En marge du front, la place de Belfort n’est plus une cible stratégique pour l’ennemi depuis 1915. Pourtant la cité va connaître des bombardements aériens réguliers tout au long du conflit et subir en 1916 les tirs aléatoires et terrorisants d’un canon allemand.
Depuis 1915, la place de Belfort est déclassée. Le front s’étant éloigné, elle tient lieu de cantonnement pour 72 000 soldats et de base logistique. Mais elle est tout de même en état de défense. Y sont installées des batteries d’artillerie et elle est entourée d’une série de forts et tranchées. Les travailleurs, moyens de transport, bétail… tout est réquisitionné pour la garnison. C’est donc une base arrière que survolent les avions allemands dès septembre 1914. 650 bombes seront larguées en quatre ans de conflit causant « seulement » 112 morts et une soixantaine de blessés.

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En marge du front, la place de Belfort n’est plus une cible stratégique pour l’ennemi depuis 1915. Pourtant la cité va connaître des bombardements aériens réguliers tout au long du conflit et subir en 1916 les tirs aléatoires et terrorisants d’un canon allemand basé au sud de l’Alsace. Images : Archives Départementales du Territoire de Belfort // Collection J-C Tamborini // Pathé Gaumont


Dès janvier 1915, face à cette menace aérienne, un système d’alarme avec sonnerie de clairon est mis en place au château, au sein de la citadelle qui surplombe la ville. Lorsqu’elle retentit les habitants sont invités à se mettre à l’abri. On limite l’éclairage nocturne. Cette situation est éprouvante, mais fait partie du quotidien. L’aviation française prend en chasse les avions allemands et en abat régulièrement.

 

Le pire épisode se déroule cependant de février à octobre 1916.

Lorsqu’un canon de marine Krup est installé au cœur de la forêt de l’Altenberg, près de la commune de Zillisheim, à 35 kilomètres de Belfort. Ses mensurations : 17 mètres de long et 110 tonnes. Il peut envoyer des projectiles de 750 kilos. Ce n’est pas une « grosse Bertha », mais un « Langer Max » ou « Langer Hans ». L’aviation française repère les travaux, à l’automne 1915 mais ne comprend pas immédiatement la nature de ces infrastructures. Plus tard, elle n’aura plus les moyens de la détruire.



Le premier obus est envoyé le 8 février sur Belfort en présence du Kronprinz, Guillaume de Prusse. Au total, 41 obus sont tirés dans l’année. Touchant tour à tour des sites militaires et civils. Ces attaques répétées, aléatoires et surtout imprévisibles créent la panique. Aucun vrombissement d’avion ne prévient à l’avance d’un bombardement. La population se réfugie en périphérie. Des Abris sont ouverts dans les tours bastionnées des fortifications Vauban. Les installations militaires sont désorganisées. Le terrain d’aviation est reculé à Luxeuil-les-Bains et devient moins efficace pour lancer des contre-attaques.



Ainsi, alors qu’en fin d’année 1915, Belfort connaît des bombardements en nombre (23 avions allemands en une seule journée en octobre) le canon de Zillisheim par son calibre, sa puissance explosive, et son imprévisibilité aura un impact psychologique bien supérieur. Son manque de précision limitera cependant son impact humain à 5 morts et 5 blessés.

Fin octobre, il est démonté et transféré sur un autre front. Seule demeure la plateforme toujours visible en forêt de Zillisheim.


Sources et remerciements : Jean-Christophe Tamborini – Les archives départementales de Belfort



Le livre référence : La Grande Guerre dans le Territoire-de-Belfort, Laurent Tatu et Jean-Christophe Tamborini, Editions Coprur

http://livre.fnac.com/a1639134/Laurent-Tatu-La-Grande-Guerre-dans-le-territoire-de-Belfort



Visite guidée en images https://www.youtube.com/watch?v=LVzm-B5Usow dans le Sundgau de ces vestiges par les auteurs de www.lieux-insolites.fr

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