l’essentiel Si les syndics immobiliers servent à gérer les espaces communs des immeubles, ils sont parfois sollicités pour tout autre problème.
"Les gens ont une méconnaissance totale des missions d’un syndic". C’est ce que tient à souligner Frédéric Simon, gérant de Sebicab immobilier. D’abord présent à Port-la-Nouvelle, il a ensuite ouvert une deuxième agence syndic, de ventes immobilières et de gestions locatives rue de Verdun, en 2015. Il gère aujourd’hui une centaine de logements, de Carcassonne à Leucate. "On nous prend parfois pour des policiers, des psychologues ou des assistantes sociales", affirme-t-il.
Car si un syndic immobilier doit seulement s’occuper des parties communes – et non de l’intérieur des appartements –, ce responsable est aujourd’hui sollicité pour d’autres problèmes, parfois insolites. Il raconte, presque en rigolant : "80 % des sollicitations ne relèvent pas de nos compétences. On nous contacte pour des pigeons ou pour des bruits de voisinage, ce qui relève des compétences de la Police. On m’a aussi appelé car les fenêtres d’un appartement n’étaient pas assez épaisses et qu’on entendait le bruit des vagues ou même parfois parce que le voisin drague la femme de monsieur. Et tout ça pour le prix d’un demi-café par jour". Ce rôle de policier, ou même parfois d’éducateur, se voit sur un des immeubles gérés par Sebicab, une pancarte inscrivant "ceci est une poignée, son utilisation permet d’ouvrir une porte sans casser le système d’ouverture, merci".
Une de ses principales missions aujourd’hui : faire des devis et… relancer. "On en fait de plus en plus depuis que les devis sont gratuits", assure-t-il. Depuis le 1er janvier, Frédéric Simon a envoyé plus de 500 mails, dont 260 qui n’ont pas été ouverts par les artisans. "C’est ça tout le long de l’année. Par exemple, je relance une entreprise tous les dix jours depuis un an et je n’ai jamais eu de réponse. Mais les résidents pensent parfois que c’est nous qui ne faisons rien, car on doit toujours répondre présents. Parfois on nous sollicite les samedis à 7 h ou les 24 décembre au soir". Mais Frédéric Simon reste fier de pouvoir accompagner les copropriétés. "J’essaye toujours de leur négocier de nouveaux contrats car les anciens ne sont pas toujours avantageux pour eux".
Pourtant, "être une petite agence indépendante n’est pas toujours facile", confie-t-il. En effet, avant 2005, tous les budgets des copropriétés rentraient sur un même compte bancaire, rémunéré. "C’était un métier rentable. Mais depuis, on pratique les mêmes tarifs alors que nos revenus sont amputés de 30 à 40 %. Tout est fait pour que les petits cabinets disparaissent". Et si des compétences juridiques sont à acquérir pour cette activité, "on se rend compte sur le terrain qu’il faut aussi des compétences techniques. Un jeune qui sort d’un Master de droit, de gestion ou d’économie saura être compétent sur l’aspect juridique mais ne saura pas forcément différencier des tuyaux".
Et c’est ce qu’on remarque lors de son rendez-vous. Frédéric Simon a été appelé pour un problème de fuite sur une terrasse. Sur place, le bilan est fait en quelques secondes : faute d’absence de coffrage sur le mur voisin, les pigeons ont mangé les enduits, ce qui descelle les petites pierres. Le gérant du syndic profite de sa présence pour conseiller les propriétaires sur l’entretien du carrelage ou comment éviter les mauvaises odeurs. "Tout ça, je ne le savais pas quand je suis arrivé, j’ai dû l’apprendre sur le terrain". Et s’il y a bien quelque chose qui lui pose problème "tous les deux jours", ce sont les Bâtiments de France. En sortant de son rendez-vous, Frédéric Simon pointe du doigt une façade jaune, rue de Verdun. "Ils ont voulu la repeindre pour avoir une couleur plus neutre, mais ont voulu que les moulures soient faites avec des paillettes de pyrite. Comment expliquez-vous aux copropriétaires de payer 1 000 € supplémentaires ?" Avant de repartir, son téléphone sonne. "Vous voyez, si je dois donner le mot de fin, ça serait qu’un syndic doit avoir l’esprit ouvert et doit se rappeler de tout, à tout moment. Car on m’appelle pour me dire que le plombier n’est pas passé, mais quel plombier ? Quelle résidence ? Qu’elle fuite ?"
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