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Frédéric Carré est dirigeant du groupe Carré (métallerie et menuiserie aluminium, 200 salariés) à Tournefeuille, en périphérie de Toulouse. Il est aussi président de Promologis (immobilier locatif et de l’accession à la propriété, siège à Toulouse). Après avoir présidé la FBTP Haute-Garonne de 2012 à 2018, il a été élu à la tête de la FFB Occitanie le 5 juin dernier. Il succède à Bruno Dumas, qui était président depuis juillet 2016.
Que retenez-vous de cette crise jusqu’à aujourd’hui ?
Frédéric Carré : « Cette crise arrive alors qu’on était en sortie de crise ou encore dedans depuis 2008, avec les problématiques de concurrence déloyale, de baisse de trésoreries, de manque d’activité… Il y a d’abord eu un arrêt brutal de 88 % de nos chantiers car nous n’étions pas en mesure d’assurer la sécurité sanitaire de nos salariés. Ça a généré du doute, de l’incertitude et un danger de mort pour les entreprises, qui, je le rappelle, ont dû lutter pour obtenir l’activité partielle ! Puis, avec la publication du guide OPPBTP, il y a eu la reprise. Le guide a permis de mettre en place une règle pour faire retourner nos ouvriers sur les chantiers, et a fixé un cadre de travail pour les maîtres d’ouvrage, les maîtres d’œuvre et les entreprises. Ce qui nous gêne, ce sont les redémarrages en plannings dégradés alors qu’on a 100 % de nos effectifs et qu’on ne peut pas facturer ce qu’on devrait. »
Dans quel état d’esprit avez-vous trouvé les troupes ?
« Les entreprises sont très inquiètes car elles n’ont plus de trésorerie. Il y a de l’inquiétude, notamment sur qui prend en charge les surcoûts imposés par la crise, c’est-à-dire l’immobilisation des chantiers, les mesures sanitaires, l’allongement des chantiers et le changement de cadences ? La question se pose pour les chantiers signés avant le Covid car les nouveaux tiendront compte de ces surcoûts… Ça se règle par des chartes. Mais tous les coûts ne peuvent pas être estimés aujourd’hui. Concernant l’immobilisation des chantiers et les mesures sanitaires, on peut les estimer et en général, les bailleurs ou maîtres d’ouvrage en prennent 50 %. C’est déjà ça mais 50 % de quoi ? Si c’est juste des mesures sanitaires, ce n’est pas suffisant. Les entreprises n’ont pas les moyens de faire des choses qui n’étaient pas prévu dans les devis. C’est pour ça qu’aujourd’hui, il y a une clause de revoyure pour les autres causes de surcoût, qu’on ne peut pas estimer. A terme, il est possible qu’il y ait une recrudescence de contentieux. »
Observez-vous déjà de la casse dans la filière*, du côté des entreprises ou de l’emploi ?
« C’est encore trop tôt. Il y a eu des mesures d’accompagnement des entreprises, le PGE, les reports de charges, les reports de prêts… Mais on va perdre 25 % de chiffre d’affaires sur 2020 ! La casse, ce n’est pas maintenant. A la relance, s’il n’y a pas d’activité, ça va être la guerre des prix ! Ils vont être tirés vers le bas et il y aura la casse sociale car les entreprises auront alors recours à de la concurrence déloyale et au dumping social. Le bâtiment est le grand absent du plan d’aide national et ce n’est pas normal. On aimerait des aides concrètes comme l’annulation de charges. Comment on fera quand il va falloir tout rembourser alors qu’on a moins d’activité ? Le président national de la FFB mobilise toutes ses troupes sur ces questions. »
Après l’arrêt des chantiers et la reprise de l’activité, vient celui de la relance. La Fédération du BTP Haute-Garonne, la FPI Occitanie Toulouse Métropole et l’USH Occitanie M&P viennent de lancer un appel conjoint à l’État et aux élus du territoire, pointant « une situation d’urgence absolue » et demandant à ce qu’un plan de reconstruction volontariste soit financé et déployé au plus vite. Cela vaut-il pour toute la région Occitanie ?
 « Oui ! Je travaille sur n plan de relance avec la Région, pourquoi pas un plan Marshall 2 (la présidente Carole Delga, à peine élue, avait lancé un plan Marshal pour le BTP dès février 2016, NDLR). D’autant qu’en région, on a besoin de logements, d’infrastructures, d’équipements publics… C’est le moment d’avoir les ambitions et prendre des risques. Les élus locaux essaient de faire ce qu’ils peuvent. Il faut qu’ils redonnent confiance au monde économique pour qu’il recommence à investir, et qu’ils investissent eux-mêmes. Il ne faut pas arrêter les chantiers en cours. Et surtout, il ne faut pas baisser les plans d’investissement, il faut les accélérer ! Sinon ce sera de la casse en pagaille. Quand on a le volume d’activité, on est un métier en tension, on a besoin de recruter. On pourrait donc accueillir des salariés venant de l’industrie de l’aéronautique par exemple. Notre travail avec la Région se traduira par une charte opérationnelle de reprise avec la sortie, à la rentrée, d’un plan de relance pour la filière. On est entendu par Carole Delga, qui m’a affirmé son soutien à la filière. »
Redoutez-vous que les élections municipales créent de l’immobilisme ?
« Ces élections ne nous ont pas aidés ! On est allé rencontrer les candidats, en demandant surtout de ne pas bloquer les projets. Un temps d’arrêt serait catastrophique. On arrive dans une période où les entreprises vont être dans le dur ! Il va falloir du travail pour assumer tout ça. Le PGE, c’est très bien, mais il faut réfléchir à un système pour étaler la dette sur du plus long terme… On a besoin de travail, il ne faut pas le bloquer et on s’en sortira ! Libérez les chantiers pour qu’on puisse bosser ! »
* En Occitanie, la filière bâtiment représente 15,5 M€ de chiffre d’affaires, pour 70 000 établissements et 150 000 actifs, dont 39 000 artisans (26 %).
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