Toulouse (Haute-Garonne), de notre envoyé spécial
Juste avant l’ouverture de son procès, le 20 avril dernier à Toulouse, Jacques Viguier, 51 ans, avait affiché une confiance absolue. «Je suis fatigué, mais ce sera une délivrance quand je serai acquitté dans quinze jours», avait annoncé ce professeur de droit accusé du meurtre de sa femme, Suzanne Viguier, mystérieusement disparue depuis le 27 février 2000. Le voilà délivré. Ce jeudi, la cour d’assises de Haute-Garonne a acquitté Jacques Viguier au terme d’un délibéré d’à peine plus de trois heures.
Selon l’intime conviction des trois magistrats de la cour et des neuf jurés populaires, l’accusé n’a pas pas commis l’homicide volontaire dont il était soupçonné depuis neuf ans. Toujours selon eux, Jacques Viguier n’est pas non plus l’auteur de violences qui auraient entraîné la mort de son épouse sans intention de la donner. Leur verdict consacre l’innocence de Jacques Viguier qui a toujours nié les faits. Cet acquittement, loin d’être gagné d’avance, sonne comme un revers cinglant pour l’accusation. Mais il ne signe pas vraisemblablement pas l’épilogue de cette affaire criminelle hors du commun. Le parquet général a requis entre 15 et 20 ans de réclusion criminelle à l’encontre de Jacques Viguier et peut faire appel du verdict. Si tel est le cas, le second procès pourrait se dérouler à Montauban (Tarn-et-Garonne) dès la fin de cette année.
Une «accusation contradictoire»
Jeudi matin, l’audience a repris avec la plaidoirie du second avocat de Jacques Viguier, le célèbre pénaliste Henri Leclerc. L’avocat souligne d’emblée la situation délicate de son client. «Jacques Viguier se débat dans une toile d’araignée parce qu’il est innocent et que les charges pèsent sur lui», décrit Me Leclerc. Au fil des audiences, l’accusé, entre rigidité et passivité, n’a pourtant jamais semblé très concerné, très vindicatif. «Un innocent, ça crie plus fort», entend-t-on souvent sur les bancs des cours d’assises. «Les innocents sont ceux qui se défendent le plus mal», explique Me Leclerc, corrigeant cette impression donnée par l’accusé. Puis l’avocat s’attaque aux policiers venus témoigner de leurs certitudes sur la culpabilité du prof de droit. «Une intime conviction policière ne suffit pas à faire une preuve. Il ne s’agit pas de croire, mais il s’agit de raisonner», avertit l’avocat en s’adressant aux jurés. Selon lui, les enquêteurs n’ont eu de cesse d’éclairer les faits à la lumière de leur hypothèse de départ, celle d’un Viguier coupable d’avoir tué sa femme qui voulait divorcer. «Ce divorce, Jacques Viguier avait fini par en accepter l’idée», affirme Me Leclerc pour écarter ce mobile présumé.
Poursuivant sa plaidoirie, Me Leclerc tente d’expliquer que Jacques Viguier n’a pas eu un comportement suspect après la disparition de sa femme. Un exemple : «Quand il n’appelle pas Suzanne, on le lui reproche. Quand il cherche à la joindre, l’accusation dit que c’est pour donner le change. Une accusation contradictoire, c’est une faiblesse.» Et le matelas sur lequel Suzanne Viguier dormait et dont son mari s’est débarrassé ? «Un acte irréfléchi, tranche Me Leclerc. S’il avait fait disparaitre le matelas, il n’aurait pas oublié le sac de Suzanne !» Et la quarantaine de gouttes de sang retrouvées dans la maison du couple ? «Ca ne prouve rien», estime l’avocat en exhibant un mouchoir que le pénaliste a tâché de sang après s’être coupé en se rasant l’avant-veille. «Personne ne peut dire avec certitude que Jacques Viguier a tué sa femme. Dans ces conditions, vous devez l’acquitter», conclut Me Leclerc.
Le visage radieux des trois enfants
Dernier à avoir la parole, l’accusé fait bref. «C’est dur depuis neuf ans de supporter cette vie quand on est coupable de rien, déclare Jacques Viguier. Je n’en peux plus. Je n’ai pas tué Suzanne, je le dis devant ma famille, je pense, j’espère que vous avez compris.» Trois heures plus tard, le verdict tombe. L’accusé a été compris. Une salve d’applaudissement salue cet acquittement. Jacques Viguier quitte son box et étreint longuement son père, Jean. Ses trois enfants ont le visage radieux. Eux, qui ont toujours soutenu leur père, quittent avec lui la cour d’assises en évitant les journalistes. Le bonheur de cet acquittement leur appartient.
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