La place des Ecritures avec sa pierre de Rosette, œuvre de l’artiste américain Joseph Kosuth, a été inaugurée voilà trente ans à Figeac. Retour sur une folle aventure.
Il y a trente ans, le 11 mars 1991, l’ex-libris Champollion était inauguré en présence de Jack Lang ministre de la Culture, Martin Malvy député maire de Figeac, ancien ministre, Maurice Faure président du conseil général, ancien ministre d’État, et de Marcel Costes sénateur. Cette représentation fidèle mais à grande échelle de la pierre de Rosette, a été réalisée par l’artiste conceptuel américain Joseph Kosuth, à qui l’on doit également l’aménagement complet de la place des Ecritures.
C’est en 1977 que tout commence, ainsi que l’explique Jean-Claude Lugan, l’un des compagnons fidèles de Martin Malvy tout au long de sa carrière politique. « Lors de notre premier mandat j’étais chargé notamment des affaires culturelles. C’était une tâche assez facile, car tout était à faire. Nous avions décidé de réhabiliter le centre-ville, dans le but d’y fixer la population. Martin Malvy me demande de m’en occuper et de chercher des financements. Je prends contact avec divers organismes, comme l’Arim ou l’Anah, et leur demande si le projet les intéresse. À l’époque, de nombreuses villes étaient encore en sommeil et ne songeaient pas à les contacter. Or il y avait près de la maison natale de Champollion, cet îlot de ruines, dans un état calamiteux. Nous avons pensé nous servir de l’homme illustre pour appuyer notre démarche. La maison de Champollion était également en triste état. D’ailleurs, nous n’avons gardé que la façade et tout reconstruit jusqu’au toit. Et l’idée d’en faire un musée s’est vite présentée à nous ».
Des contacts sont pris avec quelques sommités, qui ne se prononcent pas vraiment, attendant plus d’informations. De son côté, Jean-Claude Lugan fouille le grenier de la mairie et découvre de grandes planches sur l’Egypte, ainsi que de vieux livres sur ce pays.
« On me dit un jour, qu’une momie dort à Cahors, dans les réserves du musée Henri-Martin, poursuit l’élu. À Cahors, elle n’intéressait personne, mais nous, si, car nous n’avions pas grand-chose à présenter… Après de nombreuses démarches auprès du musée du Louvre, nous y sommes enfin reçus, mais… comme des ploucs ».
Martin Malvy en parle alors à Jack Lang, et tout se déclenche.
Mais pour réaliser le programme et créer le musée, il fallait restaurer tout le secteur, ce qui entraîne la réhabilitation des logements HLM tout à côté. Le député-maire de Figeac soumet alors à Jack Lang l’idée d’une commande publique près de la maison de Champollion.
« Une excellente idée, poursuit Jean-Claude Lugan, car une commande publique c’est l’État qui paye. Mais c’est aussi lui qui choisit l’artiste. Lang nous annonce alors que ce sera Joseph Kosuth, l’un des pionniers de l’art conceptuel, qui créera l’œuvre. Au conseil municipal, personne ne le connaissait. Peu après, en vacances, je visite avec mon épouse le musée d’art moderne de Nice, où l’une des salles était consacrée à Kosuth. Et là, surprise ! Que des œuvres modernes que j’imagine mal dans notre vieille ville médiévale ».
Pourtant l’artiste s’est déjà rendu à Figeac. Visitant l’îlot où dans le futur doit briller son œuvre, il a réfléchi, s’est inspiré des lieux.
« Nous avions tort de craindre le pire avoue l’élu, car je dois reconnaître que Kosuth a su parfaitement traduire notre désir. Tout en plaçant Champollion et sa pierre de Rosette au cœur de son œuvre, il a su donner à la place tout entière une dimension artistique inégalée. Je pense que dans sa carrière, la place des écritures de Figeac est une œuvre majeure ».
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La vie de Champollion était citée en exemple par le proviseur du lycée du même nom, Georges Cazard.
Le brexit va t-il faciliter le déplacement de la pierre de Rosette de Londres vers Figeac?!
Bonne journée.