Accueil » Actualités » LifeStyle » Coup de foudre à Porquerolles pour Edouard Carmignac
La Villa Carmignac ouvre ses portes sur l’île de Porquerolles, le 2 juin au sein du parc national de Port-Cros. Y seront exposées, jusqu’au 4 novembre, 300 œuvres d’art contemporain de la collection Carmignac -fondateur de la société Carmignac spécialisée dans la gestion d’actif et passionné d’art contemporain, et un jardin de 15 hectares ponctué de sculptures.
Par Ariane Artinian, le 12 mai 2018, mis à jour le 3 août 2022
« Partager ma passion est une immense satisfaction. (…) La découverte de Porquerolles a suscité en moi le désir d’y créer un lieu dédié aux arts ouvert à tous. Cet environnement préservé et unique créé les conditions les plus propices pour une rencontre avec l’art », explique Edouard Carmignac, Président de la Fondation.  « Arrivé sur l’île, le visiteur découvrira un mas provençal fondu dans le paysage. A l’intérieur, les volumes se dilatent et révèlent 2000 m 2 de salles d’exposition. La lumière naturelle, filtrée par un plafond aquatique, éclaire les espaces cachés sous la surface. A l’extérieur, un jardin de 15 hectares imaginé par le paysagiste Louis Benech est habité par une série d’œuvres, inspirées du lieu», poursuit son directeur, Charles Carmignac. La fréquentation de la Villa Carmignac sera limitée à 50 personnes par demi-heure afin d’offrir un contact privilégié avec les œuvres. «Contribuer au développement de l’attractivité culturelle de la ville d’Hyères et de toute la région grâce à l’installation de la Fondation Carmignac est une grande satisfaction », explique Jean-Pierre Giran, Maire d’Hyères.
Au départ, il y avait une ferme, visible dans le film de Jean-Luc Godard, «Pierrot le fou ». Dans les années 1980, un architecte inventeur de la terre armée, Henri Vidal, transforme la ferme en villa. Invité au mariage de sa fille Françoise – avec Jean Rochefort, il y a une vingtaine d’année, Édouard Carmignac tombe sous le charme du lieu. Et imagine en faire plus tard un lieu dédié aux arts. Une fois devenu propriétaire des lieux, il confie le projet à  l’architecte Marc Barani.
La préservation patrimoniale et naturelle du site de l’île de Porquerolles, espace classé au cœur d’un Parc national interdit toute emprise supplémentaire de construction,. Qu’à cela ne tienne, la Fondation d’art contemporain sera créée à partir d’une extension de la villa provençale. Pour satisfaire aux exigences de conservation et de modernisation du bâtiment sans perdre l’esprit du lieu d’origine , le projet a consisté à dégager 2000 m2 d’espace sous la surface du terrain naturel, sans que les contours de la maison ni le paysage existant en soient modifiés. Ainsi, la Fondation ne laisse apparaître que quelques murs opaques en pierre de pays et des terrasses aménagées et plantées. Des ouvertures cadrent des vues spécifiques donnant un sens d’orientation en permettant de faire entrer la lumière  dans le musée.
Afin de garantir la cohérence, architecturale et fonctionnelle du projet tout en favorisant son insertion dans le contexte naturel d’un site classé, le projet associe trois dimensions : paysagère, muséographique et architecturale. De là se crée un échange subtil, un dialogue entre nature et architecture. Complexe dans sa fabrication, le lieu crée en partie la muséographie, autant qu’il en découle. La construction reste invisible. Le résultat est à  la mesure de cette démarche :  une architecture sobre et sans artifice qui ne cherche pas à se montrer. La fluidité des espaces se veut un moyen de faciliter le parcours et de faire participer tous les arts (peinture, sculpture, photographie…)
A l’intérieur de la villa, les espaces se dilatent et se déploient en forme de croix. L’espace souterrain se présente comme une suite de salles d’exposition. Les espaces fluides sont découpés par des cimaises, qui organisent et articulent précisément le volume au lieu de le cloisonner. Ils créent une atmosphère propice à la muséographie par l’importance de la lumière, le projet parle du  «jeu savant, correct et magnifique des espaces assemblés sous la lumière » (Le Corbusier). Le rôle de la lumière est central : la lumière sublime le volume, elle est une émanation naturelle. Au centre du musée, s’inscrit un plafond d’eau, un plan d’eau incrusté dans la construction qui laisse pénétrer la lumière naturelle et éclaire les espaces ainsi immergés. Dans un geste sobre et intégré au paysage, le bâtiment répond techniquement à toutes les normes muséales, permettant à la Fondation d’accueillir des œuvres même de grandes dimensions dans les meilleures conditions. Le projet adopte le principe d’une : « double muséographie » : l’une par l’architecture , fermée et enserrée par des murs, et l’autre par les jardins, en plein air dans un site naturel remarquable
« Le jardin a été conçu comme un non jardin, un lieu de nature dans lequel nous nous sommes tous attachés à générer un équilibre par soustraction et protection plus que par addition », explique le paysagiste Louis Benech. Ainsi, des végétaux pionniers et endémiques ont été conservés ; allant d’abondantes cistes, aux lavandes d’Hyères, en passant par des beautés plus rares et protégées telles que le genêt à feuilles de lin et les sérapias parmi les plus ravissantes orchidées. La vie du site s’est accompagnée de replantation de nombreux oliviers, afin de garder volontairement un caractère agricole, auxquels s’ajoute un petit verger dans la plaine Nord. Près de la maison construite dans les années 80, des plantes exotiques type Jacarandas ont été ajoutées en réponse aux végétaux d’origines lointaines présents depuis des décennies sur le site : Eucalyptus, Mimosa et des Citrus variés (mandarines, oranges, citrons…). Un jeu d’apparition et de disparition des œuvres a été aménagé avec les arbres et les arbustes au Sud. Dans le parc Nord, des paravents de cannes de Provence mettent les œuvres en scène. La terrasse Est est le seul espace calme et plat qui dégage une perspective depuis la villa vers les vignes à travers les chênes vert. Les circulations naturelles en herbes sont tondues ou en terre compactée et varieront dans la plaine au fl des saisons.
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