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“On ne veut pas de grandes équipes parce que ça ralentit tout le process. Nous faisons tout pour éviter de devenir un grand groupe !” Stéphane Saigre n’est pas le fondateur d’une startup ou d’une PME innovante mais bien le directeur de la marque de surf Olaian et ancien DG France de Decathlon, une entreprise qui emploie 93.000 salariés dans le monde dont 25.000 en France et plus de 1.200 en Nouvelle-Aquitaine. Un grand groupe, assurément, mais qui prend soin de conserver un fonctionnement très atypique pour une entreprise de cette ampleur.
Installé sur 10.000 m2 dans les anciens bâtiments de la criée du port d’Hendaye (Pyrénées-Atlantiques), le centre mondial d’innovation pour les sports d’eau de Decathlon (Decathlon water sports center) emploie 275 collaborateurs, soit quatre fois plus que lors de sa création en 2004. “Ce centre regroupe toutes nos marques de sports d’eau : Olaian (surf), Itiwit (stand up paddle et kayak), Subea (plongée), Tribord (voile) et Nabaiji (natation). Ce découpage progressif de nos marques répond autant à une logique d’identification pour le client qu’à une logique interne de management pour conserver des entités et des équipes réduites, agiles et autonomes“, explique Stéphane Saigre, dont la marque Olaian regroupe 70 salariés à Hendaye.
Decathlon Water Sports Center
Le centre mondial d’innovation de sports d’eau de Decathlon est installé sur le port d’Hendaye, face à l’Espagne (crédits : PC/La Tribune)
Au sein d’un bâtiment qui agglomère tous les savoir-faire ou presque de Decathlon de l’idée initiale jusqu’au prototypage final, chaque équipe produit compte entre huit et une douzaine de personnes maximum : chef de produit, designer, styliste, ingénieur, modéliste, prototypiste et ingénieur terrain. “La répartition des tâches est très claire et chaque équipe sait ce qu’elle doit faire et dans quelle direction elle doit aller à horizon trois ans. Mais, pour y arriver, libre à elle de procéder et de s’organiser comme elle l’entend”, résume Stéphane Saigre qui fait un point complet entre 6 et 8 fois par an avec chaque chef de produit pendant une demi-journée.
Stéphane Saigne Decathlon Olaian
Stéphane Saigre, directeur d’Olaian, dans la salle de sublimation (crédits : PC / La Tribune)
L’autonomie, le travail en équipe et l’esprit d’initiative sont donc des compétences particulièrement recherchées et valorisées au sein de cette unité qui compte une dizaine de nationalités et une parité hommes-femmes. “Ce fonctionnement très horizontal, ouvert et fondé sur l’autonomie, ne convient pas à tout le monde mais c’est une logique de quasi intrapreneuriat qui est dans l’ADN de Decathlon depuis longtemps. Ces questions de savoir-être sont donc primordiales pour nous”, souligne le directeur d’Olaian.
Concrètement, depuis bientôt dix ans, chaque équipe a accès au “Garage”, un atelier digne de Géo Trouvetou, où il est possible de bricoler et de tester des premiers pré-prototypes purement fonctionnels. “Cela permet de tester très vite et de manière imparfaite une idée ou un concept pour vérifier que ça fonctionne ou que ça peut fonctionner. Avant on ne savait tout simplement pas faire ça”, assure Stéphane Saigre. Le masque de plongée Easybreathe, lancé en 2017, est ainsi né dans ce garage à partir d’un bricolage baroque.
Decathlon Water Sports Center
Les différentes versions du Easybreathe avant le produit final à droite (crédits : PC/La Tribune).
Et si ces premiers tests s’avèrent concluants, le water sports center abrite sous son toit toute la chaîne permettant d’affiner le produit, via notamment des outils de prototypages 3D conçus par Meshroom VR, d’en sélectionner les coloris, d’en tester les diverses résistances, de l’essayer en conditions réelles et d’en réaliser plusieurs versions avant d’obtenir le prototype final qui sera fabriqué, lui-aussi, sur place.
“Cela ne nous permet pas tant d’accélérer le time-to-market que d’échanger davantage sur le produit et de faire plus d’aller-retours entre la conception et la fabrication que si nous traitions avec un fabricant externe. Au bout du compte, on aboutit à un meilleur produit fini. Concrètement, la nouvelle planche de surf pour les débutants qui arrivera dans les rayons au printemps 2020 a été développée de A à Z en seulement 18 mois contre trois ans auparavant et, dans ce laps de temps, elle a connu sept versions successives !”, illustre Stéphane Saigre. Le directeur d’Olaian assure ainsi que “depuis quatre ans, nous avons mesuré une hausse sensible des notes de nos produits sur les avis clients”
Decathlon Water Sports Center
L’atelier de conception de la planche de surf pour débutant (crédits : PC / La Tribune)
Et la capacité à fabriquer sur place les prototypes grâce à des ouvriers qualifiés a aussi changé la donne. “Le développement de cette expertise industrielle en interne nous permet d’avoir des échanges différents, quasi d’égal à égal, avec nos fournisseurs et fabricants parce que désormais on sait concrètement ce que représente et coûte la fabrication de chacun de nos produits”, note Stéphane Saigre.

Decathlon Water Sports Center Hendaye
Les prototypes finaux de la plupart des produits sont fabriqués en interne, sur place, à Hendaye (crédits : PC / La Tribune).
Chaque année le centre basque dépose une dizaine de brevets liés aux sports d’eau et développe plus d’un millier de prototypes. Olaian révise environ un tiers de sa gamme chaque année. Et le plus évident pour sourcer les idées à l’origine de ces créations et de ces évolutions parfois très minimes, c’est d’aller demander l’avis des premiers intéressés : les utilisateurs. “Comprendre ce qu’attendent concrètement les utilisateurs de nos produits, c’est notre priorité. Chaque produit dispose donc d’un écosystème composé d’ambassadeurs internes à Decathlon, répartis dans le monde entier et disposant d’une application dédiée pour faire remonter des infos précises ; de sportifs pro ou quasi-pro, et d’utilisateurs lambda”, poursuit Stéphane Saigre. “Par exemple, Olaian s’appuie sur une trentaine de surfeurs, shapers et blogueurs reconnus, 100 ambassadeurs internes et un millier de contributeurs sur son groupe Facebook. La conception de notre dernier maillot de bain de surf pour femme s’est en plus appuyée sur 200 entretiens qualitatifs avec des surfeuses.”
Decathlon Water Sports Center
En eaux vives ou en piscine, la résistance des produits est testée sous toutes les coutures (PC / La Tribune).
Cet écosystème permet par exemple à un chef de produit de recueillir en seulement douze heures plus de 400 réactions sur le système d’attache d’un futur short de voile. Un outil aussi précieux qu’efficace que Decathlon entretient avec soin. Les contributeurs sont rémunérés en fonction de leur investissement et de la nature du produit. “Cette connaissance de nos clients, de leurs besoins et de leurs attentes est centrale. Le cœur du métier de chef de produit chez nous, c’est de constituer et structurer un pool d’utilisateurs représentatif du public de chaque produit”, insiste l’ancien directeur général France.
Une logique d’innovation qui est donc particulièrement ouverte, tout comme le sont les locaux d’Hendaye, adossés à un magasin et régulièrement visités par le public ou des entreprises partenaires. Une posture parfaitement assumée par Stéphane Saigre :
“Il y a vingt ans, il fallait se protéger mais aujourd’hui tout va trop vite donc il faut dépasser cette logique de secret et de fermeture. L’idée appartient à celui qui est capable non seulement de l’avoir mais surtout de la concevoir et de la commercialiser au bon moment. L’enjeu est donc d’aller vite. C’est notre objectif est c’est ce qui sous-tend notre mode de fonctionnement en petites équipes autonomes.”
 A l’avenir, Stéphane Saige n’exclu pas d’intégrer des startups dans cette chaîne d’innovation pour travailler sur des sujets donnés.

Decathlon Water Sports Center
Le site de Decathlon à Hendaye offre aussi une très jolie vue (crédits : PC / La Tribune).
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