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Pour les enquêteurs, Eddy, 15 ans, qui portait des gants au moment des faits, aurait prémédité l’assassinat de ses parents et de ses deux frères.
Un scénario mais pas d’explications. S’ils disposent désormais d’indices leur permettant de retracer le déroulement du quadruple homicide d’Albitreccia, les gendarmes de la section de recherches d’Ajaccio butent toujours sur le mystère que leur oppose Eddy* F., 15 ans. Mis en examen vendredi pour «assassinats» et écroué aux quartiers des mineurs de la maison d’arrêt de Borgo, le parricide présumé se déclare en effet incapable d’expliquer ce qui a déclenché son passage à l’acte. «Pour l’heure, la cinquantaine d’auditions réalisées dans son environnement ne permet pas davantage d’éclairer son geste», assure une source proche du dossier.
Devant les gendarmes, les camarades du jeune garçon ont dans l’ensemble esquissé le portrait d’un adolescent épanoui, sportif, très proche de ses parents comme de ses deux frères jumeaux âgés de 10 ans. Seule aspérité, certains de ces amis soulignent qu’Eddy se plaignait depuis plusieurs mois d’angoisses nocturnes récurrentes. «Fin juillet, il m’a confié qu’il voyait certains soirs une silhouette en bas de chez lui, raconte ainsi l’un d’eux, qui ajoute : Cette lueur blanche lui faisait peur, il avait l’impression de devenir fou.» En l’état des investigations, il ne semble cependant pas que le jeune homme ait été vu par un psychiatre.
Quoi qu’il en soit, c’est manifestement sans livrer le moindre signe annonciateur qu’Eddy, si ce qu’il raconte est exact, a soudain décidé de tuer ses parents et ses frères dans la nuit de mardi à mercredi dernier. Dernier signe apparent de normalité, on sait que l’adolescent a écrit en milieu de soirée sur sa page Facebook : «Demain, Vizzavone» – probable allusion à une excursion prévue vers ce col montagneux. Puis, à 4 h 10 du matin, il a adressé un mystérieux SMS à trois de ses amis dans lequel il alerte : «Au secours, il y a quelqu’un chez moi.»
S’il est encore trop tôt pour déterminer précisément ce qui s’est passé entre les deux messages, le parquet d’Ajaccio semble tenir pour acquis que le jeune garçon a eu le temps de préméditer son geste. «Certains éléments matériels indiquent en effet qu’il a mis en œuvre des actes préparatoires à cette tuerie», indique une source judiciaire.
Selon un proche du dossier, Eddy se serait muni de gants en latex pour saisir le fusil à pompe calibre 12 que son père rangeait habituellement dans le salon. Ainsi armé, il aurait commencé par exécuter ses parents en plein sommeil, comme semble l’indiquer la position des corps lorsqu’ils ont été découverts, avant de tuer ses deux frères. Puis, il serait parti dans le maquis afin de se débarrasser de l’arme. «Dès lors, il semble s’être mis à errer sans but», précise un magistrat. Mercredi soir, il a finalement appelé l’une de ses très proches amies à qui il aurait confessé son geste avant de lui faire part de ses intentions suicidaires. Enfin, c’est vers une heure du matin, jeudi, qu’il a accepté de se rendre en compagnie de son oncle à la gendarmerie de Pietrosella.
Particulièrement discrets de­puis le début de l’enquête, dans la mesure où celle-ci porte sur les agissements d’un mineur, les gendarmes attendent les résultats de nombreux examens avant de valider ce qui n’est pour l’heure qu’un premier scénario. Dans les prochains jours, les experts vont ainsi explorer l’ordinateur du garçon, rechercher des traces de poudres sur les vêtements qu’il portait le soir du drame, vérifier que ses parents n’ont pas été drogués et reconstituer la scène de crime en trois dimensions. «Ensuite, seulement, on pourra établir si ces déclarations, apparemment cohérentes, correspondent à la réalité», indique une source militaire.
Dans le même temps, Eddy va être examiné par un collège d’experts psychiatres qui sera notamment chargé d’explorer la question de sa responsabilité pénale. «Il convient désormais de donner du sens à l’acte insensé d’un enfant d’une apparente normalité, souligne son avocate, Me Romina Cresci, qui n’a d’ailleurs pas contesté la mesure d’enfermement. À l’heure actuelle, en effet, l’état de choc domine et il reste dans l’impossibilité de s’en expliquer.»
Sidérés par le passage à l’acte d’un adolescent qu’ils décrivent comme «serviable», «brillant» et très complice avec ses parents, les proches d’Eddy confient désormais attendre beaucoup de la justice. Certains entreprennent déjà de prendre sa défense, évoquant «un coup de folie» et balayant la thèse de la préméditation. À l’entrée de la maison familiale, qui surplombe la plage d’Agosta et embrasse, au loin, le golf d’Ajaccio, une main anonyme a tracé hier sur une feuille de papier : «Que les quatre nouvelles étoiles qui brillent dans le ciel veillent et protègent leur cinquième petite étoile restée ici.»
* Le prénom du meurtrier présumé, mineur, a été modifié.
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Corse : scénario de la tuerie

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