En provoquant des inondations monstres sur le littoral atlantique et en faisant une cinquantaine de victimes, dont trente-cinq dans le seul département de la Vendée, et douze en Charente-Maritime, la tempête Xynthia a durablement traumatisé la région.
En dépit des secours, au matin du 28 février, le bilan des victimes de la tempête est en effet particulièrement élevé dans le grand Sud-Ouest où l’on déplore aussi deux morts dans les Pyrénées-Atlantiques et un dans les Hautes-Pyrénées.
Xynthia a aussi fait prendre conscience à la France de la réalité du risque de submersion, intensifié par le changement climatique, et posé la question des constructions en zones inondables ainsi que celle de la responsabilité de l’Etat et des élus en la matière. Chronique d’une tempête particulièrement meurtrière, restée dans les mémoires.
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Le 23 février 2010, les services météorologiques évoquent pour la première fois une dépression, située en plein cœur de l’Atlantique sur le tropique du Cancer et susceptible de se transformer en forte tempête. Le 25 février, des images prises par les satellites au large de l’archipel portugais de Madère, dans l’Atlantique subtropical, laissent apparaître le creusement rapide de cette dépression baptisée “Xynthia par les météorologues allemands, qui remonte peu à peu des régions subtropicales vers l’Europe.
En dépit des secours, au matin du 28 février, le bilan des victimes de la tempête est en effet particulièrement élevé dans le grand Sud-Ouest où l’on déplore aussi deux morts dans les Pyrénées-Atlantiques et un dans les Hautes-Pyrénées.
Xynthia a aussi fait prendre conscience à la France de la réalité du risque de submersion, intensifié par le changement climatique, et posé la question des constructions en zones inondables ainsi que celle de la responsabilité de l’Etat et des élus en la matière. Chronique d’une tempête particulièrement meurtrière, restée dans les mémoires.
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Le 23 février 2010, les services météorologiques évoquent pour la première fois une dépression, située en plein cœur de l’Atlantique sur le tropique du Cancer et susceptible de se transformer en forte tempête. Le 25 février, des images prises par les satellites au large de l’archipel portugais de Madère, dans l’Atlantique subtropical, laissent apparaître le creusement rapide de cette dépression baptisée “Xynthia par les météorologues allemands, qui remonte peu à peu des régions subtropicales vers l’Europe.
Le 26 février, le creusement rapide de la dépression et son potentiel «explosif» au sens météorologique du terme conduisent l’Institut météorologique national portugais à émettre un bulletin d’alerte pour dix districts du nord du pays. La protection civile conseille aux habitants des régions du centre et du littoral de limiter les déplacements en raison de rafales de vent estimées à plus de 160 km/h et de pluies soutenues. Une première victime est signalée dans la journée du 27 février : un enfant de 10 ans meurt écrasé par un arbre à Paredes, dans le district de Porto. Neuf personnes sont également blessées dans l’accident.
Après les îles Canaries, les premières rafales de vent atteignent rapidement les îles de Tenerife et de La Palma où des bourrasques de 120 km/h, 147 km/h et 160 km/h sont enregistrées. Xynthia touche la Galice dans le courant de l’après-midi du 27 février, avec localement des pointes de vent à 196 km/h.
Au Pays basque espagnol, les principaux médias diffusent des messages incitant les habitants à rester chez eux et donnant des consignes en cas d’urgence. La tempête menace désormais la France dont les services météo placent quatre départements en alerte rouge (niveau maximum) dans la journée du 27 février : la Charente-Maritime, la Vendée, les Deux-Sèvres et la Vienne. Au total, 69 départements sont placés en vigilance orange.
C’est la deuxième fois qu’un avis de vigilance rouge est mis en place pour des vents violents depuis la mise en place du dispositif dans l’Hexagone en 2001, après les tempêtes Lothar et Martin de décembre 1999.
Dans la soirée du 27, Xynthia s’abat sur le golfe de Gascogne, pendant qu’à Orduña, au Pays Basque espagnol, on enregistre des pointes de vent à 228 km/h…
C’est durant la nuit du 27 au 28 février et une partie de la journée du 28, que Xynthia se déchaîne sur la façade ouest de la France , frappée de plein fouet par la tempête.
Météo-France avait bien prévu la tempête et les habitants s’étaient préparés à subir des vents violents, comme en 1999, mais la montée des eaux n’avaient pas été anticipée… Si des rafales de vent à 160 km/h en Charente-Maritime (Île de Ré), voire 200 km/h sur les crêtes des Pyrénées (242 km/h au pic du Midi) sont enregistrées localement, c’est la submersion du littoral par l’océan qui fera le plus de dégâts.
En France, la tempête arrive au pire moment sur la côte atlantique. Associées à des marées de fort coefficient (102) , les puissantes rafales de vent et des vagues hautes de plusieurs mètres provoquent, durant la nuit, un phénomène de surcote et l’inondation des terres basses par l’océan .
Les conséquences sont dramatiques en Vendée et Charente-Maritime où les vents très violents qui soufflent jusqu’à 160 km/h, provoquent une rapide montée des eaux. Les digues rompues, la mer submerge les côtes de la Vendée (La Tranche-sur-Mer, L’Aiguillon-sur-Mer, La Faute-sur-Mer), Charente-Maritime (Aytré, Fouras, Châtelaillon-Plage, Boyardville, La Rochelle) et de la Gironde (Andernos-les-Bains, Cap Ferret).
Les îles d’Oléron, de , d’Aix et l’île Madame sont particulièrement touchées. Sur l’île de Ré , les digues cèdent en plusieurs points et les communes de La Couarde, Saint-Clément-des-Baleines et des Portes-en-Ré sont en partie inondées.
Les villages de la côte nord, dotés de ports, subissent également l’intrusion de la mer, principalement à La Flotte où l’on déplore deux morts.
Les habitants des maisons construites dans les terres situées sous le niveau de la mer sont surpris dans leur sommeil par la montée des eaux.
A Charron (Charente-Maritime), Xynthia fait trois victimes.
Mais c’est la petite commune de La Faute-sur-Mer, en Vendée, qui paie le plus lourd tribut à la violence de la tempête : 29 personnes ont trouvé la mort dans une zone située à un mètre sous le niveau de la mer, en contrebas de la digue du fleuve côtier Lay.
Parmi elles, beaucoup de retraités mais aussi certains de leurs petits-enfants en vacances, qui ont été piégés durant la nuit dans les maisons construites récemment dans la “cuvette mortifère”, cette zone submersible. 47 personnes ont également été blessées et 762 autres évacuées.
Dès le lendemain du passage de Xynthia, la polémique fait rage sur ces maisons construites en zone inondable .
Par sécurité, l’État rachète 700 maisons, à La Faute-sur-Mer et à L’Aiguillon-sur-Mer, de l’autre côté de l’estuaire, pour les raser. Le chantier démarre en mars 2011.
La zone pavillonnaire de La Faute-sur-Mer, aujourd’hui nettoyée, est désormais strictement inconstructible.
Après la catastrophe, la politique de prévention des risques est, en outre, renforcée. La ministre de l’Écologie d’alors, Nathalie Kosciusko-Morizet, présente ainsi, en février 2011, un plan de prévention des inondations et des submersions maritimes.
Il s’agit surtout de renforcer les digues sur le littoral français, d’améliorer les systèmes de prévision et d’alerte et de durcir les règles concernant les constructions situées en zone inondable.
Après trois ans et demi d’instruction, un procès aux enjeux nationaux s’ouvre le lundi 15 septembre 2014 aux Sables d’Olonne, en présence de nombreux experts. Plus d’une centaine de personnes proches des victimes , constituées en association – l’Association des victimes des inondations de La Faute-sur-Mer (Avif) – se sont portées partie civile, avec pour avocate Corinne Lepage , l’ex-eurodéputée écologiste spécialisée dans la défense de l’environnement.
René Marratier, ancien maire de La Faute-sur-Mer (800 habitants permanents), comparait avec deux de ses adjoints devant le tribunal correctionnel pour homicide involontaire, mise en danger de la vie d’autrui et manquement grave à l’obligation d’information des populations , aux côtés d’un promoteur immobilier local, d’un fonctionnaire de l’ancienne Direction départementales de l’équipement et de deux entreprises ayant construit les maisons en zone inondable.
René Marratier, encourt cinq ans de prison , la commune n’ayant pas mis en place son plan de prévention du risque d’inondation (PPRI) et son plan communal de sauvegarde (PCS). On lui reproche aussi de ne pas avoir répondu à son obligation de mise en place de repères de crue et de ne pas avoir réalisé de document d’information sur les risques majeurs (DICRIM), ni de diagnostic de vulnérabilité des habitations. Enfin, l’élu aurait illégalement délivré des permis de construire en zone inondable et insuffisamment informé la population et les propriétaires des digues des risques, lors de l’arrivée de la tempête Xynthia qui a fait 29 morts dans la commune.
Au terme de cinq semaines de procès , le 15 octobre, le ministère public requiert une peine de quatre ans de prison, dont trois ferme, à l’encontre de René Marratier, le maire de la commune de 1989 à 2014 et toujours conseiller municipal, et une peine de trois ans de prison, dont deux ferme, contre Françoise Babin. Le jugement est placé en délibéré.
Il faut des contre-pouvoirs forts dans la vie locale. Corinne Lepage, avocate des parties civiles
Le 12 décembre 2014 , le tribunal va au-delà des réquisitions et condamne lourdement l’ancien maire à quatre ans de prison ferme , une condamnation qualifiée d’historique. Son ex-adjointe, Françoise Babin, l’ancienne présidente de la commission d’urbanisme, par ailleurs promoteur immobilier, écope de deux ans ferme et d’une amende de 75.000 euros et son fils Philippe Babin, agent immobilier et président de l’association syndicale des marais marais en charge de l’entretien de la digue est, de dix-huit mois ferme. Les deux élus font aussitôt appel de leur condamnation.
Le 4 avril 2016, lors du procès en appel, la cour d’appel de Poitiers surprend les parties civiles. Elle condamne l’ancien maire à deux ans de prison avec sursis et l’interdiction d’exercer une fonction publique. Condamné à quatre ans de prison ferme aux Sables-d’Olonne en décembre 2014, René Marratier, poursuivi pour homicides involontaires et mise en danger de la vie d’autrui, sort en homme libre du tribunal et voit sa peine considérablement réduite.
>>> Sur notre site : Procès Xynthia : « Finalement, on est juste victimes d’une tempête… »
Françoise Babin, ex-adjointe à l’urbanisme, et son fils, Philippe Babin, agent immobilier, condamnés eux aussi en première instance, sont relaxés.
La cour d’appel estime que les fautes reconnues à l’encontre de René Marratier ont été commises dans le cadre de ses fonctions de maire et s’est par conséquent déclarée incompétente pour statuer sur les demandes de dommages et intérêts formulées par les parties civiles, leur demandant de se pourvoir devant le tribunal administratif.
Du côté des parties civiles , l’arrêt prononcé, incompréhensible, fait l’effet d’un coup de massue.
déplore dans Sud Ouest Renaud Pinoit, président de l’Association des victimes des inondations de la Faute-sur-Mer et ses environs (Avif).
Huit ans après la catastrophe, le tribunal administratif de Nantes condamne l’État et la commune de La Faute-sur-Mer à indemniser des victimes de la tempête Xynthia ou leurs proches, notamment en réparation d’un préjudice “d’angoisse de mort”. Corinne Lepage, l’avocate des familles, espère qu’il n’y aura pas d’appel.
Confirmant les décisions de la Cour d’appel de Poitiers, la Cour de cassation rejette les pourvois des victimes de la tempête Xynthia en 2010 , qui souhaitaient voir reconnue la responsabilité personnelle de l’ancien maire de La Faute-sur-Mer dans ce drame qui a coûté la vie à 29 personnes dans la station balnéaire.

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