Et une de plus. Urban Campus et In’li viennent d’annoncer la construction d’une résidence de coliving à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). Réunissant 165 studios individuels et en colocation, l’immeuble va également abriter des espaces partagés (cuisine, salons, coworking, salle de sport, rooftop…) ainsi qu’une salle de coworking pour les entrepreneurs locaux. Livraison prévue en 2025.
Ce projet est typique de ces formes alternatives d’habitats qui se multiplient en milieu urbain au même titre que les résidences intergénérationnelles ou l’habitat participatif.
La tendance du « co- » dans l’habitat est durable, selon Damien Robert, président du directoire d’In’li, une filiale d’Action Logement spécialisée dans la location de logements intermédiaires. « Les jeunes actifs, qui constituent 80 % de nos nouveaux entrants, recherchent des appartements dans des quartiers vivants, proches des transports. Mais leur donner accès à un ensemble d’espaces conviviaux et d’événements favorisant le sentiment d’appartenance à une communauté est pour eux un gros plus », estime-t-il en précisant l’engagement d’In’li : 2.000 logements en coliving livrés d’ici trois ans.
« Cela répond à des évolutions sociétales connues », appuie, Amaury Courbon, cofondateur de Colonies, l’un des principaux gestionnaires d’immeubles en coliving. Son entreprise vient d’annoncer un partenariat de 200 millions d’euros d’investissement avec CDC Habitat pour créer une vingtaine de grandes résidences dotées d’espaces communs. « Les jeunes restent célibataires plus longtemps et ne pas se retrouver isolé est un vrai enjeu. »
Sortir du « chacun chez soi » et créer davantage de lien social, c’est aussi l’ambition de l’habitat participatif , encadré par la loi Alur (2014). Le principe ? Des collectifs d’habitants s’associent pour créer leur propre résidence en partageant certains espaces et activités. Un moyen de favoriser les échanges entre générations et des modes de vie écoresponsables. Actuellement, il se crée en moyenne 300 logements de ce type par an, selon le mouvement Habitat Participatif France qui prévoit que leur nombre dépassera les 10.000 d’ici cinq ans.
Même si ces projets mettent du temps à se concrétiser, quatre ans en moyenne, plusieurs collectivités comme Strasbourg, Nantes ou Lille encouragent leur développement. Dans les zones les plus tendues, ces habitats participatifs portés par de simples citoyens auraient peu de chance de voir le jour sans l’intervention en amont de l’autorité municipale, via des appels d’offres fléchés en partie vers ce type de dossiers. D’une manière générale, la frilosité des élus vis-à-vis de ces nouveaux modèles s’estompe.
Car ces projets collectifs se démarquent avantageusement des constructions standards souvent rejetées localement. Christine Leconte , présidente du conseil national de l’Ordre des architectes, l’assure : « Les maires peuvent être moteurs à condition de faire aménager des parcelles disponibles dans une logique de bien commun. En apportant quelque chose au quartier et à ses habitants, comme un local partagé ou un jardin ouvert, ces logements nouvelle génération sont bien mieux acceptés que des projets peu qualitatifs. »
Les résidences « intergénérationnelles » commencent également à susciter un bel intérêt auprès de villes confrontées au vieillissement de leurs habitants. C’est le constat du bailleur social Seqens (Action Logement) qui a fait naître neuf projets immobiliers depuis cinq ans en région parisienne. Ces ensembles de 90 à 170 logements comprennent des espaces partagés et des activités généralement coordonnées par une association locale.
A l’attribution des appartements, le bailleur assure veiller à un mélange équilibré entre familles, jeunes actifs et seniors pour éviter une situation d’isolement. Pour Damien Cacaret, président de Silver Valley, cluster fédérant des acteurs de l’économie au service des personnes âgées , « les babyboomers sont plus ouverts que leurs aînés à ces nouveaux lieux de vie prometteurs de lien social, pensés au coeur des villes et adaptés à des seniors autonomes ».
Une alternative bienvenue aux Ehpad médicalisés qui doivent être réservés à la grande dépendance. Pourtant, d’après une étude de Silver Valley dévoilée le 29 novembre, ces formules innovantes restent mal connues du public cible. Les deux tiers des 1.000 seniors interrogés ne se sentent « pas du tout informés sur les alternatives à la vie au domicile ».
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