Éteindre la lumière, c’est le choix que font de plus en plus de communes en France pour réduire leurs factures d’électricité, protéger la biodiversité et revoir le ciel étoilé. Une politique notamment mise en place dans les zones rurales, mais aussi par 40 communes autour du Pays de Béarn cet été, ou dans de plus urbaines, comme Billère depuis le printemps.
La Ville de Pau est restée assez éloignée de cette actualité. Car ici, on ne tient pas, en effet, à éteindre la lumière – même si on incite les commerçants à être dans la règle pour l’extinction de leurs enseignes et vitrines entre 1h et 6h du matin.
Grâce à de gros investissements qui vont être accélérés par la crise énergétique, la commune s’équipe en…
La Ville de Pau est restée assez éloignée de cette actualité. Car ici, on ne tient pas, en effet, à éteindre la lumière – même si on incite les commerçants à être dans la règle pour l’extinction de leurs enseignes et vitrines entre 1h et 6h du matin.
Grâce à de gros investissements qui vont être accélérés par la crise énergétique, la commune s’équipe en diodes électroluminescentes (Led) et avec la gestion par ordinateur, elle préfère baisser la lumière au fil de la nuit. Objectif : réduire de 70 % la demande en électricité.
À Pau, le service « Lumières de ville », s’occupe de l’éclairage public, de la mise en valeur du patrimoine et des illuminations de Noël en ville, mais aussi de l’éclairage des zones d’activité économique de l’Agglo. Cela représente 15 500 points lumineux (dont 2 000 dans les ZAE) et 450 armoires qui les commandent.
🔵 Pour ouvrir la carte en plein écran et pouvoir utiliser un outil de zoom, cliquez ici.
Depuis le début des années 2010, la Ville travaille sur le renouvellement de son parc avec de nouvelles générations de luminaires, mais ce n’était pas encore les Leds actuels que le chef du service, Jean Bidegaray, estime désormais « matures » : « Aujourd’hui, cette technologie permet de faire de véritables économies : on peut diviser par deux la consommation ».
« C’est en 2020 que tout s’est accéléré », confie le spécialiste. Deux opérations d’aménagement marquent ce changement dans la technologie Led, le tracé de Fébus (qui représente 1 000 luminaires, parfois renouvelés mais surtout créés) et le quartier Saragosse avec l’Anru (1 000 points, cette fois-ci surtout du remplacement).
La Ville a, en effet, réalisé le diagnostic de son parc et lancé un plan de rénovation de 9 000 points lumineux et 300 armoires pour un budget de 10,53 M€ sur 10 ans. « Un tiers était dans un état inquiétant, âgé de 25/50 ans, parfois plus, alors que le cycle de vie d’un luminaire est de 25 ans », décrit le Monsieur Lumière de Pau, qui pointe en particulier le centre-ville et les quartiers Saragosse et du 14-Juillet, puisque « l’éclairage a suivi le développement de la ville ».
Mais c’est le réseau de voirie structurant qui a d’abord été traité, telle la rocade dès 2018 et les grands axes jusqu’en 2020. « Ce sont des voies de circulation où la puissance lumineuse est la plus importante », explique Jean Bidegaray. Là où on peut faire le plus d’économies.
Les agents de « Lumières de Ville » s’activent actuellement dans les rues du centre pour changer mâts et appliques, tous sur le même modèle, à Led et sans verre pour réduire les nuisances lumineuses. La zone à l’intérieur de la boucle devrait être équipée d’ici début 2023.
Le plan d’actions prévoit de mettre à niveau toute la ville, avec une hiérarchisation des interventions, sachant que selon le diagnostic de 2021, 4 646 points lumineux étaient « critiques », anciens et énergivores, 3 872 « optimisables », rénovés mais pas assez efficaces, quand 4 185 ont été optimisés et sont télégérés.
C’est l’autre pan de la modernisation du réseau : grâce à une application web, les agents peuvent agir à distance sur un point lumineux, toute une rue, un parc ou un quartier. Pour régler un dysfonctionnement, allumer, éteindre, couper la lumière pour lancer une illumination et surtout jouer sur l’intensité lumineuse, en la diminuant quand l’usage baisse.
C’est ainsi qu’après des tests, le service a pu démontrer que réduire la lumière au fil de la nuit est plus économique que l’éteindre. « Une coupure nocturne entre minuit et 5h, c’est 42 % d’économie d’énergie alors qu’en baissant par paliers, entre 20h et 6h, de 50 à 60 %, on arrive à 46 % d’économie », assure M. Lumière, qui ne veut pas pinailler sur les 4 %, mais explique que « le maire n’accepterait pas d’éteindre complètement : on veut garder le niveau de service aux usagers ». « Si on éteint la lumière, c’est qu’on n’a pas investi », tranche de son côté Michel Capéran, l’adjoint au maire chargé de l’urbanisme, en ajoutant que « la ville n’est jamais vide la nuit ».
En centre-ville, le nouvel éclairage Led qui fonctionne, comme le traditionnel, entre les heures de lever et du coucher du soleil, est désormais calé sur deux modes de fonctionnement : l’automne et l’hiver, il est baissé de 50 % entre 22h et 6h du matin ; le printemps et l’été, il baisse de 50 % à 22h, puis à 70 % à minuit, avant de repasser à 100 % à 6h du matin.
Sur le réseau structurant, l’intensité baisse de 25 % à 20h et de 50 % entre 22h et 6h. « La différence ne se voit parfois pas pour l’usager, mais la consommation est bien moins importante », précise Grégory Mendiboure, responsable d’exploitation, qui pilote l’éclairage.
Le bilan : « On a fait 70 % d’économies d’énergie sur le réseau structurant et 40 % en centre-ville ». La facture de la Ville est passée de 881 000 euros en 2019 à 762 000 euros en 2021. Le service estime que sans action, la facture 2021 aurait été presque doublée, de l’ordre de 1,3 M€. « En deux ans, on a baissé la consommation électrique de 13 %, malgré la hausse des énergies », se réjouit le chef de service, très fier de ce travail maison et d’agents qui ont su se spécialiser : « Tout est réfléchi en interne où on a toute l’ingénierie ». L’investissement exceptionnel de la collectivité ne sert qu’à payer les fournitures.
Mais le passage du kWh de 6 centimes en 2022 à plus de 10 en 2023 – et sans doute plus à l’avenir – change la donne. « Il fallait se réorganiser et aller plus vite. » Avec ses bons chiffres, le service convainc les élus que l’investissement en fournitures de 1 M€ annuel, prévu sur 10 ans, doit passer à 1,7 M€ sur 5 ans, entre 2023 et 2028. « Il fallait ce retour économique pour justifier l’investissement », confirme Michel Capéran. Les projections prévoient une économie de 2,73 M€ sur les 4 années à venir et 22 M€ sur 15 ans – le double du budget investi. 15 ans, c’est aussi la durée de vie d’une Led.
Il vous reste 90% de cet article à lire
À partir de 1€ par mois, sans engagement.
Déjà abonné ? Identifiez-vous.

source

Catégorisé: