Ils sont de retour ! On les croise, en nombre, faisant des selfies sur l’esplanade du Trocadéro ou sur les marches du Sacré-Cœur, faisant longuement la queue avant d’entamer l’ascension de la tour Eiffel ou encore jouant des coudes dans les ruelles étroites du Mont-Saint-Michel.
Les touristes étrangers retrouvent le chemin de l’Hexagone : avec 89 millions de visiteurs venus des quatre coins du monde l’an dernier (+ 6 % par rapport à 2016), la France est à nouveau en vogue. Et conserve sa place de première destination touristique dans le monde, devant l’Espagne (81,8 millions) et les États-Unis (73 millions). 2018 devrait confirmer cette tendance à la hausse. Une excellente nouvelle après un trou d’air directement lié aux attentats de 2015 et celui du 14 juillet 2016 à Nice.
Dans quel état d’esprit sont les touristes qui choisissent, cette année, de découvrir ou de revenir visiter notre pays ? Quels sont les bons et mauvais points qu’ils donnent à la France et à leurs hôtes ? Pour le savoir, nous sommes allés à leur rencontre à Paris mais aussi en province. Résultat : ils nous donnent une très bonne note, 15,6/20, presque la mention très bien, selon le barème que nous leur avons soumis !
On serait tenté de croire que les stéréotypes parmi les plus communs qui nous collent à la peau volent ainsi en éclats. Pas si simple. « Vous êtes quand même un peu spéciaux, avoue Michel, touriste belge de 62 ans croisé aux alentours de la tour Eiffel. Vous avez une manière chic de toujours vous mettre en avant sans en avoir l’air. » D’autres critiques fusent et ciblent principalement notre côté hautain et nos lacunes flagrantes en langues étrangères.
Ce qui nous sauve ? Une gastronomie qui ne souffre -sauf aux yeux des Italiens- d’aucune concurrence et des monuments historiques à la beauté universelle. « Votre pays et Paris possèdent un charme incroyable grâce à son histoire et ces bâtiments que vous savez conserver », glisse en anglais Huwan, une jeune Chinoise venue avec ses parents. Et les Français ? ose-t-on lui demander… « Difficile à dire car on ne parle pas votre langue, et vous non plus… Par contre, la famille qui nous accueille en AirBnb est très gentille, mais on la paye alors c’est un peu son travail non ? »
Au travers des nombreux témoignages compilés, une conclusion se dessine en forme de tendance qui nous oblige à la mesure : on viendrait davantage voir la France que ses Français. Attention donc à ne pas crier victoire trop vite.
Les pouvoirs publics tablent sur 100 millions de touristes étrangers d’ici à 2020 et mise sur l’organisation des grands rendez-vous sportifs à venir -la Coupe du monde de rugby en 2023 et les Jeux olympiques en 2024- pour servir de « catalyseurs d’attractivité ». Nous sommes certes champions du monde de football -un atout que les touristes étrangers soulignent souvent dans leurs remarques-, mais pas encore tout à fait champions de l’accueil touristique.
Malgré un soleil de plomb, ils traversent la place Bellecour de Lyon (Rhône) avec un sourire radieux. Dave et Lilian Blosser sont heureux d’être en France. Pendant six semaines, ce couple d’Américains de Cleveland (Ohio) sillonne la France, de Paris à Nice, en passant par la Vendée, le Tarn, l’Alsace… Pour Dave, ex-directeur marketing de 72 ans, et Lilian, 71 ans, il s’agit de faire une plongée dans un bain « de culture, d’histoire, de gastronomie, d’architecture, d’œnologie » inoubliable. À Lyon, qu’ils connaissent comme « la capitale mondiale de la gastronomie », ils ont l’intention de s’asseoir à la table de quelques bons restaurants.
« À Paris, j’ai pris des cours de cuisine, j’ai appris à faire les croissants », explique Lilian qui tord quand même le nez devant le prix de la leçon : 100 euros. Tout semble les émerveiller. « On adore les marchés, tellement vivants et colorés », s’enthousiasme Lilian, « et de partout, les gens sont tellement gentils ». « C’est tellement agréable de rencontrer des Français et de parler avec eux. » D’autant que, note Dave qui était déjà venu dans notre pays il y a une vingtaine d’années, « les gens ont beaucoup progressé en anglais ».
Mais ce qui en réalité l’a conduit ici, c’est le Tour de France ! Ce fan s’est déjà offert une étape et sera ce 29 juillet sur les Champs pour l’arrivée du peloton. Le seul bémol de Lilian : la clim, qui fait encore défaut dans la majorité des appartements loués sur Airbnb.
Pas désagréables les Français, mais un poil dédaigneux tout de même. C’est l’avis de ce jeune couple brésilien qui vit à une heure de Sao Paulo et que nous avons croisé à Paris. « La seule personne qui est venue nous aider alors que nous étions devant un plan du métro pour trouver notre chemin a été… une Brésilienne », s’étonne Julio, 32 ans, ingénieur, venu avec sa petite amie Lais, 27 ans, étudiante. Paris n’est qu’une étape de quelques jours entre Londres, Vienne et Rome.
L’accueil des serveurs, dans les petits restaurants que le couple adore dénicher pour découvrir la « vraie cuisine locale », est par contre à leur goût. « Ils se mettent facilement à l’anglais quand ils comprennent que l’on fait quelques efforts avec deux ou trois mots de français », confie Lais. Même enthousiasme côté ambiance. Le couple a été servi puisqu’il était au jardin du Luxembourg le soir de la victoire de la France en Coupe du monde de foot. « C’était génial, se souvient Julio, avec un esprit festif très positif. » Mais leur étape parisienne leur fait mal au portefeuille. « Les musées sont payants contrairement à ceux de Londres. » Et avec un taux de change défavorable, les prix en euros leur paraissent excessivement élevés.
Les prix, c’est également ce qui fait tiquer Jimmy Vermote, un Belge de 40 ans. Il profite d’un moment à l’ombre avant de se lancer dans la file d’attente de la tour Eiffel « pour faire plaisir » à sa fille, une blondinette, car « c’est long… et cher ». Mais ce qui lui reste surtout en travers de la gorge, c’est le Coca qu’on lui a facturé 8 euros. « Indécent », tranche-t-il. Il a aussi des griefs côté propreté. « Les rues sont sales, il y a des préservatifs par terre. » Ce qui n’altère pas son coup de cœur pour « les beaux parcs et les superbes bâtiments ». « L’architecture est incroyable ! » renchérit sa compagne.
Impossible pour Hu, touriste chinoise de 18 ans qui visite Paris en famille, de résister à la tentation de profiter du magnifique point de vue sur la tour Eiffel qu’offre l’esplanade du Trocadéro. Tout le monde passe devant l’objectif : sa mère, son petit frère, sa grande sœur et deux tantes avec qui l’étudiante voyage. « Les monuments historiques, c’est ce que je préfère chez vous, lance la jeune femme. Ils sont beaux et bien entretenus. »
Et les Français ? Hu grimace, visiblement mal à l’aise. « C’est très difficile… Je suis la seule à parler un peu anglais et aborder quelqu’un est très intimidant. » Une mésaventure, la veille, l’a traumatisée. « Des jeunes filles ont tenté de me voler mon sac dans un parc, souffle. Maintenant, on fait très attention à tout. C’est dommage. »
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La gastronomie l’intéresse également mais n’est presque pas au programme du « package » qu’ils ont choisi auprès d’une agence de voyages chinoise. « Pour l’instant, nous ne sommes allés que dans des restaurants chinois… pas très bons. Mais les organisateurs nous ont promis une sortie, demain, pour découvrir des plats typiques ! »
J’ai entendu parler du cliché qui veut que les Français ne soient pas accueillants avec les touristes, mais ce n’est pas ce que je ressens », assure Michel, un Suisse de 47 ans, en vacances en famille à l’île d’Oléron (Charente-Maritime). « Vous êtes très ouverts, très relax », estime-t-il. Sa compagne, Sibylle, nuance : « Certains Français sont plus réservés mais si on leur demande, ils nous viennent en aide très facilement », note-t-elle. Le seul problème qu’ils aient rencontré concerne le passage à 80 km/h. « On ne savait pas si c’était déjà en vigueur ou pas, alors on ne dépassait pas cette limite » sourit Michel. C’est sûr il reviendra : « On se sent bien ici, la vie n’est pas compliquée. »
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