En dépit de l'impact des manifestations des « gilets jaunes » et de deux ans de crise sanitaire, l'avenue mythique des Champs-Elysées résiste. La réputée plus belle avenue du monde a certes connu des déménagements et des fermetures d'enseigne mass market, mais elle voit en même temps de nouvelles arrivées notamment dans le luxe.
Par Vincent Lepercq
Les Champs-Elysées viennent de voir partir H & M, qui avait pourtant ferraillé longtemps avec la ville de Paris pour s'y installer, le Suédois suivant ainsi Abercrombie & Fitch, Gap et d'autres. Sur l'avenue, la vacance commerciale s'élevait à presque 9 % fin 2021, selon Knight Frank.
Le cabinet souligne que ce taux ne prend pas en compte la vacance stratégique et les projets importants de transformation. Cet autre type de vacance touche 17 % des emplacements. C'est le cas des trois galeries marchandes (66 Champs-Elysées, Elysées 26 et Galerie du Claridge), un format qui n'a jamais connu beaucoup de succès sur l'artère, et du n°150, où Groupama Immobilier procède à la redistribution de 20.000 m².
La fréquentation sur la réputée plus belle avenue du monde n'est plus ce qu'elle était. Une étude Cushman & Wakefield/Mytraffic estime que les piétons ont été 44 % moins nombreux sur les Champs-Elysées, entre mars 2020 et mars 2021, comparé à janvier 2020. Après les « Gilets jaunes » et les grèves, la crise sanitaire a fait fuir les touristes étrangers.
Covid-19 : la fréquentation des Champs-Elysées a mieux résisté que celle d'Oxford Street
« L'avenue remonte doucement vers ses 200.000 piétons/jour habituels, et se situe actuellement autour de 150.000 », observe Marc-Antoine Jamet, le président du comité des Champs-Elysées. Les chiffres d'affaires ont fortement baissé selon C & W. Et la correction à la baisse sur les valeurs locatives, excepté le haut de l'avenue, risque de se prolonger en 2022.
Les départs de certains locataires font néanmoins le bonheur d'autres. Moncler a remplacé Nespresso sur 1.000 m². Foot Locker, qui était à l'étroit dans l'ex-Benetton, vient de se jeter sur les locaux de Gap, autrement mieux configurés. PSG s'est replacé dans les 370 m² laissés libres par Morgan, soit près du double de sa précédente adresse. RH (Restoration Hardware) va prendre la suite d'Abercrombie & Fitch cette année, tandis que Lacoste se réinvente sur une plus grande surface.
Et puis le luxe se montre bien plus intéressé qu'avant par le haut de l'avenue, attiré par une clientèle plus jeune. « Le pari réussi de Dior de s'y agrandir, pendant les travaux de rénovation de son flagship avenue Montaigne, a marqué un tournant », déclare Cyril Zaprilla, directeur commerce chez BNP Paribas Real Estate.
Yves Saint-Laurent va, lui aussi, doublonner Montaigne avec le 123 des Champs-Elysées, sur 2.500 m². Et Louis Vuitton a obtenu le feu vert administratif pour agrandir de 800 m² son magasin actuel, qui atteindra les 2.700 m². Pendant les travaux, la marque déménagera en face, au n° 100, dans l'immeuble de Generali qui a vu passer Marks & Spencer et Esprit.
Les boutiques souffrent d'une baisse de la fréquentation
Comment les coeurs commerçants des grandes capitales se sont adaptés à la crise sanitaire
Vincent Lepercq
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