La surpopulation carcérale atteint des sommets. La barre des 1 000 détenus pourrait être franchie, un record pour une prison de 600 places.
La maison d’arrêt de Villeneuve-lès-Maguelone a dépassé les 950 détenus alors qu’elle a été construite pour en accueillir 600. Un record. "Nous allons bientôt dépasser la barre des 1 000 détenus, ce n’est jamais arrivé ici. Nous sommes à 155 % de surpopulation, cela commence vraiment à nous mettre en difficulté, les services sont débordés", s’alarme, comme il le fait depuis des mois, le délégué local du syndicat Ufap. Une situation, "pire" qu’avant le Covid (*) dit-il, qui a été communiquée aux autorités judiciaires.
Avec les conséquences en cascade. "Le service de greffe de la maison d’arrêt, fonctionne avec onze personnels, ils ont 1 200 détenus entre la maison d’arrêt, ceux qui sont en semi-liberté et les non hébergés (surveillance électronique)." Les cellules à trois ou quatre personnes se multiplient, "cela engendre des conflits permanents aux étages. Et nous ne sommes qu’en février, c’est l’été qu’on a le plus d’écrous. Actuellement, on ne peut plus séparer les condamnés des prévenus et les fumeurs des non-fumeurs dans les cellules" et, selon ses calculs, 70 détenus dorment actuellement sur des matelas au sol.
Les agents pénitentiaires se retrouvent en ce moment à gérer 80 détenus en promenade, "c’est énorme et si ça dégénère…" La ratio surveillants/détenus se réduit comme peau de chagrin, "il est inférieur à celui de Perpignan et de Béziers ", précise le syndicaliste. Les files d’attente pour les activités, le travail, l’accès aux soins ne cessent de s’allonger.
"Comment ne pas éviter le crash avec une augmentation de 300 détenus supplémentaires pour une capacité théorique reconnu à 600 places à l’ouverture de l’établissement en 1990. L’explosion est à craindre à tout moment tant le surencombrement de l’établissement engendre des tensions à tous les étages", alerte aussi le secrétaire Étienne de Sinno pour FO.
Le syndicat dénonçait d’ailleurs les conditions de travail le 8 février dernier. "Mouvements en surnombre, augmentation de l’agressivité des détenus, invectives envers le personnel, cohabitation incompatible entre détenus qui se traduit par d’incessante mutation de cellule, surcharge de travail, mauvaises exécutions des tâches en détention, altération des rapports humains. Bref, le rôle du personnel est réduit à une gestion de parcage de la population pénale. C’est inacceptable !", poursuit le syndicat FO qui annonce d’autres actions.
L’explosion est à craindre tant le surencombrement engendre des tensions
Les causes sont multiples. "On a de plus en plus d’entrants, constate l’Ufap local, et des détenus qui viennent seulement pour trois, quatre, six mois ferme, des peines aménageables, il y a aussi des alternatives aux poursuites ! Là, ça ne fonctionne plus."
S’ajoutent selon lui des problèmes d’ordre logistique comme les travaux d’extension de la prison de Nîmes qui alimentent les arrivées et une "péréquation" entre maisons d’arrêt en cas de surcharge qui ne fonctionne pas.
Pour désengorger les prisons, la construction de nouveaux établissements prévus par le plan Urvoas de 2016 (17 000 places en France, le gouvernement Macron ayant créé 2 000 places et 7 000 sont en cours), pouvait en théorie être une source d’espoir pour alléger la pression sur les centres existants.
Mais les nouvelles places de détention en région, qui créent la controverse, ne seront pas prêtes avant 2025 ou 2026 au minimum (Rivesaltes, Muret, Nîmes). Et la Structure d’accompagnement vers la sortie de prison (SAS) d’une capacité de 150 places dédiées aux fins de peine (pas plus de deux ans de reliquat), en cours de construction du côté du quartier Euromédecine à Montpellier, elle, ne sera pas livrée avant au moins 2023.
Ce dispositif bien que dépendant administrativement de la maison d’arrêt de Villeneuve, accueillera aussi des détenus d’autres secteurs de la région pénitentiaire.
Par ailleurs, quid des effectifs pour cette antenne de Villeneuve, s’inquiète le syndicat Ufap : "Ils viendront de la maison d’arrêt pour gérer le greffe, la restauration, les cantines, c’est du personnel en moins pour la maison d’arrêt, on ne sait pas comment on va gérer."
Loin du compte
Le délégué local pointe ainsi le manque de personnel chronique dans le service public pénitentiaire, peu attractif : "On veut augmenter le nombre de prisons mais on n’arrive pas à recruter des surveillants", affirme l’Ufap.
Et de revenir sur la visite du ministre de tutelle Éric Dupont-Moretti venu annoncer le 28 janvier à Villeneuve une hausse des salaires de 200€ pour les agents. "Il a présenté des chiffres tronqués. Ce calcul comprenait des heures supplémentaires, des heures de nuit, etc, donc ne concerne pas tous les agents. De plus, ceux qui commencent leur carrière ont été revalorisés au niveau du… Smic, c’est risible. Et tout ceci remonte déjà à 2018 !" Loin du compte selon les syndicats.
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D'un autre côté c'est pas un club med.
si l hôtel ne convient pas, faut pas y aller.
les responsables sont ceux qui depuis des décenies s'opposent à créer le nombre nécessaire de ""mise hors d'état de nuire ""…
Et en Ukraine ?

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