Découvrez tout
l’univers TF1 INFO
Source : TF1 Info
"Nous sommes prêts à aller jusqu'à l'autonomie" pour la Corse : c'est ce qu'a affirmé mardi soir le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin à la veille de son arrivée dans une île en proie à la violence depuis l'agression en prison d'Yvan Colonna. Une agression qui a remis sur le devant de la scène cette région, laquelle bénéficie déjà d'un régime à part. Explications. 
La Corse a en effet un statut différent de celui des autres régions, qui lui confère une autonomie plus large dans certains domaines (éducation, culture, logement et foncier, développement économique, environnement, transport, gestion des infrastructures…). Cette autonomie s'exerce depuis le 1er janvier 2018 à travers la Collectivité territoriale unique de Corse (CTU). Cette dernière a remplacé – en les fusionnant – les deux conseils départementaux corses et la Collectivité territoriale de Corse (CTC), une première en France métropolitaine. 
Concrètement, l'Assemblée de Corse comprend 63 membres élus pour six ans au suffrage universel, qui élisent un exécutif. Le Conseil exécutif, dont les 11 membres proposent des décisions puis les mettent en œuvre, est quant à lui dirigé par l’autonomiste Gilles Simeoni.
Cette CTU n'est que le dernier chapitre d'un long processus, entamé depuis quarante ans. Au fil des décennies, tous les gouvernements ont en effet essayé de mettre fin aux violences dans l'île en accordant chaque fois davantage d'autonomie et de pouvoir aux exécutifs locaux. 
Retour en arrière : en 1982, le statut Defferre instaure une "assemblée de Corse", quatre ans avant les conseils régionaux installés sur le continent, comptant 61 membres élus pour six ans à la proportionnelle intégrale, et crée trois offices (agriculture, transports et irrigation). Le statut Joxe de 1991 va plus loin et installe, lui, un conseil exécutif doté de pouvoirs propres à côté d'une assemblée territoriale, réduite à 51 membres, élus à la proportionnelle tempérée par une prime majoritaire de 6% des sièges (3 sur 91).
Ces avancées n'empêchent pas les violences de se poursuivre. Elles atteignent un paroxysme avec l'assassinat du préfet Claude Erignac le 6 février 1998. Le gouvernement de Lionel Jospin lance une concertation avec "l'ensemble des élus de Corse" qui aboutira aux accords de Matignon approuvés par les élus de l'île le 28 juillet 2000, et à une loi, le 18 décembre 2001. Ce texte permet l'adaptation des règlements à la spécificité de l'île, l'enseignement de la langue corse dans le primaire, maintient certains privilèges fiscaux jusqu'au 1er janvier 2016 et déroge à la loi sur le littoral pour des installations légères.
Reportée une première fois à l'été 2018 en raison de l'affaire Benalla, la réforme des institutions, qui devait entériner le statut particulier de la collectivité de Corse créée en 2015, avait de nouveau été présentée par le gouvernement un an plus tard sous une nouvelle mouture. Sans jamais être examinée depuis… jusqu'à l'agression en prison d'Yvan Colonna. Ce mardi, le gouvernement a ouvert la porte à des discussions : "Nous sommes prêt à aller jusqu'à l'autonomie. Après, la question est de savoir ce qu'est cette autonomie. Il faut qu'on en discute", a déclaré ce mardi Gérald Darmanin. Avant de préciser que cette question institutionnelle "sera logiquement engagée pendant le second mandat" du président Macron, s'il devait être réélu.
Les nationalistes corses, divisés entre autonomistes et indépendantistes et au pouvoir dans l'île depuis 2015, ont d'ores et déjà établi leurs revendications. Ils demandent un "statut d'autonomie de plein droit et de plein exercice", construit autour de quatre priorités : le pouvoir législatif et fiscal, la co-officialité de la langue corse au côté du français, l'achat de biens immobiliers réservé aux seuls résidents et l'amnistie de ceux qu'ils considèrent comme des "prisonniers politiques". 
Sur le
même thème
Tout
TF1 Info

source

Catégorisé: