Publié le 28/02/2019 à 16h33
Nathan Sportiello
L’odeur des hydrocarbures est facilement détectable. À Boissy-sans-Avoir (Yvelines), au milieu des champs, les camions de pompage vont et viennent. Un avion survole la zone. C’est ici, dans la nuit du dimanche 24 au lundi 25 février, qu’une importante fuite d’hydrocarbures s’est déclarée après la rupture d’un pipeline appartenant à Total.
Si la fuite a pu être stoppée quelques heures après le déclenchement de l’alarme, environ huit hectares de champs appartenant à deux agriculteurs ainsi que des rivières et des rus, ont été touchés. 900 m3 de pétrole, soit près d’un million de litres, ont eu le temps de s’échapper. Une fissure, d’une dizaine de centimètres a été constatée sur ce pipeline datant de 1967.
Les agriculteurs impactés recevront, eux, une indemnisation de Total. Plusieurs mois seront nécéssaire pour dépolluer le site
Fuite d’hydrocarbures sur le pipeline d’Ile-de-France, à Autouillet
La zone est inaccessible et fermée au public. Total y a mandaté une société de sécurité afin d’empêcher l’accès à toute personne non autorisée. Antony Sicard, chef d’exploitation chez Total, expliquait lundi 25 février : « Depuis lundi, des équipes sont mobilisées jour et nuit pour pomper et nettoyer. » Selon Total, il faudra une dizaine de jours pour nettoyer la zone. Par ailleurs, les dégats non visibles, eux, pourraient avoir des conséquences plus importantes.
À l’endroit où la fuite a été détectée, des camions creusent, d’autres pompent. Le pétrole pompé est directement transporté, par camions, au dépôt pétrolier de Gargenville à quelques kilomètres de là.
Le pipeline, enterré à moins d’un mètre de profondeur, et d’une longueur de 268 km, qui relie Le Havre à Grandpuits (Seine-et-Marne) avait pourtant été contrôlé au début de l’année 2019. « Ce pipeline avait été inspecté il y a quelques semaines, début 2019, dans le cadre d’une inspection décennale. Les comptes rendus vont être de nouveau étudiés ».
Total est installé sur la zone depuis lundi, afin de pomper et nettoyer le pétrole qui s’est échappé du pipeline
Cette rupture du pipeline a entraîné, mardi, l’arrêt de la raffinerie de Grandpuits. « Nous pouvons parler d’un arrêt qui se compte probablement en semaines », poursuit Antony Sicard. Total, dans un communiqué, explique que l’arrêt n’aura n’a pas de conséquence sur l’approvisionnement en carburant de la région parisienne. Le sud des Yvelines ne sera donc pas en manque de carburant.
Se pose maintenant le problème environnemental. Une fois la totalité du pétrole pompé, Total devra également enlever les terres touchées par les hydrocarbures : « Nous n’en sommes pas encore au stade de l’enlèvement des terres. Nous terminons en ce moment le pompage ». L’entreprise pétrolière craint aujourd’hui que la pluie, attendue dans les prochaines heures, ne complique les opérations : « Nous allons probablement devoir pomper de nouveau une fois la pluie tombée », poursuit Antony Sicard.
Des cours d’eau ont aussi été touchées par cette fuite de pétrole. En passant au-dessus du ru du Breuil, situé à quelques centaines de mètres de la fuite, on peut constater un léger aspect huileux sur le cours d’eau : « Des entreprises spécialisées, venues de Marseille, ont installé du matériel pour s’occuper des rûs. Une quinzaine de barrages sont actuellement en place », précise Antony Sicard. « Nous travaillons en étroite collaboration avec la police de l’eau et l’État, afin que tout soit transparent. »
Dans les prochains jours, plusieurs réunions seront organisées avec les élus locaux, afin de connaître la suite des opérations.
EELV. Mounir Satouri, président du groupe Europe Ecologie les Verts (EELV) au Conseil Régional et candidat aux élections européennes s’est rendu sur place, lundi 28 févriern accompagné de Marie Toussaint, également candidate, Sandra Regol, porte-parole d’EELV et David Jutier, co-secrétaire régional du partie en Ile-de-France. Après des négociations avec la préfecture des Yvelines, il a pu pénétrer sur les lieux du sinistre, interdits d’accès. L’élu a demandé au représentant de Total présent sur place “plus de transparence quant aux travaux qui étaient menés sur le site”. Mounir Satouri a également demandé à ce que les expertises soient réalisées par des experts indépendants.
Nathan Sportiello
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