Les automobilistes avaient anticipé les mauvaises surprises que leur réserverait à compter du 1er janvier 2023 la fin des remises à la pompe qui masquait depuis plusieurs mois le véritable niveau des prix des carburants. Mais l’évolution la plus surprenante est sans doute celle du superéthanol, plus connu sous la dénomination E85.
Ces dernières semaines, son prix à la pompe a explosé, avec une augmentation de 25% sur le dernier mois. En cette nouvelle année, il a définitivement dépassé la barre symbolique d’un euro le litre et s’établit même en moyenne à 1,15 euro par litre dans les stations-service françaises.
Cette hausse fait grincer des dents les automobilistes ayant opté pour ce carburant en raison de son prix historiquement attractif par rapport à l’essence et au gazole. En effet, malgré une surconsommation d’environ 25%, et le coût d’installation du boîtier de type FlexFuel pour une somme variant entre 700 et 1000 euros, le superéthanol se vendait à environ 75 centimes le litre il y a encore quelques mois, avec même un plus-bas à 50 centimes au plus fort des remises, contre plus de 2 euros le litre pour le sans-plomb 95.
Aujourd’hui, ce même SP95-E10 se vend autour de 1,80 euro le litre, ce qui réduit l’économie offerte par le choix du superéthanol à seulement 65 centimes d’euro par litre, voire presque deux fois moins après prise en compte de la surconsommation induite. “L’intérêt des automobilistes pour le superéthanol reste fort car l’automobiliste qui roule 20.000 kilomètres par an peut s’attendre à économiser 500 euros et donc avoir de quoi rembourser son boîtier en deux ans”, tempère Sylvain Demoures, secrétaire général du Syndicat national des producteurs d’alcool agricole (SNPAA).
En y regardant de plus près, on voit bien que la seule suppression de la ristourne de 10 centimes ne saurait suffire à expliquer cette hausse significative du prix du superéthanol. L’E85 n’est en réalité pas tant impacté par la hausse du prix de l’essence qu’il contient, et dont la part peut atteindre 40% l’hiver, que par celle de l’éthanol qui le compose à hauteur de 85% comme son nom l’indique. Sylvain Demoures évoque un phénomène d’inflation généralisée sur les matières premières agricoles et l’énergie: “Toute l’industrie l’a vécu y compris les producteurs de bioéthanol qui sont souvent des sucriers ou des amidonniers et achètent un volume de gaz à l’année et généralement l’été.”
C’est cette périodicité qui a permis au superéthanol d’être plutôt stable au premier semestre car les contrats avaient été passés avant la guerre en Ukraine. En revanche, le niveau des prix du gaz étaient particulièrement élevés l’été dernier, ce qui a poussé les prix de l’éthanol à la hausse. Pour fabriquer ce dernier, les producteurs ont en effet besoin de gaz (naturel) pour les engrais azotés ou encore pour générer la chaleur nécessaire à la distillation.
Alors qu’une recrudescence de la demande de superéthanol l’année dernière avait obligé les opérateurs à acheter exceptionnellement de l’éthanol sur les marchés spot pour y répondre, le représentant du SNPAA se montre plutôt optimiste pour les mois à venir.
“Si la consommation est conforme aux anticipations des distributeurs, les prix devraient être relativement stables au cours de l’année qui vient car le prix de l’éthanol est fixé à l’année, poursuit Sylvain Demoures. Seule la part de l’essence qui est sujette à des variations quotidiennes pourraient faire varier le prix de l’E85 mais dans des proportions limitées donc”
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