16 marins se sont élancés des Sables-d’Olonne le 4 septembre dernier pour la GGR, la Golden Globe Race, un tour du monde à la voile en solitaire sans électronique, qui doit durer plus de 200 jours. Retour sur trois semaines de course.
“C’est l’expérience d’une vie. D’abord parce que c’est la course la plus longue, mais aussi parce qu’on part sur une rupture quasi-totale de communication pendant plusieurs mois. Même les astronautes n’ont pas cette opportunité”, se réjouissait Damien Guillou, le skipper de PRB, à la veille du départ de la GGR. 
Dans la ligne de mire des seize marins au départ, 30 000 milles nautiques, soit plus de 55 000 km, à parcourir sur un voilier vintage, sans moyen de navigation moderne.
Seize marins âgés de 27 à 69 ans, autrichien, américain ou encore irlandais qui lors de cette course folle doivent obligatoirement passer par les 3 caps de référence : Bonne Espérance, Leeuwin, Horn, sur des voiliers construits avant 1988 et n’excédant pas les 11 mètres de longueur.
Avec un départ 2022 rendu difficile par un gros temps et une mer forte, les skippers ont connu des fortunes diverses en début de course.
Damien Guillou a dû rebrousser chemin vers les Sables d’Olonne pour un problème de rupture d’attache de son régulateur d’allure. Il a pu repartir dans les temps mais a prix six jours dans la vue.
Ertan Beskardes a subi un court-circuit électrique et s’est assommé en tombant dans le cockpit.
Guy deBoer a frôlé la collision avec un bateau de pêche et s’est entaillé la jambe, son bateau s’est finalement échoué sur les récifs de la côte nord de Fuerteventura, à Las Palmas, aux Canaries. Le skipper est indemne. 
“Si j’ai heurté les rochers, c’est parce que la vitesse du vent a considérablement baissé et que le bateau s’est rapproché de l’île, ce dont je ne me suis pas rendu compte avant que le bateau ne heurte les rochers. J’aurais dû aller du côté Est et éviter d’avoir une côte sous le vent” a expliqué le skipper aux organisateurs de la course.
C’était une mauvaise décision du skipper et j’en paie le prix aujourd’hui
Skipper
Edward Walentynowicz a décidé d’abandonner, “envisageant une participation plus sereine en 2026”.
Ils sont donc désormais 14 encore en course.
Damien Guillou, en pleine remontada, devance désormais Arnaud Gaist et Mark Sinclair.
Simon Curwen est actuellement en tête de la flotte devant Tapio Lehtinen et Pat Lawless. Ce dernier est talonné par Kirsten Neuschäfer et Abhilash Tomy, le marin indien qui avait été secouru après 83 jours lors de l’édition précédente.
Son bateau, une réplique du yacht en bois de 32 pieds sur lequel l’Anglais Sir Robin Knox-Johnston avait remporté la première édition de la GGR, avait démâté dans l’océan Indien sud. Abilash Tomy avait lourdement chuté se blessant gravement au dos.
Incapable de bouger; il avait finalement été secouru par le  patrouilleur des pêches du gouvernement français OSIRIS.
C’est le marin Sablais Jean-Luc van den Heede qui était arrivé vainqueur de l’édition 2018-2019, après 211 jours, 23 heures et 12 minutes passés en mer. Trois fois le record du Vendée Globe établi par Armel Le Cléac’h en 2016/2017 (74 jours 3 heures 35 minutes 46 secondes).
Outre l’eau et la nourriture, la plupart des marins ont embarqué un nécessaire de pêche et surtout de quoi tenir lors des nombreux moments de solitude de leur longue traversée.
“Si cela devient vraiment dur, je lis un roman comme ça je peux m’échapper de mes propres pensées et me mettre dans celles de quelqu’un d’autre”, expliquait avant le départ la Sud-Africaine Kirsten Neuschäfer, 40 ans et seule femme à participer.

   
En plus des livres, l’Américain Guy Deboer a pris 200 cigares, le Britannique Simon Curwen des dizaines de cassettes audio et le Vendéen Arnaud Gaist une trentaine de saucissons. 



“Je ne connais pas les astuces des autres concurrents, mais moi je ne prends rien de potentiellement déprimant. J’ai plein de petits cadeaux et des photos de famille qui me donnent du courage”, a détaillé Neuschäfer. 
Car du courage, il en faut pour arriver au bout d’un tel défi. Lors de la Golden Globe Race 2018, 6 seulement des 27 concurrents avaient terminé la course. 
Et lors d’une première édition mythique entre 1968 et 1969, le Britannique Robin Knox-Johnston avait été le seul des 9 marins alignés au départ à boucler son voyage, devenant du même coup le premier homme à avoir navigué seul autour du globe sans escale. 

 

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