Au cœur du village de Saint-Aubin-en-Bray (Oise), les tracteurs agricoles ont occupé la place toute la matinée. Ce vendredi, entre 200 et 300 personnes se sont réunies pour apporter leur soutien à la famille Verschuere. « Ça fait du bien », lance le père, Michel, les larmes aux yeux. « Le soutien est national, des gens viennent de loin, poursuit le fils, Vincent, 33 ans. Notre condamnation sonne comme une condamnation pour l’élevage. »
Condamnée au mois de mars en appel à verser plus de 100 000 euros de dommages et intérêts à six riverains à cause des troubles causés par les odeurs de l’exploitation et le meuglement des vaches, la famille Verschuere ne compte pas lâcher l’affaire. « Le pourvoi sera déposé dans les prochaines semaines », indique l’éleveur. « On fera tout pour que Vincent puisse continuer son activité », assure Hervé Ancellin, président de la chambre d’agriculture de l’Oise.
Alors que la mobilisation dans le village oisien d’un peu plus de 1 000 habitants avait déjà rassemblé les acteurs locaux de la filière agricole en décembre dernier, cette fois l’ampleur est tout autre. Après un tour du village, le cortège composé de nombreuses personnalités politiques, de paysans et de représentants agricoles nationaux s’est arrêté devant le bâtiment au cœur de la procédure.
« Vincent est un jeune agriculteur qui a repris, avec envie, l’exploitation familiale, qui a envie de faire de l’élevage. C’est une chance d’avoir des Vincent dans notre pays, la jurisprudence Verschuere, nous n’en voulons pas ! », a clamé Christiane Lambert, présidente de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA).
Devant les piles de ballots de paille, le président (LR) de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, a ensuite assuré aux Verschuere que « si demain, il y a des problèmes de trésoreries, la région répondra concrètement financièrement. S’il y a besoin de réaliser des travaux ou des investissements, la région sera présente ». Une annonce applaudie par le public.
« Notre ruralité est mise en danger. Historiquement, les exploitations de l’Oise sont implantées dans les villages, rappelle Vincent Verschuere. Le but de cette mobilisation, c’est que ça remonte à Paris. » « La loi n’est pas assez claire, qu’est-ce qu’un trouble anormal ? Ce n’est pas défini », souligne Christiane Lambert.
Sur la remorque, installée en guise d’esplanade pour les prises de parole, Hervé Ancellin a précisé que dans l’Oise, « une charte de bon voisinage existe pour permettre le bon vivre ensemble. On propose aussi des diagnostics agricoles dans les villages pour savoir si des projets peuvent être menés. » Pour une agricultrice d’une autre commune, présente ce vendredi matin, qu’un collègue « se retrouve dans une telle situation alors qu’il était en règle, c’est du jamais-vu, c’est honteux ».
En effet, pour construire ce nouveau bâtiment à quelques mètres des maisons en 2010, Vincent Verschuere avait obtenu les autorisations par la préfecture et la mairie pour déroger à la règle de distance réglementaire obligatoire de 100 m. Par ailleurs, « ces dérogations concernent un projet de construction de bâtiment agricole sur deux », indique la FDSEA de l’Oise.
Des voisins de la famille Verschuere ont aussi assisté à cette demi-journée de mobilisation. « Il n’y a pas d’odeurs désagréables ici, ça sent la campagne, on s’y fait. Et puis, vaut mieux ça que les odeurs des pots d’échappement, non ? »
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