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La semaine de l’emploi agroalimentaire se termine demain, 18 novembre. Le secteur, comme désormais de nombreux autres, peine à trouver des candidats. Mais ce n’est pas un fait nouveau et la filière travaille le sujet depuis plusieurs années. En Occitanie, la filière est fortement mobilisée et officialise cette année son partenariat avec Pôle Emploi.
Dans la région, le secteur de l’agroalimentaire se présente comme le premier employeur de l’industrie avec 8.700 établissements en mai 2022 (+ 4% vs 2021 ;
source : observatoire CARIF-OREF Occitanie) et 46.460 emplois (en 2019). Selon l’INSEE, « un tiers des salariés devront être renouvelés d’ici 2030 », ce qui ouvre de nombreuses opportunités. Mais les candidats ne se bousculent pas au portillon…
Quelque 5.640 offres d’emploi ont été enregistrées à Pôle Emploi entre juillet 2021 et juin 2022 en Occitanie (+ 36 % sur un an selon Pôle Emploi, + 4,6% par rapport à 2019) : 28% des offres concernent des métiers de l’industrie, 28% du commerce de gros, et 17% du transport et de la logistique.
La filière annonce 8.000 projets de recrutements sur l’année 2022 (hors commerce de gros mais incluant les artisans charcutiers, boulanger et pâtissiers) mais 51% des projets de recrutement sont jugés difficiles par les entreprises.
« Aujourd’hui, l’agroalimentaire est en concurrence avec tout le monde, en particulier sur l’activité de maintenance, souligne Florence Pratlong, dirigeante de la Fromagerie Le Fedou en Lozère et vice-présidente de l’AREA Occitanie (Association régionale des entreprises alimentaires). C’est ahurissant ! On ne trouve personne et le turn-over est important… Les chefs d’entreprise savent qu’il faut agir sur les salaires, mais il n’y a pas qu’un problème de rémunération : il y a aussi des interrogations sur le temps de travail, sur la pénibilité. Et on oublie que nourrir les autres est un travail gratifiant… L’opération de séduction que nous avons amorcée l’an dernier prendra du temps pour porter ses fruits. »
Depuis l’an passé, l’AREA Occitanie travaillent avec Pôle Emploi pour aider les entreprises de la filière à recruter.
« Le marché se tend, car autres secteurs – industrie, santé, transports, social, hôtellerie-restauration – sont eux aussi à la peine, confirme Catherine Guilbaudeau, directrice territoriale Gers et Hautes-Pyrénées. Notre partenariat avec la branche progresse et pour cette semaine de l’emploi agroalimentaire, Pôle Emploi a déployé un peu plus de 80 actions et l’AREA une grosse cinquantaine (visite d’entreprises, conférences, ateliers, NDLR). Les demandeurs d’emploi sont invités à y aller sur la base du volontariat et ne sont pas pénalisés s’ils n’y vont pas. Pôle Emploi a mis en ligne une cartographie des actions de la semaine mais aussi des offres d’emplois en région, soit 5.158 offres disponibles aujourd’hui. »
La directrice territoriale rapporte également que, pour élargir le sourcing de candidats potentiels aux métiers de l’agroalimentaire, Pôle Emploi a mis en place ce qu’il appelle « la détection potentiel » : « Il s’agit, sans obligation, d’exercices proposés aux demandeurs d’emploi qui veulent changer de métier sans savoir vers quoi aller. C’est plus léger que la méthode de recrutement par simulation. On les teste sur des habiletés transférables ».
Ce 18 novembre, point d’orgue de cette semaine de l’emploi agroalimentaire, l’AREA Occitanie et Pôle Emploi vont d’ailleurs signer, à Castelnaudary (Aude), une convention de partenariat officialisant la collaboration entamée en 2021.
La filière s’est trouvé un slogan : « Pourquoi je viendrais bosser chez vous ». Elle mise sur l’information des entreprises sur les contrats de professionnalisation, et des jeunes collégiens ou des apprentis sur les métiers, qui souffrent encore aujourd’hui, selon elle, d’une grande méconnaissance.
La démarche amorcée en 2021 pour booster l’apprentissage produit des résultats que Florence Pratlong qualifie « d’encore peu perceptibles ». Carif-Oref annonce pourtant 32.000 apprenants dans les formations menant aux métiers de l’agroalimentaire en Occitanie à la rentrée 2021 (+ 11% sur un an), dont 15.700 apprentis (+ 36% sur un an).
« Ça frémit un peu mais c’est un travail de temps long, confie Florence Pratlong. Dans mon entreprise, on n’a pas réussi à recruter sur deux postes d’apprentissage sur trois cette année, notamment sur l’amélioration continue et sur le commercial car les apprentis voulaient tous télétravailler ! Ce n’est pas concevable sur ces postes et encore moins pour un apprenti… C’est une problématique nouvelle, les jeunes ne comprennent pas l’exigence d’être en présentiel. »
Selon Florence Pratlong, le contexte amplifie toutefois un phénomène : « Même si c’est tabou d’en parler, il faut oser dire qu’aujourd’hui, on est aussi en concurrence avec les minima sociaux. Avec un Smic net, la personne perd la CMU, la cantine gratuite, doit payer la garde des enfants et son transport pour aller travailler. Il n’y a pas assez d’écart avec un salaire. Les gens me disent que à moins de 1.700 euros net, ils ne viennent pas bosser chez vous… ».
Le sujet n’est pas délaissé chez Pôle Emploi, selon Catherine Guilbaudeau : « Ce qu’on travaille avec les entreprises, c’est comment trouver des réponses. Car il ne faut pas le nier, c’est une réalité. Quand on les interroge, les gens qui sont aux minima sociaux nous disent bien qu’ils veulent travailler mais c’est l’amorçage qui est difficile. Donc il faut proposer des solutions mobilités ou de garde d’enfants. Beaucoup d’entreprises sont conscientes de ça et proposent des contrats plus attractifs, plus de CDI et des salaires qui augmentent. Des élus sont prêts à nous aider, en mettant en place un transport gratuit à la demande pour aller passer un entretien par exemple ».
En attendant de compléter leurs équipes, comment font les entreprises agroalimentaires ?
« Certaines réduisent la voilure en attendant de recruter, répond Florence Pratlong. D’autres se demandent comment améliorer les capacités de travail des salariés pour gagner en productivité. »
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