Régis Bayle, président de la communauté de communes du Pays Viganais, en janvier 2022 (Photo DR)

Président du Pays Viganais et conseiller régional socialiste, Régis Bayle se fait le porte-parole des Cévennes en relayant une colère qui monte petit à petit dans ce que, depuis Nîmes, on appelle “les hauts cantons”. Il dénonce l’abandon du territoire par les services publics alors que, dans le même temps, l’État semble accumuler les barrières pour empêcher toute velléité de développement de ces territoires ruraux. 
Sans jeu de mot, l’interdiction d’arroser fin août dans le Pays Viganais – alors même que l’irrigation restait possible à Ganges – a sans doute été la goutte de trop. L’ingrédient qui manquait pour que prenne la mayonnaise. Depuis, l’émulsion s’est enrichie de l’annonce de la fermeture de la maternité de la polyclinique Saint-Louis à Ganges.
“Plusieurs problématiques font que les Cévennes en ont un peu marre”, relate Régis Bayle, président de la communauté de communes du Pays Viganais et maire d’Ardaillers, en maniant l’euphémisme. Dans un inventaire à la Prévert, malheureusement en phase avec le terrain, l’élu dresse une liste, qui n’est pas exhaustive, pour qui s’entretient régulièrement avec les maires des communes cévenoles. “Il y a eu le départ de la trésorerie du Vigan”, rembobine Régis Bayle. Un sujet sur lequel Patrick Malavieille, maire de La Grand’Combe, est longtemps monté au créneau.
“On a aussi dû encaisser le porté à connaissance aléa incendie”, poursuit le président du Pays Viganais. Une réglementation diffusée par la préfecture, qui a déjà mis à terre plusieurs projets de logements dont la dangerosité n’avait sauté aux yeux de personne dans les différentes communes, malgré la connaissance de leur terrain… Les arrêtés anti-sécheresse ont créé un sentiment d’injustice. Et, enfin, la volonté de Cap Santé de fermer la maternité de Ganges, officiellement faute de praticiens (gynécologues principalement, NDLR), interroge sur la possibilité de vivre encore dans des territoires plus reculés.

“Le département du Gard s’arrêterait-il à Sauve ?”

“Finalement, le Gard est bien plus impacté par les décisions sur le polyclinique que ne l’est l’Hérault”, constate Régis Bayle. Pour le dire autrement, la clinique de Ganges, point haut du département de l’Hérault, s’adresse en premier lieu aux populations qu’elle compte au Nord, à l’Est et à l’Ouest, bien moins au Sud qui regarde déjà vers Montpellier. Or, les trois points cardinaux cités en premier aboutissent dans le Gard. À Monoblet, par exemple, il est rare qu’on aille se faire soigner à l’hôpital d’Alès.
“À tout ceci s’ajoute le fait que l’interprétation de la DDTM (direction départementale des territoires et de la mer) du Gard est toujours très étroite par rapport aux textes”, poursuit Régis Bayle. Ainsi que l’éventualité, évoquée par courrier, que les casernes de pompiers de Valleraugue, Sumène et Le Vigan “soient déclassées”. Et ce, alors même que des constructions sont interdites au motif que le risque incendie est de plus en plus élevé dans la zone. Allez comprendre. “Le département du Gard s’arrêterait-il à Sauve ?, se demande Régis Bayle. C’est paradoxal parce que, depuis le covid, de plus en plus de gens veulent s’installer chez nous.” Un ras-le-bol qui aboutit à ce qui pourrait être plus qu’un trait d’humeur, la volonté de faire “comme le collectif de pompiers il y a quelque temps, une manifestation et aller, éventuellement, occuper le devant de la préfecture”.

Pas assez de risque incendie pour subventionner les DFCI

“C’est le début d’une réflexion, peut-être même qu’on aboutira à impliquer une partie des Cévennes alésiennes”, poursuit l’élu viganais, qui a déjà eu au téléphone, sur ce sujet, Sylvain André, maire de Cendras et président de l’association des maires ruraux du Gard. “Aujourd’hui, quand on rencontre la DDTM, on a un peu l’impression d’écouter l’apocalypse selon saint Jean : nos contrées vont mourir par le feu et par l’eau. Sauf que, dans le même temps, quand le Pays Viganais a demandé une subvention exceptionnelle pour rénover les chemins de Défense de la forêt contre l’incendie (DFCI), on nous a expliqué que le risque incendie n’était pas assez fort pour justifier une rénovation”, conclut Régis Bayle. À force de se les arracher sous le poids des injonctions contradictoires, les élus cévenols risquent bientôt de manquer de cheveux.
François Desmeures
francois.desmeures@objectifgard.com
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