Stéphane, le quinqua bordelais, y a passé des vacances, enfant. « On venait ici, avec mes parents. Au camping… » De quoi laisser perplexe celui qui découvre le site naturel protégé des réservoirs de Piraillan, propriété du Conservatoire du littoral. D’abord cet endroit se mérite : trouver le sésame depuis la D 106 – qui traverse la Presqu’île depuis Claouey jusqu’au Ferret – demande de l’attention.
C’est dans un virage qu’une entrée se dessine. Le visiteur gare sa voiture ou son vélo et se retrouve devant un portail en bois, fermé, dont il faut oser pousser la poignée. On saura plus tard…
C’est dans un virage qu’une entrée se dessine. Le visiteur gare sa voiture ou son vélo et se retrouve devant un portail en bois, fermé, dont il faut oser pousser la poignée. On saura plus tard, lors de la visite, que cette précaution entend éviter que des « résidents » du site ne se retrouvent à divaguer sur la départementale.
Les secrets des lieux ? C’est Marie-Catherine Chaumet, garde du Conservatoire du littoral, qui les dévoile. En poste, ici, depuis 1997. Une famille de vacanciers de l’Oise écoute l’histoire.
On remonte à 1876, date à laquelle les frères Lesca se portent acquéreurs de 30 000 hectares de terres boisées mis en vente par l’État. Ici, à Piraillan, les Lesca exploitent la résine du pin et les arbres pour du bois d’œuvre et les poteaux de mine du nord de la France.
Ils profitent de l’existence d’une escourre, reliant le site à l’eau du bassin, pour créer un réservoir à poissons de 6 hectares. « Dans les années 1960, la résine ne rapporte plus, explique la guide, c’est le temps des congés payés et la petite-fille de Francis Lesca, Jeanne, décide de louer, pour des vacanciers, une partie des 40 hectares. Ceux-ci y plantent leurs tentes. Et ce, alors que depuis 1943, le lieu est classé pour sa qualité paysagère et pittoresque. » Il deviendra en 1974 un camping municipal. On y voit pousser des caravanes. Il faudra attendre la nouvelle municipalité de Lège-Cap Ferret, en 1995, pour que la nature soit autorisée à reprendre ses droits et que les campeurs soient invités à poser leurs sacs ailleurs…
Marie-Catherine Chaumet était là. Elle a participé activement au démantèlement des installations du camping et pas que. « Nous avons fermé certains sentiers pour que la végétation retrouve sa place. Nous avons répertorié les espèces végétales présentes : 99 à l’époque pour 366 aujourd’hui. » Les exotiques ont été sorties ou gérées pour éviter l’invasion, les endémiques et les indigènes confortées. « La flore a évolué entraînant avec elle la faune. »
Marie-Catherine et sa jeune stagiaire Maeva, non sans avoir rappelé les consignes pour respecter la quiétude des occupants et la préservation de la biodiversité, embarquent les longues-vues et leurs invités du jour sur le terrain.
Il suffit d’avancer de quelques dizaines de mètres pour que le vacarme de la civilisation se fasse oublier. Une petite colonie d’oies cendrées guidée par une meneuse normande immaculée, le bec haut, accueille en silence les visiteurs, tandis qu’une chorale de cigales fait résonner son répertoire. La garde du Conservatoire du littoral explique l’invisible. « Nous sommes très attentifs à l’évaporation et au risque d’anoxie, surtout en période de canicule. Il nous faut ouvrir tous les dix jours l’écluse et procéder au déboire et au boire du réservoir. Ce qui n’est possible que lorsque le coefficient de marée dépasse 80. »
Et on y trouve quoi dans ce réservoir ? « Des opisthobranches ou limaces de mer, des hippocampes, des nudibranches, et des poissons ». Bien évidemment, ici, pas question de sortir la canne à pêche ou le filet !
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En cette période estivale, les sécheresses et les canicules rendent la végétation plus sensible : un mégot, un barbecue mal éteint ou une étincelle peuvent être dévastateurs.👉👉 https://t.co/QABw8uIHem pic.twitter.com/tKpjjId2bb
La balade guidée se poursuit sur deux heures. Un pic-vert salue la petite troupe. Une coquille témoigne de l’éclosion d’un bébé palombe. Un « trognon » de pomme de pin, des petites dents d’un écureuil… Le site est aussi accessible librement tous les jours. Les joggers s’y retrouvent, à la fraîche, les marcheurs plus tard. Une règle à observer : respect des lieux et de leurs occupants.
Sur la terre ferme, on découvre la végétation : des pins, des chênes, des robiniers ou faux acacias, là des arbousiers, des genêts à balai, ainsi que des mûriers et figuiers, sources de gourmandise pour les fouines, les blaireaux, les renards, les écureuils, les martres. On lève le nez vers les cimes. Marie-Catherine dégaine la longue-vue. Elle sait où nichent les hérons cendrés et les aigrettes. On observe en silence. Puis un cri retentit. C’est le milan noir. Repéré. Le charognard se laisse mirer à une centaine de mètres. Un autre cri plus grave lui répond. « C’est un faucon hobereau. Le milan noir s’est probablement posé trop près de son territoire », lâche Marie-Catherine.
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