À l’ouest du Boucanet, la plage se réduit… Au large de Port Camargue, le banc de sable cause des soucis. À l’Espiguette, il faut compléter les digues de second rang. Explications.
"Le terrain, le terrain ! Je le dis souvent aux jeunes ingénieurs, il faut aller sur place : rien ne remplace le terrain", sourit Thibaut Mallet, directeur du Symadrem (Syndicat mixte interrégional d’aménagement des digues du Rhône et de la mer). "Même si l’on travaille beaucoup avec les photos aériennes, c’est intéressant de venir sur site", note l’un des ingénieurs.
Quant à Pierre Raviol, président du Symadrem, adjoint au maire à Arles et riziculteur, inutile de le convaincre des vertus du terrain : "Je suis paysan, les pieds bien dans la terre, alors…" Dans la terre et un peu dans l’eau aussi…
Le Symadrem est une structure ultra-compétente en la matière
Ce qui était bien l’objet de cette visite, effectuée avec des représentants de la municipalité du Grau-du-Roi et de la communauté de commune Terre de Camargue le 25 novembre dernier, destinée à fouler aux pieds les réalités concrètes de l’érosion de la côte graulenne.
Le Symadrem gère la prévention des inondations du delta du Rhône et mène le Plan Rhône défini par l’État et les régions à la suite des inondations de 2003. Il entretenait également les ouvrages (digues maritimes, épis, brise-lames) du littoral côté Bouches-du-Rhône. Depuis début 2020, il a récupéré la compétence dite Gemapi, transférée par la communauté de communes Terre de Camargue.
"Un transfert fait en toute confiance, le Symadrem est une structure ultra-compétente en la matière", comme l’ont rappelé Robert Crauste, maire du Grau-du-Roi, et Régis Vianet, vice-président de Terre de Camargue.
Guidés notamment par les explications de Christophe Rosso, responsable du pôle espace naturel de la Ville du Grau-du-Roi, élus et techniciens se sont donc rendus sur trois sites emblématiques de la côte. À commencer par la partie ouest de la plage du Boucanet, entre la Handiplage et le Vidourle, à la frontière de l’Hérault. Ici, la plage est régulièrement grignotée par la mer.
Ce qui est particulièrement visible au niveau de deux structures de vacances, la résidence Belambra et le camping Cap Fun. Devant les enrochements, le sable ne laisse plus qu’un faible espace pour passer à pied, en évitant les vagues.
Sur la partie ouest du Boucanet, les travaux prévus consisteront à recréer une dune naturelle d’une base de 40 mètres. Ce qui va entraîner la suppression des enrochements existants, qui assurent notamment la sécurité des campings et structures de vacances. Une rangée de bungalows du camping, la plus proche de la mer, devra aussi être démontée. Actuellement, "les enrochements ne sont plus une option retenue", confirme Thibaut Mallet.
"La houle, en heurtant les rochers reprend de la force et prélève encore plus de sable", explique Robert Crauste. Un inventaire faune flore devra être réalisé en 2021, en préalable des futurs travaux.
Des projets suivis attentivement par l’État pour qui la restauration du cordon dunaire de l’Espiguette a valeur d’exemplarité nationale comme en témoigne un petit film, La nature au secours des milieux aquatiques. Il est présenté par le ministère du Développement durable.

Enrochements et premier rang des bungalows seront démontés.
Enrochements et premier rang des bungalows seront démontés.

Direction ensuite la plage de l’Espiguette, à l’est de la ville. Un cordon dunaire restauré ces dernières années, avec le conservatoire du littoral, a montré ses preuves. Il est à présent totalement intégré dans le paysage, avec une végétation qui a repris ses droits.
"On a à présent un projet pour compléter le cordon dunaire de second rang. Il faut éviter d’être pris à revers par la mer. Car, par gros temps, l’eau entre dans les étangs", poursuit Robert Crauste.
Troisième et dernière étape de la visite : le fameux banc de sable qui se crée depuis la pointe ouest de l’Espiguette, au large de Port Camargue. Un trait de côte, mouvant, qui évolue au fil des ans et des tempêtes.
L’enjeu sera de le stabiliser de la façon la plus naturelle possible en tenant compte aussi des hypothèses liées à l’élévation du niveau marin.
C’est l’un des “spots” de l’été. Une nouvelle plage sur laquelle on vient faire des apéros, se baigner… Au large de Port-Camargue, ce banc de sable s’est créé à la pointe ouest de l’Espiguette par un retour de sable de la plage. La digue, pourtant rallongée de 500 m ne suffit plus…
"Ce banc de sable existe depuis longtemps, mais là, en quelques années il a pris une ampleur considérable", note Christophe Rosso. Obligeant les chalutiers à contourner très largement l’obstacle. Le sable fait un arc de cercle, vers Port-Camargue.
"Mais il ne s’étend plus vers Port Camargue maintenant. Il part tout droit, en direction de La Grande-Motte", poursuit Christophe Rosso. Une étude de la Dreal a été réalisée sur le sujet et doit prochainement faire l’objet d’une restitution à la commune. Ce sable a déjà été extrait et utilisé pour réensabler d’autres zones du littoral.

Une plage prisée en été mais préoccupante pour la Ville.
Une plage prisée en été mais préoccupante pour la Ville.

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Et oui, les grands génies qui ont domestiqué le Rhône dans les années 50 n'avaient pas pensé que sans les milliards de mcube de sédiments déversés chaque année et bloqués par leurs barrages, les côtes finiraient par disparaître. C'est ballot.
Au moins, depuis, pour les barrages, ils prévoient aussi des évacuations basses pour laisser passer gravier et limon.
Pour nos côtes, c'est foutu. D'un côté, on drague le Rhône en permanence pour éviter l'ensablement, de l'autre, on balance des millions de tonnes de sable sur les cotes.

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