En avion ! C’est mon agent, Milan Radovanovic, qui m’a permis d’y aller alors que j’avais aussi des contacts avec Auxerre et Le Havre. Après Brest, je voulais du soleil. Ici, j’étais le gars du coin qui faisait « partie des meubles ». Je voulais découvrir autre chose et j’ai dit « Banco ! » à Nice. Pour moi, c’était une aventure et l’occasion de découvrir la côte d’Azur. Je suis parti en très bons termes de Brest, mais il me fallait un nouveau challenge.
Le club accédait à la Division 1 et était en plein renouveau. C’est Michel Joly, mon prédécesseur, qui m’a recruté. Il terminait sa carrière et avait dit que je correspondais tout à fait au profil recherché. On avait une défense très physique avec Curbelo, Dreossi, Bruzzichesi. C’était costaud. Le président Mario Innocentini était proche de ses joueurs. Il nous invitait sur son bateau pour des parties de pêche au gros. Il ressemblait beaucoup à François Yvinec, mon président à Brest. Des présidents à l’esprit familial et qui aimaient leurs joueurs.
On habitait, avec ma famille, sur la route d’Antibes. Un cadre magnifique, avec vue sur la mer, sur la montagne et situé à deux kilomètres du centre d’entraînement. J’avais la plage et les skis à portée de main et des yeux. Au début, j’ai souffert de la chaleur et il m’a bien fallu deux ou trois mois pour m’y habituer. Sinon, ma vie était assez calme et je prenais beaucoup de temps pour me reposer. Avec mes coéquipiers, on formait une très belle bande de potes.
Oui, l’ambiance y était souvent déchaînée. Avec la présence de nombreux Sud-Américains dans l’équipe (Dominguez, Curbelo, Cabrera, Barrera), on avait aussi cette folie dans les gradins. C’était folklorique. Les supporters étaient toujours avec nous à partir du moment où l’on donnait tout, qu’on mouillait le maillot comme ils disaient. J’aimais bien ce stade.
Le derby « chaud », c’était face à Monaco. Quand on jouait chez eux, Louis-II était rempli de supporters niçois chantant « On est chez nous ». Entre nous, les joueurs, il y avait du respect car on se connaissait bien et Monaco avait une belle équipe, avec de nombreux internationaux. Le derby, c’était dans les tribunes. Avec Marseille aussi, c’était parfois tendu. C’était de bons moments ces derbys.
Oui, il habitait sur le palier en face de chez moi. Heureusement, il était moins fêtard qu’à Brest et Bernard Pardo était à Toulon à l’époque… Au-dessus de chez moi, il y avait Pierre Dreossi. On sortait, après les matchs, dans une boîte à Antibes – Juan-Les-Pins. « Au bureau », qu’elle s’appelait ! Dans le vestiaire, on disait : « Bon, les gars, on se retrouve au bureau ». Là-bas, on y retrouvait les joueurs de Monaco et de Cannes. C’était très festif.
Même à l’époque, on ne refusait pas Paris. C’est Gérard Houllier qui me voulait à Paris et je signe deux ans avec le club du président Borelli. Tout allait bien, sauf que le coach est parti et c’est Tomislav Ivic qui est arrivé en disant vouloir faire avec les joueurs présents la saison précédente ! Du coup, je joue peu. Et quand je le fais, c’est à un poste de milieu de terrain qui ne me correspondait pas. Je courais beaucoup pour donner le ballon à Safet Susic, le « patron » du jeu parisien. Ça ne me plaisait pas et j’ai donc demandé à être prêté. Me voilà donc de retour sur la côte d’Azur, mais à Cannes. On avait une grosse équipe avec Bellone, Luis Fernandez, Stopyra. J’y suis resté un an avant de revenir en Bretagne, à Rennes.
Après le rachat du club par le milliardaire anglais Jim Ratcliffe, propriétaire d’Ineos, je pensais que le club allait passer dans une autre dimension. Mais, pour l’instant, c’est vraiment décevant. Il n’y a pas de jeu, pas d’âme et le recrutement n’est pas au niveau. Le club a un magnifique centre d’entraînement, un superbe stade de 35 000 places mais les valeurs de Nice ne sont pas là ! Il y a beaucoup de loisirs sur la côte d’Azur et un stade de 20-25 000 places aurait été suffisant. Je ne crois pas trop à leur projet.
J’ai le sentiment que le club a retrouvé des valeurs perdues. Dans l’esprit, ils y sont ! Je pense que cela vient beaucoup de l’entraîneur. Il a des valeurs de travail et d’amour du maillot. Brest a aussi un bon fond de jeu et ça joue ! J’aime bien Cardona, l’attaquant. Il me fait penser un peu à Jean-Pierre Papin. Il court, se bat, gratte les ballons, tente, ose. Au milieu aussi, c’est pas mal et derrière, c’est de mieux en mieux.
Brest a plus d’atouts, collectivement et dans l’esprit. Nice ne m’attire pas vraiment, est fébrile derrière et Brest est plus fort ! Je vois une victoire brestoise avec un ou deux buts d’écart.
(*) Joueur de devoir, amoureux de son club et de sa ville, Jocelyn Rico, latéral droit formé à l’US Concarneau, était devenu l’un des chouchous du stade Francis-Le-Blé. Parti à Nice, il restera trois saisons sur la Promenade des Anglais, avant de rejoindre le PSG, puis Cannes, et de revenir en Bretagne, à Rennes, où il terminera sa carrière professionnelle.

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