Publié le 15/10/2017 à 10h34
Ce matin-là, sur la place principale de Rosières, l’ambiance est à la polémique : pour ou contre le goudronnage de la Galoche ? Telle est la question qui agite les esprits des habitants de l’Emblavez venus faire leur marché. « C’est une honte, s’exclame Andrée qui habite Beaulieu. Ils sont en train de goudronner les derniers chemins restants, bientôt on aura plus un seul espace préservé. La voie verte, on devrait plutôt l’appeler la voie noire… »
“Si Yssingeaux et Montfaucon l’ont fait, pourquoi pas nous ?”
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Actuellement, l’ancienne voie ferrée de la Galoche qui relie Lavoûte-sur-Loire à la carrière de Saint-Julien-du-Pinet, soit 13 kilomètres, est recouverte d’un stabilisé. Ce revêtement est un mélange de sable et de graves apprécié des randonneurs, coureurs, amateurs de VTT et cavaliers.L’ancienne voie ferrée de la Galoche a fonctionné de 1890 à 1952.

D’ici l’année prochaine, ce tronçon sera intégré dans la Via Fluvia, un itinéraire régional de 114 kilomètres dédié aux cyclotouristes qui pourront relier la Loire au Rhône. À partir d’Yssingeaux, et ce jusqu’au tunnel du Tracol, l’ancienne voie ferrée est déjà recouverte d’un enrobé noir (bitume). Ainsi, la portion située dans l’Emblavez est l’une des dernières à ne pas être goudronnée en Haute-Loire.
Harmonisation  de l’itinéraire « Si à Yssingeaux et à Montfaucon l’ont fait, pourquoi pas nous ? », s’interroge un Rosiérois. C’est là l’argument principal des municipalités de Beaulieu et Rosières : harmoniser cette partie avec le reste de la Via Fluvia. Comme l’explique Adrien Gouteyron, le maire de Rosières. « Jusqu’à présent, pour les Rosièrois, la Galoche c’était seulement de chez nous à Saint-Julien-du-Pinet. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas, c’est un itinéraire régional et on est bien obligé d’en prendre compte. » Un choix appuyé par Yves Collomb, le maire de Beaulieu, qui met aussi en avant l’importance des coûts d’entretien de l’actuel chemin pour une commune.
Les deux maires assurent vouloir respecter le « caractère particulier » de la Galoche, tout en favorisant le développement touristique du site. Ce chemin permet d’accéder aux ravins de Corbœuf et d’admirer les gorges de la Suissesse surplombées d’une série de viaducs. Pour respecter cette « particularité » et intégrer la voie verte dans le site, Rosières est plutôt favorable à un enrobé noir assorti d’un grenaillage de couleur claire. Tout comme Beaulieu qui est en train de réaliser un test dans le hameau de Adiac. Une option qui est loin de convaincre l’Association de protection de l’environnement vellave (APEV) qui s’oppose au projet.
« Outre la beauté du site naturel qui sera défigurée, on ne veut pas que ce projet soit limité à un certain nombre d’utilisateurs et qu’il privilégie les touristes au détriment des locaux, dénonce François Vérots, président de l’APEV. Le bitume est incompatible avec la pratique de la marche à pied, de la course et de l’équitation pour des questions de confort mais aussi de sécurité. » L’augmentation effective de la vitesse des vélos pourrait gêner les nombreuses familles qui viennent s’y promener, surtout depuis que les véhicules motorisés, sauf les riverains n’ont plus le droit d’y circuler le dimanche. Une disposition qui sera effective tout le temps à partir du moment où la Galoche sera déclarée voie verte. « Du coup, pourquoi goudronner si c’est interdit aux voitures ? », s’exclame Serge Fouillet, l’ancien président de l’APEV. Ce projet suscite parfois de l’incompréhension chez certaines personnes.
« C’est loin d’être la priorité, il ferait mieux de bien s’occuper des routes plutôt que de s’atteler à goudronner les chemins ! », lance un homme accoudé au comptoir d’un des cafés de Rosières.
Au contraire, Bernadette Mathias, l’adjointe au maire de Rosières, y voit un moyen de faire évoluer les pratiques en favorisant les déplacements quotidiens à vélo dans l’Emblavez. D’autres Rosiérois sont plus mitigés et reconnaissent que c’est un sujet délicat. « J’ai l’habitude de faire du cyclotourisme dans d’autres régions et les voies vertes c’est super, raconte Nicole, horticultrice à Rosières. Après, je ne suis pas pour le “tout goudron” et je suis sûre qu’il existe d’autres types de revêtements plus adaptés pour la Galoche. » En attendant la décision finale, le projet n’a pas fini de faire parler de lui… 
Julia BEURQ
Samedi 7 octobre, lors du Conseil municipal de Rosières, les élus ont évoqué la question de la future voie verte. Un projet accepté à la quasi-unanimité.
En préambule, Adrien Gouteyron, le maire de la commune, a tenu à rappeler que « par la loi, les voies vertes sont désormais de la responsabilité de la grande Agglomération du Puy-en-Velay ». Une manière de dire que quel que soit leur choix, ce sera l’Agglomération du Puy-en-Velay qui aura le dernier mot.
Adeline Giraud, conseillère municipale, a fait part de son opposition au projet. « Il faut que les considérations écologiques restent au cœur de nos choix », a-t-elle expliqué en enjoingant les autres élus à « revenir au bon sens et à cultiver la différence de Rosières ». Malgré cela, sa position n’a pas suffi. À la fin de cette discussion houleuse, le maire a soumis au vote la mise à disposition, à la grande agglomération du Puy-en-Velay, des terrains et des sols de la Galoche. Une vue sur les ravins de Corbeouf, à Roisières.
« Doit-on vraiment voter aujourd’hui ? », s’est exclamée une conseillère, trahissant le malaise général face à ce sujet. « Par le fait d’avoir intégré l’Agglo, on se sent pris en otage, si on dit oui, ils auront le dernier mot et la seule chose qu’on pourra négocier, c’est la couleur de l’enrobé ! », résume Adeline Giraud. Finalement, il y a eu 13 voix pour, deux abstentions et une voix contre.
Du côté de l’Agglomération ponote, on envoie la balle dans le camp des communes : « Pour le moment, rien n’est décidé quant au revêtement et les communes restent décisionnaires, assure Jean-Benoît Giraudet, le maire de Saint-Vincent et vice-président de l’agglomération ponote.
La Région, comme le Département se contentent de dire qu’ils financeront sûrement en partie la voie verte, sans que les montants ne soient encore connus. Dans tous les cas, les travaux ne devraient pas commencer avant l’hiver. 
 
 
1890
La Galoche, première ligne du Vivarais entre Yssingeaux et Lavoûte-sur-Loire, est inaugurée 54 ans après l’ouverture de celle reliant Firminy au Puy-en-Velay. Pendant plus de quatre ans, un millier d’ouvriers a travaillé à la construction des 22 kilomètres de cette voie de chemin de fer qui allait désenclaver l’Emblavez.

1939
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le trafic sur la Galoche atteint son apogée, avec un million de passagers par an. Le petit train transporte les Poilus, mais permet aussi aux citadins de se réapprovisionner dans les campagnes pendant les restrictions.

1944
Aux environs de 15 h 30 ce 26 juin, le train 106 s’emballe dans la descente, après Yssingeaux. Beaucoup plus chargé que d’habitude, avec à son bord 450 personnes, plusieurs wagons déraillent dans la courbe du viaduc de Chavalamard, haut de 30 mètres. Le bilan de l’accident est lourd : 12 morts dont la plupart sont Ligériens et 59 blessés. C’est le pire accident ferroviaire qu’ait connu la Haute-Loire.Le déraillement de La Galoche
1952
La Galoche fait son dernier voyage le 29 février. La voie est peu à peu démantelée et les rails enlevés.

2013
Cinq Communautés de commune (Pays de Montfaucon, Sucs, Emblavez, Bassin d’Annonay et Monts du Pilat) décident de créer une entente intercommunale afin de réfléchir ensemble sur le projet de la Via Fluvia et de créer une voie verte cohérente sur tous les territoires que celle-ci traverse.
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