l’essentiel Les commerces du centre-ville bénéficieront-ils du nouveau pôle commercial de la zone du centre ? Le point avec Christian Murat, conseiller délégué en charge du commerce et Patrick Innocenti, conseiller délégué membre de la commission commerce.
"Nous sentons un frémissement, des installations, une dynamique. Il y a actuellement davantage d’ouverture de commerces, magasins et petites boutiques, que de fermetures. Effet Covid ou pas, il semble que les gens se rapprochent de petits commerces, avec un accueil, du service. Souhaitons que cela dure", expliquent Christian Murat  conseiller délégué en charge du commerce et Patrick Innocenti, conseiller délégué membre de la commission commerce..
"On a aussi la chance d’avoir la zone du centre proche du centre-ville, il faut vraiment l’intégrer au centre-ville en travaillant le linéaire centre-ville – zone du centre pour que les gens puissent tout faire à pied. En espérant qu’il n’y ait pas de trop grosse concurrence ; pour que ce soit d’abord complémentaire. Nous sommes optimistes. Nous sommes là pour aider les commerçants. La pépinière d’entreprises travaille avec Aveyron Initiative pour aider les commerçants avec des prêts d’honneur à taux zéro ; la Région accompagne aussi.
La commune aide à la rénovation de façade. Aujourd’hui, nous sommes inscrits dans un programme PVD (Petite ville de demain) où on travaille sur ce linéaire entre la zone du centre et le centre-ville ; pour que cela devienne une zone de balade appréciée.
Il ne faut pas se focaliser sur les locaux commerciaux vacants. Nous étions 16 000 habitants à Decazeville avec un linéaire commercial de 3 km. Aujourd’hui nous sommes 5 500 habitants. Le linéaire commercial est le même mais les commerçants privilégient de s’installer dans les zones les plus commerçantes et à délaisser certains secteurs moins commerçants, comme Fontvergnes."
Vous souhaitez une mise en valeur des vitrines vacantes ?
"On y travaille avec des vitrines décorées, habillées. Cela ne remplace pas les commerces mais embellit les rues davantage que de voir des vitrines vides. Et nous cherchons de nouvelles idées.
La communauté des communes a recruté un manager de commerce pour que les 12 communes de Decazeville communauté identifient avec lui tous les locaux. Nous appelons les propriétaires en expliquant qu’il vaut mieux mettre un commerce quitte à baisser le loyer, plutôt que de laisser des locaux vides qui deviennent vétustes au fil des ans.
Les commerçants ont tendance à aller là où il y a de l’activité. Forcément il y a des lieux délaissés qui ne doivent pas le rester.
Et si le propriétaire ne veut pas faire un commerce, on les incite au moins à refaire la façade, des crépis ; enlever les vitrines et faire un logement. Que ce soit des endroits propres, même s’ils ne sont pas forcément commerçants.
On travaille sur le PLUIH car auparavant, il fallait obligatoirement remettre un commerce dans un emplacement commercial vacant. On travaille pour que l’on puisse y faire des logements. Cela peut inciter et attirer des investisseurs ; faire revenir des gens en centre-ville, avoir des locaux propres. Il y a un noyau commercial en cœur de ville ; qui doit être absolument connecté avec la zone du centre qui va prendre de l’ampleur."
Dans une étude publiée en septembre dernier, basée sur des données URSAF (base Sequoia), l’Observatoire économique des CCId’Occitanie s’est penché sur la dynamique de création et radiation d’entreprises et effectifs salariés à Decazeville, la communauté de communes et l’Aveyron.
On constate que depuis 2011, Dcazeville a connu 344 créations d’entreprises pour 315 radiations, soit un solde positif de 29.
Le solde a été de + 19 en 2020, + 4 en 2021 et +15 cette année.
Le nombre d’établissements est de 301.
Sur la communauté de communes, le solde créations / radiations est de +221 depuis 2011, avec aussi une accélération ces dernières années (+58 en 2020 ; + 50 en 2021 et + 48 cette année). Le nombre d’établissements est de 815.
À Decazeville, l’effectif salarié était de 1 508 en 2021 (1 452 en 2020 ; 1 466 en 2019 ; 1 476 en 2018 ; 1 417 en 2017 ; 1 469 en 2016 et 1492 en 2015). Sur la communauté des communes, l’effectif salarié était de 3 608 en 2021 (3 532 en 2020 ; 3 586 en 2019 et 3622 en 2018).

Maryse Cayla-Alcouffe.
Maryse Cayla-Alcouffe. DDM – BHSP

Maryse Cayla-Alcouffe a été présidente de l’association des commerçants et artisans de Decazeville de 2002 à 2015. Elle est aussi ancienne membre consulaire à la CCI durant 4 ans et ancienne vice-présidente de l’office de tourisme de Decazeville.
"Il faut tout d’abord voir ce que va nous apporter le centre commercial de la zone du centre. Il faut espérer que cela n’affectera pas le centre-ville mais bien au contraire que cela apportera plus avec les enseignes nationales qui vont s’implanter à la zone du centre, et ouvrir des communications avec les autres commerces du centre-ville. C’est un espoir.
La rue Cayrade a bien été aménagée ; c’est une jolie rue en dépit qu’il manque des places de stationnement. J’en suis un peu fautive car je ne voulais pas du sens unique de circulation. D’un point de vue commerce, on manque de commerces aujourd’hui, en particulier de l’habillement, du bien-être à la personne, de la quincaillerie…
De toute façon, le choix appelle la clientèle ; plus il y a de choix, plus les clients viennent. Il faut espérer que des magasins vont ouvrir. Le fait du dynamisme du marché immobilier avec l’installation de nouveaux habitants va peut-être relancer une consommation locale.
L’idéal serait qu’il y ait aussi un développement de l’industrie. Je pense qu’il y a aussi beaucoup à faire sur le tourisme ; créer, imaginer des choses ; pourquoi pas par exemple installer des automates autour du chevalement qui raconteraient la vie des mineurs ? Cet été, j’ai rencontré des personnes venues en cure et d’autres faisant le chemin de Saint-Jacques, et qui avaient connu Decazeville avant. Pour ces personnes Decazeville a bien changé, c’est devenu un gros village."

Virginie Aguiar, coprésidente de l'association des commerçants.
Virginie Aguiar, coprésidente de l'association des commerçants. DDM – BHSP

Virginie Aguiar est élue municipale de la majorité et coprésidente de l’association des commerçants de Decazeville communauté.
"Nous commerçants espérons qu’au moins la moitié des commerces vides soit remplie d’ici dix ans, ce serait l’idéal. Nous sommes conscients que Decazeville a été faite pour 15 000 habitants et nous ne sommes plus que 5 300 ; forcément on peut imaginer que cela ne sera pas totalement rempli ; mais que le cœur de ville se re-remplisse serait l’idéal. Nous voyons bien que depuis quelques années Decazeville renaît de ses cendres ; plein de choses remontent. On espère que cela donnera une impulsion à d’autres personnes motivées à nous rejoindre dans les rues Cayrade et Gambetta."
Quels types de magasins manquent en ville ?
"Plutôt du textile, des chaussures, mais tout d’abord des petits magasins avec une âme et pas forcément des chaînes comme il y a dans les grandes villes. D’ailleurs, il y a beaucoup de clients ruthénois, villefranchois et figeacois qui viennent à Decazeville car ils trouvent que nous avons des petites boutiques qui ont une âme.
L’âme du commerce decazevillois est belle".
Quelles sont les mesures nécessaires pour concrétiser ces attentes ?
"Pas mal de choses sont faites avec Decazeville communauté qui aide à l’implantation, à l’installation, à l’aménagement, aux travaux. Il faut que cela se sache y compris pour les commerces existants".
Le pôle commercial de la zone du centre est attendu par certains commerçants du centre-ville et craint par d’autres…
"Certains commerçants craignent que la zone attire des gens à l’extérieur de la ville. Pour ma part, je pense que ce pôle est plutôt un moteur : il est à 100 m du centre-ville, il en fait partie en réalité et cela donnera un coup de pouce supplémentaire.
Il faut garder le centre-ville accessible par rapport à la zone du centre ; c’est le cas avec la percée de la rue Cayrade. La jonction est faite. À nous aussi de faire en sorte de donner envie aux gens allant à la zone du centre de venir en centre-ville. C’est un travail municipal et de commerçants. 100 mètres, ce n’est pas en dehors de la ville. Je pense que la zone est davantage un complément qu’une concurrence".

Guillaume Cloris et Mélanie Lunaud.
Guillaume Cloris et Mélanie Lunaud. DDM – D. L.

Guillaume Cloris patron du bar-restaurant Le Jalousie avec Mélanie Lunaud :
"Le nombre de cafés et de restaurants devrait rester sensiblement le même. Par contre, si la population n’augmente pas, il risque d’y avoir trop de kebabs et restauration rapide sur la ville. Est-ce qu’il y aura de la place pour tout le monde ? En peu de temps, nous avons réussi à fidéliser une clientèle, il faut être à l’écoute des clients, savoir s’adapter et innover. Par exemple, les soirées à thème avec des concerts que nous avons organisées ont connu le succès. Nous avons en projet d’en programmer une tous les mois et de faire danser les gens dans la rue. Une terrasse pour un bar-restaurant est importante et le restera, surtout si le réchauffement climatique se confirme. Par ailleurs, je crois en l’axe routier Rodez-Albi. Il fait gagner du temps et pourrait attirer davantage d’entreprises sur le Ruthénois et sur un rayon plus large. Une nouvelle population pourrait alors se tourner vers le Bassin pour se loger, avec des prix modérés, et ferait ainsi remonter la démographie de Decazeville."
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