Publié le 02/11/2022 à 11h53
Sebastien Dubois
C’est la question que tous les Limousins – et tous les Français – ont actuellement dans un coin de la tête : allons-nous subir, cet hiver, une ou plusieurs coupures temporaires d’électricité ? Si la douceur automnale repousse pour l’instant les interrogations sur notre consommation électrique, cela n’a pas empêché RTE et Enedis, de tenir jeudi dernier, en visioconférence, un point presse sur ces fameux « délestages » et les mesures à prendre pour les éviter.
Le dispositif repose notamment sur l’application Écowatt, « sorte de Bison futé » de la consommation d’électricité (voir ci-dessous).
Pour l’instant, difficile de connaître l’impact de ces mesures en Limousin. « Il n’existe pas de plan préétabli des coupures, explique Jean-Paul Roubin, directeur exécutif clients et opération du système électrique de RTE. Un mégawatt délesté à Marseille, Toulouse ou Châteauroux a le même effet pour couvrir les déséquilibres du système. »
Dans un système électrique national et européen connecté, les particularismes locaux n’ont que peu d’importance. « L’électricité consommée en Nouvelle-Aquitaine vient, d’une part, de l’ensemble des sites de production français et, d’autre part, potentiellement des importations, parmi lesquelles l’Espagne, explique Erik Pharabod, représentant de RTE pour la région. Cependant, plusieurs pays européens exportent aussi de l’électricité en France (comme l’Allemagne) à chaque instant, en fonction des situations des équilibres production/consommation de chaque pays. Il faut en outre avoir conscience que ceci est un équilibre à la maille nationale France et non pas par région administrative. »
Selon le site de RTE, la Nouvelle-Aquitaine fait plutôt partie des régions qui consomment moins d’électricité qu’elle n’en produit. Entre janvier et novembre 2021 (derniers chiffres consolidés disponibles), elle a exporté entre 1.153 et 397 GWh. Seul le mois de novembre de l’année dernière s’est révélé déficitaire avec 672 GWh importés. Cette situation est permise par la présence de deux centrales nucléaires, qui représentent 78 % de l’électricité produite dans la région, loin devant l’hydroélectricité (11 %) et l’éolien (5 %). La consommation régionale représente entre 9 et 9,5 % de la consommation nationale, toujours selon le site de RTE. « Mais ce n’est pas parce qu’on est dans les Alpes ou dans une région qui produit plus d’électricité qu’elle n’en consomme qu’elle ne sera pas coupée. On fera tourner les délestages. »
En 2015, la précarité énergétique et l’habitat indigne contribuaient à l’engorgement des structures d’urgence
« On va essayer de les répartir de manière équilibrée sur l’ensemble du territoire, explique Thierry Sudret, directeur d’exploitation chez Enedis. On tient vraiment à cette notion de solidarité. On ne protégera pas les zones urbaines, par rapport aux zones rurales, par exemple. »
Quels écogestes faut-il privilégier pour réduire sa consommation énergétique ?

 « L’analyse des écogestes montre que les actions les plus efficaces concernent les usages du chauffage, l’éclairage et la cuisson, explique Erik Pharabod, représentant de RTE en Nouvelle-Aquitaine. Lors des périodes de tension (émission du signal Écowatt rouge), l’effort collectif nécessaire pour éviter le recours au délestage porterait sur 1 à 5 % de la consommation dans la majorité des cas. En cas de conditions météorologiques extrêmes, cet effort pourrait aller jusqu’à 15 %. » 

Parmi les conseils, on peut noter de « baisser la température du logement à 16 ou 17 degrés en cas d’absence en journée ou la nuit », de « limiter le nombre de lumières allumées dans les pièces et éteindre dans toutes les pièces inoccupées », de « démarrer ses appareils de lavage et de séchage en heures creuses après 20 heures » et de « décaler le rechargement des appareils électriques comme les voitures », ainsi que de « modérer l’utilisation des appareils de cuisson ».
Cette notion d’équilibre est importante, surtout dans une région comme le Limousin, où la précarité énergétique est très présente. Selon le site de l’AREC Nouvelle-Aquitaine, la Creuse est le département le plus concerné avec 25 % des ménages qui « éprouvent dans leur logement des difficultés particulières à disposer de la fourniture d’énergie nécessaire à la satisfaction de leurs besoins élémentaires en raison de l’inadaptation de leurs ressources ou de leurs conditions d’habitat », comme le définit la loi Grenelle 2. Avec respectivement 19,1 % et 18 % des ménages en précarité énergétique, la Corrèze et la Haute-Vienne figurent également parmi les départements les plus touchés par le phénomène, dans la région.
Mais les mesures envisagées cherchent également à limiter l’impact pour les ménages, avant les éventuels délestages. Une baisse de la tension de 5 %, qui figure parmi les solutions préventives et impliquerait une baisse de 10 volts pour les ménages, « serait quasiment imperceptible » pour les familles, assure Thierry Sudret. Cela constituerait pourtant une économie « de trois à quatre gigawatts, soit la consommation de Paris et Toulouse en même temps », explique-t-il. Idem pour « le décalage de la chauffe du ballon d’eau chaude aux heures creuses du soir et de la nuit », plutôt qu’aux alentours de 13 heures, où le phénomène occasionne un pic de consommation, avant la baisse de l’après-midi. « Ça concerne 4,3 millions de particuliers et de professionnels, poursuit le représentant d’Enedis et ça représente 2,5 gigawatts, soit la consommation de Paris. »
En Nouvelle-Aquitaine, l’éolien connaît « une hausse continue » des implantations
Les entreprises seront également mises à contribution en priorité, notamment celles qui sont liées par contrat directement avec RTE. Dans ce cas-là, « une coupure en quelques secondes est activable une dizaine de fois dans l’année », précise Jean-Paul Roubin. Mais la mise en œuvre de ces solutions dépendra d’éléments aléatoires, comme les conditions météorologiques, la variation des importations d’électricité et la production nucléaire dont « la production doit rejoindre mi-novembre, la trajectoire prévue », estime le représentant RTE.
Si l’heure est à une « vigilance renforcée », « les signaux rouges » semblent pouvoir être évités avec une baisse de la consommation de 5 % ou de 15 % « dans les scénarios les plus extrêmes ». « Le risque est important, mais il nous semble actuellement maîtrisé », conclut Jean-Paul Roubin.
Pourvu que ça dure…
Écowatt, « le Bison futé de la consommation d’électricité »
Lors de la conférence de presse commune, Enedis et RTE ont présenté l’application Écowatt, qui doit permettre d’anticiper la consommation d’électricité des Français.
« C’est un peu le Bison futé de la consommation d’électricité », explique Jean-Paul Roubin, représentant de RTE. Chaque jour, la consommation attendue à J + 3 sera annoncée sur le site et sur l’application. Trois couleurs possibles comme pour la météo des plages ou les départs en vacances : vert pour « une consommation normale », orange quand « le système électrique est tendu » et « les écogestes bienvenus » et rouge quand la situation « est très tendue » et « les coupures inévitables si nous ne baissons pas notre consommation », explique le site en question.
« On cherche à donner de la prévisibilité, reprend le directeur. Si la production française, les importations ne permettent pas de couvrir la consommation nationale et que la baisse de tension de 5 % ne suffit pas, le seul moyen sera d’organiser un délestage d’une partie de la consommation. » Comprendre : couper le courant à une partie des consommateurs.
Après l’annonce trois jours avant, un point sera effectué la veille. Vers 17 heures, le délestage sera confirmé département par département, avant que les adresses exactes concernées ne soient révélées dans la soirée. « Les demandes sont faites sur de grandes zones et seront mises en œuvre par les centres de conduites régionaux (ACR), explique Thierry Sudret, directeur d’exploitation chez Enedis. Ce sera surtout le matin de 8 heures à 10 heures et le soir de 18 à 20 heures. Nous ferons en sorte que les sites délestés le matin ne le soient pas le soir, pour faire tourner l’effort de solidarité. »
Le redémarrage de la centrale nucléaire de Civaux toujours prévu pour janvier 2023
Les sites prioritaires ne seront néanmoins pas concernés par ces opérations. « Ils sont fixés par les préfectures et ne doivent pas dépasser 38 % des clients, explique le représentant du fournisseur d’énergie. Mais comme nous fonctionnons par ligne, s’il y a un client prioritaire sur une ligne, nous ne coupons pas. » La liste des clients prioritaires ne sera pas communiquée, en raison de la présence parmi eux de sites sensibles.
« Mais ce sont principalement les établissements de santé, les EHPAD, les sites sensibles de défense nationale et aussi logiquement, les installations qui relèvent de la production d’électricité. » Une liste des « patients à hauts risques » sera également fournie par les agences régionales de santé, afin de les préserver des éventuels délestages.
« En annonçant les choses à J-3, on laisse aux gens le temps de s’organiser, espère Jean-Paul Roubin. En baissant sa consommation, on donne aussi une chance aux gens délestés de l’être moins longtemps. Tous les gestes de réduction de la consommation viennent limiter et réduire le risque de coupure. Si chacun fait un geste, ça permet de préserver d’autres villes et d’autres quartiers. »
Sébastien Dubois
10 commentaires
Sun Pearl a posté le 03 novembre 2022 à 11h19
Des coupures de courant en Haute-Vienne ? Vu le nombre de barrages – qui sont d’ailleurs pleins à ras-bord – notamment sur la Maulde, ce serait incompréhensible de couper le courant ! A moins d’un geste volontaire pour continuer à conditionner le peuple…
Je réponds J’alerte
Defra FUR a posté le 03 novembre 2022 à 09h22
Je ne comprends toujours pas cette subite précarité énergétique. Les réserves de gaz en Europe sont constituées à plus de 90%, l’Italie reçoit toujours du gaz Russe et l’Allemagne du pétrole Russe ( infos disponibles sur La Tribune par ex ). Si la situation est aussi précaire que celle annoncée, pourquoi pousser vers le tout électrique ( arrêt installation chaudières fioul, véhicules électriques ) . Pourquoi ne pas jouer la diversification énergétique si nous ne sommes pas en capacité de produire suffisamment d’électricité ? Tout ceci peut-être pour expliquer les hausses vertigineuses?
Je réponds J’alerte
Pourquoi avoir changé d’heure a posté le 03 novembre 2022 à 04h01
On aurait dû rester à l’heure d’été, il fait nuit plus tôt on allume les lumières plutôt
Defra FUR a répondu le 03 novembre 2022 à 11h41 Voilà une excellente proposition qui peut être mise en place rapidement et qui ne coute rien ! Mais la grande Europe n’a pas voté pour cela !!!!!
Je réponds J’alerte
Guy GUY a posté le 02 novembre 2022 à 19h12
Les bons élèves payent pour les mauvais ! Et c’est aussi valable dans le comportement général des populations…..
Je réponds J’alerte
onsefout denous a posté le 02 novembre 2022 à 18h44
perso, j’ai un gros doute sur l’équité des “coupures” entre les villes et les zones rurales. on peut ouvrir les paris. alors que les plus gros consommateurs de cette énergie sont incontestablement les citadins. une solution simple pourtant serait de couper toutes ces pubs inutiles de tous ces magasins énergivores , d’enlever une ampoule sur 2 ou 3 lampadaires , voir interdire ces décorations de fin d’année et baisser a 19° la température du palais a micaron..
Lilicancer01 a répondu le 04 novembre 2022 à 06h18 Tout à fait d’accord pour les lampadaires Laisser les décos de fin d’année pour les enfants et pour les adultes un peu de rêve et la température à 19 degrés pour tout le monde surtout tous les bâtiments publics qui sont chauffés à 21 degrés la plupart de poids de mesure
Je réponds J’alerte
Lilicancer01 a posté le 02 novembre 2022 à 15h49
Normal tout ça en partie grâce aux écolos ils font passer la charrue avant les bœufs Les nouvelles constructions tout électriques obliger les gens à se chauffer à l’électricité quand on a pas les moyens ça devient aberrant
Je réponds J’alerte
maurice HENNEQUIN a posté le 02 novembre 2022 à 14h47
appel : réouverture des grottes de Lascaux et de l’ensemble des grottes du Perigord limousin il faut enfin se mobiliser pour sauver la planète sans nous et c’est heureux ! je me prépare en mettant mes galoches et rdvs la bas
Je réponds J’alerte
la piste aux étoiles a posté le 02 novembre 2022 à 12h06
Les limousins vont sortir de leurs tombent ???
Je réponds J’alerte
Aidez-nous à améliorer notre site en répondant à notre questionnaire.

source

Catégorisé: