baignais habillée. Les gens discutaient avec moi, même si les femmes étaient en bikinis ça ne me dérangeait pas. Aujourd’hui, je suis un peu restreinte à devoir me balader sans profiter d’un pique-nique à la mer…. et mon moral en prend un coup.
Nora n’est pas la seule à se plaindre de cet arrêté qui concentre toutes les tensions et attire l’attention des journalistes, jusqu’aux médias étrangers. Lequel arrêté interdit toute tenue qui ne serait pas “respectueuse des bonnes mœurs et de la laïcité“. Et qui a été validé par le tribunal administratif ; le Conseil d’Etat doit rendre son arrêt demain vendredi 26 août. 
Près d’un mois après son entrée en vigueur, le 28 juillet dernier, cet arrêté “anti-burkini” cannois a entraîné une vague de médiatisation assez spectaculaire, alimentée en grande partie par des associations communautaires comme la Fédération des Musulmans du Sud, dont la porte-parole Feiza Ben Mohamed enchaîne les plateaux télé et les déclarations publiques.
Sur Twitter, la jeune femme, qui ne porte pas le voile, utilise des mots comme “gestapo” et “apartheid” pour décrire cette situation: “Je ne pense pas qu’on finira dans des fours, mais les Allemands ont commencé par interdire certains lieux aux juifs“, affirme-t-elle sur Franceinfo, sans craindre la caricature. “C’est bien joli d’aller en sortie scolaire à Auschwitz, mais il faut en tirer les leçons“, ajoute-t-elle.
La parole de ces associations en masque une autre: celle de femmes musulmanes modérées qui ne croient pas que les musulmans soient les juifs d’aujourd’hui, comme le sous-entend clairement Feiza Ben Mohamed.
Je m’étonne quand la secrétaire de la Fédé des Musulmans du Sud @FeizaK parle de gestapo sans réaction de @BCazeneuve #RTLMatin #Burkini

En effet, les médias donnent rarement la parole aux femmes musulmanes. Celles de la base. Celles qui ne militent nulle part. Celles qui ne demandent rien, sauf le droit de vivre leur culte dans les limites de la loi. Elles s’expriment peu parce qu’elles rechignent à parler à des journalistes qui, selon elles, ne parviennent pas à décrire la réalité de ce qu’elles vivent.
Nous avons donc demandé à des femmes musulmanes (voilées ou non) de témoigner. Sans esprit polémique. Sans volonté de victimiser ces femmes. Seulement avec la volonté de les faire témoigner sur cette situation qui aboutit à la verbalisation de femmes portant le burkini et le voile sur les plages de la Côte d’Azur.
Nous avons reçu des dizaines et des dizaines de témoignages… Peut-être parce qu’il est plus facile de parler grâce à Internet, même si nous avons appelé certaines de ces femmes au téléphone pour écouter leurs récits dans le détail. La plupart nous ont remerciés de cette démarche et ont demandé l’anonymat.
Nous avons parlé à des femmes verbalisées, à des femmes ayant dû quitter la plage, à d’autres qui ne souhaitent plus sortir de chez elle… mais aussi à d’autres personnes qui s’insurgeaient contre le burkini, le voile ou l’islam en général, en plaidant pour un respect strict de la loi et une modération de la religion dans l’espace public. Ces deux types de témoignages méritent d’être entendus. Ils expriment une partie de la réalité d’aujourd’hui.
Au 25 août 2016, toutes les communes de la Côte d’Azur, sauf Antibes, ont pris un tel arrêté interdisant le burkini sur les plages. A Nice, au moins 24 femmes ont été verbalisées depuis le début de la semaine.
Ce débat est une aberration totale”, estime d’abord Fatima. “Il y a de la colère, des sentiments partagés. Quand j’échange avec des personnes, qu’elles soient voilées ou pas, musulmanes ou pas, car je connais des personnes de toutes confessions, c’est vrai que c’est une incompréhension totale. L’arrêté n’est pas justifié“, pense-t-elle. Fatima ne se sent pas particulièrement représentée par les associations communautaires qui combattent l’arrêté, mais elle les soutient malgré tout au nom d’une “cause commune”.
> A LIRE: Pour Michel Meïni, le burkini est “l’étoffe qui cache la forêt”
Elle a d’abord posté un témoignage sur le mur Facebook de Nice-Matin, avant de le supprimer, après des menaces et des injures. “Pas par lâcheté“. Récemment, elle était invitée à un anniversaire sur une plage de Nice. N’ayant pas lu l’arrêté précisément, elle ne savait pas si elle allait être verbalisée. Et a donc préféré ne pas s’y rendre.
Vous imaginez vous faire humilier devant vos enfants?”, glisse-t-elle par téléphone, très calmement. “Je ne voulais pas qu’un policier me demande de me déshabiller. Je ne voulais pas dire à mon fils de 3 ans : «Ecoute, on a pas le droit d’être là». Le problème, c’est aussi que les femmes musulmanes ne se sentent pas de s’exprimer publiquement”. 
Selon Fatima, qui jure consulter les réseaux sociaux régulièrement, il est “normal d’avoir le droit“, en France, de se baigner en burkini ou avec tout autre vêtement religieux, même si elle même ne porte pas ce genre de tissus. “Personnellement, je ne porte pas le burkini. Je me rends surtout à la mer pour mes enfants”, détaille la jeune femme de 34 ans, qui compare le burkini à la pratique du monokini: “Je suis allée sur la plage de Beaulieu avec mon fils. Des jeunes femmes bronzaient comme ça. Et ça ne me dérangeait pas. Pourquoi, moi, je les dérange?”
Elle même n’a pas tranché la question: le burkini est-il un symbole “musulman”? “Le burkini ressemble à un foulard, une tunique et un legging”, indique-t-elle. “Mais certains estiment que c’est un vêtement qui moule quand on rentre dans l’eau. Mais ça, c’est un débat qu’on doit avoir à l’intérieur de l’islam. Ce n’est pas ça qui m’intéresse. Ce que je ne supporte pas, c’est qu’on interdise à des femmes de se rendre sur la plage. Je suis voilée depuis l’âge de 18 ans. J’ai fait le choix d’être couverte. Quand on fait ce choix-là, c’est un choix de vie. C’est un choix personnel, ça me convenait très bien. J’allais sur la plage pour retrouver des copines, pour que les enfants jouent ensemble”.
http://edito.nicematin.net/AM/pdf/25-08-2016-17-27-01.jpg
Mon voile était un choix personnel“, entame Amel, 19 ans, qui le porte depuis cinq ans et partage l’avis de Fatima. “Je considère cet arrêté inutile et provocateur car en France, actuellement, nous avons des soucis plus importants. Chaque femme a le droit d’accéder aux plages publiques avec n’importe quel style vestimentaire“, pense la jeune femme, qui habite à Hyères.
Cet arrêté ne m’empêchera pas d’aller me baigner sur nos magnifiques plages varoises et surtout de profiter, habillée et voilée comme une autre fille non voilée en a le droit. En tant que femme libre, je me sens attaquée et stigmatisée et je compte me défendre“.
 
Mais toutes n’ont pas la même détermination:
J’ai peur de payer une amende”, indique Jihane. “Nous ne faisons rien de mal quand on se baigne ainsi”.
Depuis cet arrêté, le regard des gens a changé“, assure Laurence, qui est voilée et pratiquante. “On me fusille du regard. Et pour la plage, je ne peux plus emmener ma fille de 18 mois se baigner. Elle est petite et ne comprend pas encore. Mais si ça continue, je vais lui dire: tu es privée de plage car maman porte le voile, et c’est interdit. Mon voile n’est pas une provocation. C’est ma conviction.”
Elle se voile “par pudeur“: “J’aime les gens, je ne crache aucune haine sur personne.”
Étant voilée depuis maintenant 7 ans, je suis consternée par cet arrêté qui bafoue les droits de l’homme“, prolonge Cheyma, 25 ans, qui s’est voilée après avoir eu son bac. “J’ai toujours nagé avec une tunique et un léger pantalon et ça n’a jamais posé problème. J’ai nagé sur les plages de Menton, de Nice, de Beaulieu ainsi que sur celles de Villeneuve-Loubet. Aujourd’hui, cela m’est interdit. Maman d’un petit garçon de presque 2 ans, je ne pourrais même pas le voir apprendre à nager à cause d’un stupide arrêté!“. Désormais, elle fait deux heures de route pour se baigner au lac de Saint-Croix. 
C’est triste: on nous demande d’enlever notre voile parce que selon certaines personnes, c’est un signe d’oppression. Mais à côté, on nous oppresse en nous imposant une tenue vestimentaire ou en nous interdisant des lieux publics“.
Mère de trois enfants, Loubna porte le voile “de façon moderne“, sans que personne ne lui ai demandé. Elle a une association qui distribue des repas le dimanche à Garibaldi. “80% des bénéficiaires ne sont pas musulmans“, assure-t-elle. Elle convient que le burkini a toujours été rare sur les plages de la Côte d’Azur et se dit elle même contre cette tenue: “Une  musulmane qui pratique réellement sa religion ne trouvera pas sa place au milieu de personnes dénudées sur une plage en plein jour“, dit-elle.
Cependant il m’est arrivé d’accompagner mes enfants à la plage, voilée, casquette sur la tête et discrètement assise sur ma serviette sans que personne ne me remarque. Il faut savoir que la plupart des musulmans vont sur la plage le soir afin d’éviter d’être dans une ambiance de nudité pas très conforme aux principes de l’islam. Cependant, je trouve honteux de traiter ces femmes de la sorte et de dépenser nos énergies sur des sujets inintéressants qui ont pour but de diviser encore plus une société déjà très  fragilisée.”
Elle précise: “Autrefois, en France, les femmes se dénudaient peu. Il y avait de vraies valeurs, les femmes divorçaient rarement. Aujourd’hui, la trop grande permissivité des femmes, au sein de notre société, une liberté excessive de la femme, donnent lieu à de très nombreux divorces et à l’éclatement des familles“.
Nawel a 23 ans. Elle habite Saint-Laurent-du-Var et porte le voile. Elle est Française, “de parents français”, et mariée, souligne-t-elle, “à un Français”. Elle s’est faite agresser deux fois physiquement depuis janvier en raison de son appartenance religieuse: une fois en pleine rue par deux hommes. Et la deuxième fois par une femme qui lui a arraché son voile dans la rue.
Je n’ose plus sortir. Depuis cet arrêté, les gens sont déchaînés”, pose-t-elle. Elle raconte: “J’ai voulu me rendre à la plage de Nice sans avoir l’intention de me baigner, seulement pour profiter du paysage et on m’a tout simplement refusé l’entrée à la plage. Je n’étais pas habillée d’un burkini, juste un jean, une tunique et un petit foulard. Un policier était posté devant l’entrée de la plage. Il m’a dit: soit vous vous déshabillez, soit vous avez un procès”.
Nawel peste contre la France qui, selon elle, “ne respecte plus les droits de l’homme dans le silence le plus complet.” Et quand on lui demande si elle a envisagé de porter plainte pour les agressions, elle stoppe net: “Porter plainte contre qui? Je n’ai aucun nom, je sais pertinemment que ceci n’aboutira à rien. Je ne me sens pas en sécurité dans mon propre pays.”
Samia, 44 ans, a tranché la question. Elle habite à Saint-Laurent-du-Var et et n’a jamais eu de problème. “C’est simple, je ne vais plus à la plage. Mais si je dois y aller, je mettrais une djellaba, qui est une robe pour moi.” Elle jure qu’une fois verbalisée, elle déchirerait le PV: “Qu’ils verbalisent Madonna quand elle vient habillée sur les plages d’Antibes.” 
Nous, les enfants d’immigrés, nés en France, nous sommes les victimes collatérales des politiques“, ajoute-t-elle.
J’ai toujours voté mais j’ai décidé de ne plus le faire. Cela ne sert à rien. Je suis fatiguée d’essayer de m’intégrer car à la base, on n’a pas besoin de s’intégrer. On est Français!“.
Elle-même ne porte pas le voile. “De part mes origines marocaines, on ne me considère pas Française mais Arabe“, regrette-t-elle. “Et depuis les attentats du 14 juillet c’est encore pire: on nous voit comme des terroristes… C’est grave“.
 
Nadia, elle, a une autre solution: “Personnellement, ça ne change rien pour moi. Je ne suis jamais allée à la plage avec mon voile. Je pars en vacances là où il est accepté: dans les pays du Maghreb.”
http://edito.nicematin.net/AM/pdf/25-08-2016-17-28-22.jpeg
Anissa, 24 ans, est infirmière. Elle retire son hijab – qu’elle a mis à l’âge de 18 ans – pour travailler. Ses parents, qui n’étaient pas d’accord pour qu’elle se voile, “redoutaient la discrimination“.
“J’ai mis le voile par conviction religieuse, pour me rapprocher de Dieu. Je suis épanouie avec ce bout de tissu qui fait tant parler. Je suis née à Nice et j’adore ma ville, il fait bon vivre et je ne connais aucune autre ville aussi bien que la mienne. J’aimerais du fond du cœur que les gens n’oublient pas que nous sommes des êtres humains avec un cœur et des sentiments”, prolonge-t-elle.
Sur mon lieu de travail, peu de collègues savent que je suis voilée, j’aimerais leur dire mais j’ai peur que leurs préjugées entachent nos relations qui sont devenues pour la plupart amicales. Je trouve qu’il est triste de devoir cacher qui l’on est vraiment… Je suis ouverte d’esprit, je sais déconner et le plus ridicule est que je dois en témoigner! Je le fais car on nous donne la parole alors si certains peuvent être moins réfractaires…pourquoi pas?
Il lui arrive souvent, en fin d’après-midi, d’aller sur la plage en famille ou entre amies. Elle s’y baigne habillée. “Pas par provocation.
Il n’y a que très peu de monde et tout s’est toujours bien passé. Je pense ne faire de mal à personne et n’entraver la liberté de quiconque. Je n’y vais pas en pleine journée car ce n’est pas en accord avec mes croyances de me baigner au milieu de gens dénudés et pour éviter les regards insistants qui mettent mal à l’aise.”
Elle ajoute: “J’ai cette impression qu’une partie de ma liberté m’a été ôtée. Me baigner me permet de m’évader et d’évacuer le stress de la vie quotidienne. Certes, avec un voile et des vêtements ce n’est pas très pratique mais cela me convient et j’en suis heureuse. Beaucoup disent que ce n’est que pure provocation et je ne comprends pas trop. Je me baigne quand vous rentrez chez vous, satisfaits de la marque de votre bronzage. Je joue à la chauve-souris pour faire le moins parler de moi. Et nous voilà au milieu d’un scandale aberrant, que même nos voisins européens ne comprennent pas!“.
Au fond, le débat qui agite le pays depuis un mois se résume en un mot: peut-on justifier toutes les pratiques religieuses au nom de la liberté? Non, a répondu le premier ministre Manuel Valls, interrogé sur BFM TV jeudi 25 août, qui voit dans le burkini un “symbole de l’asservissement de la femme“: “C’est une vision de la femme que nous devons combattre“, insiste-t-il, avant d’ajouter: “Ces débats, nous les avons eus, je me rappelle très bien, au moment de l’interdiction des signes religieux à l’école“.
Au gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem n’est pas tellement sur cette ligne: “J’estime que la prolifération des arrêtés anti-burkini n’est pas bienvenue. Je pense que ça pose la question des libertés individuelles. Jusqu’où va-t-on pour savoir si une tenue est conforme aux bonnes mœurs ? Ça libère la parole raciste.”
Tout en réaffirmant son soutien aux maires qui ont pris des arrêtés, Manuel Valls a quant à lui incité les élus à les appliquer “avec discernement“. Le mot n’a pas été choisi par hasard par le Premier ministre. Mardi 16 août, une femme portant un hijab aurait ainsi été sommée de quitter la plage de Cannes. Son prénom: Siam. Elle a raconté son histoire à L’Obs, près d’une semaine après les faits.
Ensuite, mardi 23 août, des photos prises le matin même ont été diffusées par le journal britannique Daily Mail. On y voit une femme, voile turquoise et blanc noué en turban, ôter sa tunique devant des agents de la police municipale de Nice. La netteté des images a interpellé. 
Armed police on French Riviera order Muslim woman to remove burkini https://t.co/qtJ7KHv3Sf pic.twitter.com/lrgQZC1YIA
Selon la mairie de Nice, la femme ne s’est pas dévêtue, ni n’a été forcée à le faire. Elle venait de se baigner et a montré aux policiers qu’elle avait un maillot de bain sous sa tunique, porté sur un legging descendant jusqu’aux chevilles. Refusant de se baigner autrement, elle semble avoir été verbalisée puis a quitté la plage. “La police municipale a parfaitement fait respecter l’arrêté“, a tranché le premier adjoint au maire, Christian Estrosi, avait annoncé le dépôt de plaintes contre ceux qui diffusaient les images des policiers qui interviennent. Lesquels policiers sont là pour faire appliquer des règles. Et ne veulent pas s’étendre sur la façon dont ils travaillent depuis la fin du mois de juillet… 
Selon le parquet de Nice, une enquête a été ouverte à la suite de menaces proférées sur les réseaux sociaux à l’encontre de ces policiers
 
Le burkini est une version plage de la burqa, car c’est la même logique: il s’agit d’enfermer, de dissimuler le corps des femmes pour mieux les contrôler“, attaquait la ministre des Droits des femmes Laurence Rossignol dans Le Parisien. “Derrière cela, il y a une vision profondément archaïque de la place de la femme dans la société et des rapports entre les hommes et les femmes“.
Elle voyait dans ce burkini le “symbole d’un projet politique hostile à la mixité et à l’émancipation des femmes“: “Les intégristes se posent toujours en victimes et parasitent des idéaux ou des religions“, ajoutait-elle.
L’éditeur égyptien Aalam Wassef va plus loin. Il met en garde contre l’influence du wahhabisme en France (et dont le burkini serait le symbole selon lui), il ne faut pas être “naïf sur le symbole de cette étoffe”: “Confronté à la juridiction française, le wahhabisme militant doit composer avec un contexte qui lui résiste, mais dans lequel les brèches semblent nombreuses. La première d’entre elles, et la plus dangereuse, c’est la culture contemporaine des «droits individuels» ou s’est abîmée la liberté”, souligne-t-il.
Une interprétation que ne partage pas le spécialiste du djihadisme, le journaliste de RFI David Thomson:
Le #Burkini reflète plutôt l’adaptation d’un usage “blédard”, celui de se baigner habillée. Les salafistes le rejètent, le jugeant impudique
Il est fréquent d’entendre que le niqab, le voile ou le burkini relèvent de «la liberté d’expression» ou du «droit des femmes à disposer de leur corps». S’y opposer, c’est être «islamophobe», c’est-à-dire s’attaquer à tous les musulmans”, poursuit Aalam Wassef. “L’objectif est naturellement que toute condamnation justifiée du wahhabisme institutionnel en particulier soit rapidement perçue et narrée comme visant les musulmans français en général.”
Derrière la souffrance des femmes musulmanes, c’est donc un débat plus large qui s’ouvre sur l’islam, à travers la question du burkini ou de la présence de signes religieux sur la plage. Notre société sera-t-elle assez forte pour le surmonter? Et le régler?
 
* Certains prénoms ont été changés à la demande des témoins.
“Rhôooooooooo!”
Vous utilisez un AdBlock?! 🙂
Vous pouvez le désactiver juste pour ce site parce que la pub permet à la presse de vivre.
Et nous, on s’engage à réduire les formats publicitaires ressentis comme intrusifs.

source

Catégorisé: