À l’entrée de sa boutique de produits exotiques, rue Clément-Marot, près de la place de la Libération, Isabelle Bailleul donne le ton et dévoile son état d’esprit : « Ici on cultive la bonne humeur. Mauvaise herbe, arrache-toi », a-t-elle pris le soin d’afficher sur une pancarte. Mais hélas, c’est sa propre bonne humeur qui a pris la poudre d’escampette depuis qu’elle réclame, sans obtenir de réponse, une place réservée aux personnes handicapées non loin de son magasin.
Isabelle souffre de problèmes neuromusculaires graves la contraignant à se déplacer avec des béquilles. En signe de protestation, elle a décidé de garer son véhicule devant son magasin sur un espace interdit au stationnement. « échange mon handicap contre place de parking » : c’est le message, très amer, qu’elle a apposé sur le pare-brise de sa voiture.
« Jusqu’à présent, les policiers municipaux ont fait preuve d’indulgence », confie-elle.
Mais Isabelle sait fort bien que cela ne va pas durer.
Elle se doute, pour avoir déjà vécu ce genre de galère, que sa condition de femme handicapée, qui devrait lui offrir un soupçon de compréhension, va au contraire l’enfoncer… l’isoler dans un océan d’indifférence.
Alors elle se bat en opposant au silence pesant une logique implacable. « Je réclame une place pour moi, c’est sûr, mais je n’admets pas que les usagers dans ma situation ne bénéficient que de 30 petites minutes sur l’emplacement destiné aux handicapés, place de la Libération. Il faut du temps pour sortir son fauteuil de la voiture et le remonter ensuite, au retour. Presque 20 minutes en tout. Il en reste donc très peu pour aller faire ses courses. Les élus n’ont sans doute pas testé cette aberration », lâche-t-elle en colère.
L’emplacement qu’elle décrit est en effet réglementé. Il limite la durée du stationnement, à l’aide d’une borne impitoyable, insensible à la condition des handicapés. Pour Isabelle, ce sont les élus qui dépassent les bornes. Elle les interpelle avec force.
« À eux de comprendre mon désarroi et celui de toutes les personnes dans un état parfois pire que le mien », martèle la commerçante. Virginie Constant, présidente de l’association des commerçants du quartier de la Libération, esquisse une solution : « Pourquoi ne pas adapter la durée du stationnement aux besoins et aux contraintes des personnes handicapées », suggère-t-elle. Isabelle, de son côté, campe sur ses positions inconfortables. « J’ai besoin d’une place pour venir travailler, mais aussi pour décharger certains objets que je vends dans ma boutique », justifie-t-elle devant l’indélicate grille d’évacuation des eaux placée face à son entrée. Voilà donc une nouvelle anomalie percée de gros trous où ses clientes manquent d’enfoncer leurs talons et Isabelle… ses béquilles. Décidément, Isabelle Bailleul se sent maudite comme une mauvaise herbe. C’est dur, ça fait mal.
C’est le quotidien d’une femme faible dans ses jambes, droite dans sa tête. L’essentiel.
« On ne peut affecter une place à chaque personne à mobilité réduite. Je tiens à préciser que notre ville, avec 105 places réservées aux handicapés, est bien au-dessus des normes obligatoires. C’est même le double de ce que la loi exige en matière de handicap.
Concernant la limitation de durée à 30 minutes, il s’agit d’une décision prise démocratiquement avec les commerçants du quartier », tranche Serge Munté, adjoint au maire chargé du stationnement.
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d'accord avec Fredok…
Je suis assez d'accord avec Fredok, il s'agit ici d'une dame handicapée qui travaille, il me semble qu'il pourrait y avoir un geste pour lui faciliter la tâche!
Au-delà de ça, il y a peut-être 105 places pour handicapés à Cahors, mais on sait très bien que des valides les occupent parfois et qu'il y a aussi des valides qui se servent de cartes qu'ils empruntent à des gens qu'ils connaissent (les handicapés qui cèdent ainsi leur carte ne sont pas très logiques…).
voyons serge!!!!
il ne s'agit pas de donner une place à chaque personne à mobilité réduite, mais dans ce cas précis de la commerçante, rien ne vous t'interdit d'accorder une place pendant la durée du bail, ayez au moins une attitude "sociale", camarade SERGE.

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