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Propos receuillis par Béatrice Delamotte
La plus au sud du pays, l’AOP Languedoc regroupe 531 communes et une grande variété de terroirs et de vins. Ils font les délices d’amateurs du monde entier, séduits par leurs qualités organoleptiques et des méthodes culturales respectueuses de l’environnement.
LE FIGARO. – L’AOP Languedoc est relativement jeune. Comment s’est-elle construite ?
Jean-Benoît CAVALIER.– Cette appellation d’origine protégée (AOP) est issue d’une démarche qui remonte aux années 1960. Des dénominations comme Faugères, Saint-Chinian ou Pic Saint-Loup, pour ne citer qu’elles, ont senti le besoin et l’intérêt d’avoir une appellation régionale sur un terroir bien délimité et qui porte le nom emblématique de Languedoc. Un nom qui soit une référence sur ce bassin de production et qui puisse porter la notion d’appellation protégée en France, mais aussi bien au-delà. Il y avait bien l’appellation Coteaux du Languedoc, mais elle se limitait à une petite partie du Gard et de l’Aude, ainsi qu’à l’Hérault. Depuis 2007, l’AOP Languedoc va des portes de Nîmes à Collioure et elle a pris une véritable dimension régionale en regroupant les terroirs du Languedoc et du Roussillon.
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Comment les consommateurs peuvent-ils s’y retrouver ?
Certes, l’appellation Languedoc est encore récente, et le consommateur peut avoir du mal à la positionner dans les différentes gammes de vins. D’autant que l’articulation entre appellations régionales, crus et IGP ne s’est pas faite en même temps, comme dans d’autres régions, les Côtes-du-Rhône par exemple. Elle est venue englober une aire a posteriori. On peut voir l’appellation Languedoc comme une dénomination ombrelle, qui réunit tous les terroirs. Les vignerons ont ainsi le choix d’adopter cette appellation ou de produire un vin en Terrasses du Larzac, par exemple. Souvent les vignerons sont sur deux voire trois appellations, qui s’imbriquent les unes dans les autres. Nos cahiers des charges étant différents, les délimitations aussi, ils peuvent choisir.
Quelles sont les spécificités des vins en AOP Languedoc ?
L’appellation Languedoc, avec sa délimitation stricte, offre des terroirs qui sont capables d’exprimer l’originalité de la région. Le Languedoc est un amphithéâtre qui regarde la mer. À l’intérieur, des reliefs viennent mourir jusqu’à la Méditerranée : les Pyrénées, la Montagne noire, les Cévennes. Ces reliefs sont sous l’influence maritime directe, avec un gradient de climat méditerranéen qui évolue en fonction de l’éloignement et de l’altitude. L’appellation s’accroche sur ces premiers contreforts, ce qui exclut toutes les zones de sols profonds et de plaines.
L’étendue de l’appellation n’est pas si importante, pourtant…
Si la surface des AOP Languedoc ne représente que 10 % de la production de la région, il faut tout de même la confronter à d’autres grandes régions viticoles : c’est l’équivalent de la Bourgogne et un peu plus grand que l’Alsace. Une des originalités, c’est que nous produisons des vins des trois couleurs : le rouge et le rosé, qui sont historiques et importantes, et le blanc, qui s’affirme de plus en plus. Jusqu’à ces dernières années, le rouge dominait, devant le rosé et le blanc, mais aujourd’hui le rosé a pris une ampleur très importante. De plus, nos vins ont désormais une qualité reconnue, aussi bien en France qu’à l’international. Cela explique en partie qu’ils s’imposent dans les rayons chez les distributeurs et sur les belles tables.
La valorisation des languedocs est-elle à la hauteur ?
Avec des prix qui se situent entre 7 euros et 12 euros, on peut parler d’excellent rapport qualité-prix, mais je préfère parler de qualités originales et emblématiques, de niveau aromatique, qui rendent nos vins reconnaissables, avec une qualité de tanins et de concentration qui permet de trouver un public qui devient fidèle. Un des atouts majeurs de l’AOP, c’est sa diversité. Si les vins ont tous un air de famille, ils répondent aux attentes des consommateurs grâce à une grande diversité de terroirs, d’hommes et de femmes qui font les vins. Quant aux vignerons, qui, souvent pour des raisons historiques, ne produisent que des AOP Languedoc, la valorisation peut aller bien au-delà de 15 euros.
De quoi séduire les acheteurs du monde entier…
Il est vrai que nos vins ont une capacité à s’exporter qui est significative. Les metteurs en marché contribuent beaucoup à la reconnaissance de notre appellation, mais certains distributeurs de caves particulières, comme Kermit Lynch, ont aussi participé à faire connaître nos vins, notamment aux États-Unis, depuis les années 1990. Globalement, la région est une très grande région viticole et sa notoriété est là. Nous faisons face à une grosse concurrence, mais le triptyque grenache, syrah, mourvèdre a contribué au développement de nos vins dans le monde.
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Côté environnement, comment situez-vous l’AOP Languedoc ?
Nous avons la chance d’avoir un climat qui est par nature favorable à ce type de culture, mais aussi des paysages qui nous poussent à ce travail. La plupart de nos vignobles sont entrelacés au milieu de la garrigue et il y a une symbiose naturelle qui incite les vignerons à une vigilance particulière vis-à-vis de leurs pratiques environnementales. Et puis il y a toute une génération de jeunes vignerons qui viennent s’installer chez nous après avoir eu un autre métier et qui n’imaginent pas avoir d’autres pratiques que le bio, voire la biodynamie, qui s’intéressent à l’agroforesterie, qui restent à l’écoute des pratiques vertueuses. J’estime que 30 % à 40 % des surfaces en AOP sont aujourd’hui en viticulture biologique ou en biodynamie. C’est énorme, et cela fait de nous un leader français, sûrement, et bien placé au niveau européen.
Cet engagement environnemental influence-t-il l’œnotourisme ?
Dans le Languedoc, nous préférons parler de « slow tourisme ». Il faut prendre le temps de voyager, de découvrir la diversité marquée de nos paysages. Notre vignoble est coincé entre l’arc méditerranéen et les montagnes, ce qui confère un large variant de panoramas. Cela permet d’associer mer et montagne en participant à la découverte du patrimoine local et culturel, dont le vin fait partie intégrante. Nous avons la chance d’avoir une vraie tradition gastronomique et des traditions bien ancrées dans les villages vignerons. Avec un grand nombre de petits hébergements, nous pouvons proposer des accueils plus intimistes et conviviaux, à l’image du vin. Et reconnaissez que boire un Languedoc rosé, au coucher du soleil, sur une terrasse du massif de la Clape, ce n’est par pareil ! Cela fait partie de l’attrait œnotouristique de la région et de nos vignerons : prendre le temps de faire passer passion et savoir-faire pour mieux comprendre.
Vous parliez de jeunes vignerons. Constatez-vous un engouement pour vos terroirs ?
Il y a un mouvement important sur le foncier avec plein de jeunes qui viennent d’autres régions et qui trouvent ici les capacités nécessaires pour s’installer. Cela permet d’avoir des vignerons qui prennent très au sérieux la notion d’appellation d’origine protégée. Ils ne sont pas forcément nés dans la vigne, certains ont eu un autre métier avant, mais ils ont tous à cœur de faire en sorte que leurs vins expriment l’originalité du lieu dans lequel ils sont, avec sincérité, authenticité et enthousiasme. Cette nouvelle génération est sans concessions sur un certain nombre de choses, et cela se retrouve dans la qualité de nos vins, dans la façon de les vendre et de les promouvoir.
Comment voyez-vous l’évolution de l’AOP Languedoc à dix ans ?
C’est une appellation qui doit porter haut et fort cette notion et ce nom, aussi bien en France qu’à l’international. Nous avons des produits à l’originalité emblématique du Languedoc, des pratiques culturales qui sont dignes de ce qu’on est en mesure d’attendre d’un vigneron d’appellation. J’aimerais que le nom Languedoc tire l’ensemble des appellations de la région par sa notoriété. C’est une vraie chance et une vraie responsabilité.
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