Avec la crise énergétique qui perdure, les prix des matériaux de construction ne cessent d’augmenter depuis le début de l’année. Le secteur du bâtiment s’inquiète des retards qui s’accumulent et des coûts des chantiers qui flambent.
Pas de répit sur le marché des matériaux de construction. Après la crise sanitaire et le conflit en Ukraine, créant des tensions sur les chaînes d’approvisionnement des matières premières du bâtiment, la crise énergétique vient s’ajouter et contribue à l’envol des prix.
« Nous avons subi deux hausses successives, résume Grégory Monod, le président du Pôle Habitat de la Fédération française du bâtiment (FFB), première organisation représentative de la construction immobilière privée en France. Une première de 11 % entre mars 2021 et janvier 2022, puis une seconde de 10,5 % entre janvier et juin 2022. » La Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb) évoque, elle, une hausse de 26 % lors du deuxième trimestre 2022.
Tuile, ciment, acier, aluminium, PVC, brique ou carrelage : aucune ressource n’échappe à l’inflation. « On observe un léger tassement des prix du bois, mais cela est davantage lié à une demande mondiale en baisse », précise Grégory Monod. Au-delà des prix, la crise de l’énergie cause des problèmes d’approvisionnement . « Certains industriels sont obligés d’arrêter de produire car le coût de fabrication devient trop élevé, explique Grégory Monod. C’est notamment le cas pour la tuile, dont la majeure partie du coût est liée à la cuisson. »
Lire aussi – Immobilier : dans le neuf, le marché continue de se tendre
Le secteur du bâtiment doit aussi faire avec la nouvelle réglementation environnementale RE2020, qui vise à produire des logements plus respectueux de l’environnement. « Il s’agit d’une avancée logique, mais, mine de rien, l’impact de cette nouvelle règle implique des coûts supplémentaires de 7,4 % sur la construction », souligne le président du Pôle Habitat FFB. Avec la RE2020, en vigueur depuis le 1er janvier 2022, les professionnels doivent notamment choisir des matériaux dont l’empreinte carbone lors de leur fabrication est moindre, donc généralement plus chers.
Les constructeurs ont rogné sur leurs marges pour garder des prix cohérents.
S’il est encore difficile de mesurer l’impact de cette hausse sur le prix final de l’immobilier, Grégory Monod assure que les constructeurs n’ont pas répercuté la totalité de cette augmentation sur le coût du chantier payé par le particulier. « Ils ont rogné sur leurs marges pour garder des prix cohérents », précise-t-il. Dans son enquête trimestrielle, la Capeb indique de son côté que 81 % des entreprises ont déclaré répercuter cette hausse à leurs clients. Les entreprises indiquant appliquer cette répercussion le font à hauteur de 59 %.
Les particuliers doivent aussi faire face à des délais de livraison qui s’allongent, sans possibilité de prédire quand le chantier sera terminé. « C’est très compliqué pour le constructeur, il n’y a pas de règle, s’alarme Grégory Monod. Sur certains matériaux, il peut y avoir une accélération des commandes, et pour d’autres, ce ne sera pas le cas. » Ces retards peuvent mener à l’application de pénalités à l’encontre du professionnel, dans le cadre d’un contrat de construction de maison individuelle (CCMI).
Lire aussi – Immobilier : sera-t-il toujours intéressant d’investir à l’aide du dispositif Pinel en 2023 ?
« Aujourd’hui, il est possible de proroger les délais de réalisation des travaux en cas de force majeure, de cas fortuit ou d’intempérie. La difficulté d’approvisionnement ne rentre dans aucune des cases », alerte Grégory Monod, qui demande une neutralisation des clauses de pénalités en cas de retard. Le représentant des acteurs du secteur appelle aussi à donner la possibilité de réviser le coût de la construction entre la signature du contrat avec l’artisan et l’ouverture du chantier. Actuellement, il n’est possible de le faire qu’entre la signature du contrat et jusqu’à un mois suivant l’obtention du permis de construire. « Or, il peut se passer plusieurs mois avant le début d’un chantier, et entre-temps, la tuile peut avoir pris 30 % », justifie Grégory Monod.
Si nous n’avons plus de clients, la question du coût des ressources ne se posera plus.
Pour faire face à ces surcoûts imprévus pour le particulier, il appelle les banques à trouver des solutions de financements alternatives, comme des prêts complémentaires au crédit immobilier. L’accès au financement des ménages est la dernière problématique qui vient s’ajouter aux difficultés du secteur, alors que les taux d’intérêt ne cessent d’augmenter. « Nous sommes pris en tenaille entre des clients de moins en moins solvables et des matériaux qui coûtent chers, s’inquiète Grégory Monod. Mais si nous n’avons plus de clients, la question du coût des ressources ne se posera plus. »
Une étude démontre l’intérêt croissant des Français pour l’amélioration de leur logement, esthétique ou énergétique.
Alors que le marché de l’immobilier ralentit sur tout le territoire, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur affiche une forme étonnante, notamment grâce à l’attractivité de Marseille.
Dans un sondage OpinionWay pour le réseau d’agences immobilières Laforêt et dévoilé par le JDD, une large majorité de Français se disent inquiets par la hausse des taux des crédits et prédisent une forte hausse des prix.
INTERVIEW – Incertitude sur les prix, hausse des taux d’intérêt, pénurie de logements neufs… L’immobilier a connu un changement de cycles en 2022, et 2023 devrait en être la confirmation. L’économiste de l’immobilier Ingrid Nappi revient sur les principales tendances à venir pour le secteur.
Les émissions de téléréalité consacrées au marché immobilier ouvrent la possibilité d’une double résonance émotionnelle de la part des téléspectateurs.
Le taux maximum légal du crédit immobilier, aussi appelé taux d’usure, augmentera au 1er janvier pour passer de 3,05% à 3,57% pour un emprunt de 20 ans et plus, selon l’avis publié mercredi dans le Journal officiel.