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Cette décision, une première, survient après la mobilisation d’éleveurs se disant excédés et pas assez soutenus face à la population grandissante de loups dans ce département.
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En Lozère, les groupes de chasseurs pourront pour la première fois effectuer des « tirs de prélèvement » pour éliminer un loup, selon une décision du préfet du département, Philippe Castanet, annoncée le 26 septembre après une manifestation d’éleveurs, qui s’est terminée dans l’agitation lundi, à Mende. Cette mesure va au-delà du « tir de défense » déjà permis aux éleveurs de cette région, dans le cas où leur troupeau est attaqué. Elle survient après la mobilisation d’éleveurs se disant excédés et pas assez soutenus face à la population grandissante de loups dans ce département – comme dans quelque 150 zones en France, en majorité dans le Sud-Est et les Alpes.
La préfecture explique que 180 bêtes d’élevage auraient été tuées par les loups depuis le début de l’année, sur les plus de 180 000 têtes que compte le département (selon des chiffres publiés en 2018). Un chiffre en nette augmentation, puisque le département recense l’indemnisation pour 174 bêtes tuées en 2021 dans le département, 101 en 2020 et 70 en 2019.
Contactée par Le Monde, la préfecture de la région Auverne-Rhône-Alpes explique que le préfet de Lozère n’a pas encore pris son arrêté et qu’« un tel arrêté dépendra en toute hypothèse d’un accord du préfet coordonnateur ».
Le loup est une « espèce strictement protégée » par la Convention de Berne de 1979, ratifiée par la France en 1990, sur la protection de la flore et la faune sauvage ainsi que des espèces menacées d’extinction. Il bénéficie du plus haut degré de protection, mais des dérogations sont possibles dans certains cas précis : prévention des dommages aux cultures ou au bétail, intérêt de santé publique, etc. Ce texte dresse une liste des méthodes de chasse et des formes d’exploitation interdites quand celles-ci troublent la tranquillité d’une espèce.
Le cadre légal français est aussi enrichi par la directive européenne « habitat, faune et flore » de 1992, qui réaffirme, pour tous les Etats membres de l’Union européenne (UE), la protection stricte de certaines espèces animales et rappelle que des dérogations sont possibles dans des cas très particuliers, si aucune autre solution satisfaisante n’existe.
Complètement disparu en France dans les années 1930, après une campagne d’éradication menée aux XVIIIe et XIXe siècles, le loup est réapparu dans le milieu des années 1990, à partir des Alpes italiennes. Estimée à moins de 40 individus en 1995, la population s’est rapidement accrue et compte désormais entre 826 et 1 016 individus.
Conséquence logique de cette pression démographique, les attaques contre les élevages se sont multipliées : prédateur naturel de nombreux mammifères comme les renards, le loup s’en prend aussi aux animaux d’élevage (moutons et chèvres, parfois bovins ou, plus rarement, chevaux). Entre 2004 et 2009, on recensait annuellement entre 2 000 et 4 000 animaux d’élevage tués par les loups ; un chiffre qui a progressivement monté pour atteindre entre 10 000 et 12 000 animaux par an depuis 2017, selon la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement d’Auvergne-Rhône-Alpes.
Dans ce contexte, l’Etat français a eu recours pour la première fois en 2004 aux dérogations prévues par la Convention de Berne et la directive habitats. Un arrêté interministériel fixe les conditions dans lesquelles des loups peuvent être abattus, et un cadre d’indemnisation des éleveurs dont les troupeaux sont attaqués. C’est le début des « plans loup », destinés à établir un équilibre entre la protection de la biodiversité et des élevages. Le dernier plan quinquennal (2018-2023) prévoyait d’abattre chaque année 10 % de la population de loups, conformément aux recommandations des scientifiques. Mais un arrêté du 23 octobre 2020, pris par les ministres de la transition écologique et de l’agriculture, a rehaussé ce seuil à 19 %. En 2022, cela représente 174 loups.
Les arrêtés définissent le type de tirs autorisés sur les loups à partir du moment où ces derniers créent des dommages importants sur les élevages : il peut s’agir de « défense » ou de « défense renforcée » – l’éleveur bénéficie d’une autorisation de tir dans le cadre de la défense de ses troupeaux – ou encore de « prélèvements » – opération collective destinée à éliminer des individus en cas de dommages importants et récurrents.
Depuis 2004, le cadre des dérogations s’est ainsi progressivement assoupli. Plus de 2 400 arrêtés préfectoraux sont en vigueur pour autoriser des tirs contre les loups.
Les tensions entre éleveurs de régions concernées, autorités et associations de protection de la biodiversité sont très vives. Les syndicats d’éleveurs, le plus souvent soutenus par les fédérations de chasseurs, demandent à l’Etat d’assouplir davantage le cadre permettant de réduire la population lupine, en changeant les méthodes de comptage des loups (dont le nombre serait, selon eux, largement sous-estimé) et le statut de protection de l’animal (de « espèces de faune strictement protégées » à « espèces de faune protégées »). Ils réclament aussi plus de moyens pour protéger les troupeaux : construction d’enclos, acquisition de chiens de protection, aides financières pour le gardiennage (salarié ou par un berger). En 2021, 30 millions d’euros ont été alloués pour la protection des troupeaux, soit 6 % de plus qu’en 2020.
Les associations écologistes déplorent, au contraire, un cadre légal de moins en moins protecteur de l’espèce, voire contraire au droit européen, mais aussi inefficace pour les éleveurs. L’association Ferus, qui milite pour la défense des grands prédateurs, regrette qu’« aucune étude, française ou internationale, n’a[it] prouvé l’efficacité des tirs de loups pour protéger les troupeaux. Seuls les vrais moyens de protection fonctionnent : présence humaine (bergers, aide bergers, chiens de protection), regroupement avec fils électriques, et effaroucheurs visuels ou sonores ». Elle estime qu’il faut par conséquent mieux former les éleveurs et revoir les outils de protection préconisés par les autorités. « Aujourd’hui, la taille recommandée d’un enclos est de 80 cm : c’est insuffisant face à un loup », explique Sandrine Andrieux, de Ferus, qui précise que « leur hauteur atteint 1,20 m en Allemagne ».
Plusieurs travaux scientifiques ont montré que les mesures de protection des animaux d’élevage étaient plus efficaces que le choix de tuer les prédateurs. En novembre 2021, la thèse d’Oksana Grente, du Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive au CNRS, a conclu, au terme de trois ans d’analyse des données, que les tirs de prélèvement étaient d’une efficacité variable selon la géographie, le moment dans la saison et le nombre de loups tués. Une partie des massifs concernés voient le nombre d’attaques chuter dans les mois suivant les prélèvements, mais celles-ci augmentent ou stagnent dans la majorité des zones. « Le nombre d’attaques n’est pas uniquement lié au nombre de loups, mais aussi à une multitude d’autres facteurs. Il ne faut donc pas forcément s’attendre à une relation proportionnelle entre le nombre de loups prélevés et le nombre d’attaques », écrit Oksana Grente.
Mise à jour du 29 septembre, 16 h 35 : ajout des réponses de la préfecture de la région Auvergne-Rhône-Alpes à nos questions.
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