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L’électron libre de la comédie est ce vendredi en dédicace à Sainte-Maxime où il a des attaches. Toujours avec une saillie d’avance, il revisite sa propre légende à l’aune de la bienveillance.
Masqué et lunetté, Daniel Prévost donne rendez-vous cette semaine dans la galerie marchande maximoise où il dédicace ce vendredi son Autobiographie de moi par moi sortie en mai dernier (Le Cherche-Midi éditeur). Une nouvelle session après un passage en juin dernier qui provoque forcément une interrogation sur cette assiduité maximoise…
“Ma belle-sœur [la sœur de sa compagne Françoise, ndlr] a une maison à Sainte-Maxime. C’est tout, ça s’arrête là!”, stoppe-t-il net.
Même réponse lorsqu’on lui demande si les liens remontent jusqu’à James Huth, le réalisateur de Brice de Nice, qui possède une résidence familiale à Sainte-Maxime et dont il fut le cinglant Pat Poker Face au Lucky Luke incarné par Jean Dujardin en 2009. “Je l’ai connu à Paris, c’est tout.”
À 82 ans, plus que jamais, Daniel Prévost n’est pas homme à s’embarrasser de digressions lorsque les réponses lui pèsent ou sont trop personnelles à son goût.
Il en sera aussi ainsi pour la question sur la raison de son absence à l’inauguration de la Rue du Petit Rapporteur à Montcuq (“Je m’en fous!”), village qui lui colle aux basques depuis sa drolatique visite télévisée de 1976. Ou celle concernant le devenir de ses fils Sören, Erling et Christophe, dans ce monde “impitoyable” qu’est la comédie.
“Je ne sais pas!”, élude-t-il tout simplement sans qu’on ne s’avise d’insister.
Des saillies lapidaires, mais l’interlocuteur qui “tire plus vite que son ombre”, très peu pour lui. “Attendez, attendez, doucement, tranquille!”, met-il le holà lorsque le débit des paroles s’emballe trop à son goût…
Un “marqueur” pour la suite et dans les rencontres au quotidien, comme celles d’aujourd’hui avec les lecteurs.
“Vous savez, il y a deux façons de m’aborder. Soit avec bienveillance soit avec malveillance. Ça se sent tout de suite. Si je sens une vague animosité et que l’approche n’est pas naturelle, mon comportement sera en conséquence”, éclate-t-il de son rire caractéristique.
Voilà qui permet de toucher du doigt son mot fétiche du moment, la “bienveillance”. Celle-là même qu’il s’escrime à instiller à ses saillies humoristiques depuis toujours.
“En ce moment, je travaille sur ce mot dans ma tête. Une notion très importante pour moi. À voir si cela débouchera sur un prochain livre, naturellement ou pas…”
Derrière l’actuelle autobiographie, c’est avant tout le puzzle de multiples pièces piochées dans ses nombreux livres précédents qui s’assemble.
“C’est exactement ça! C’est mon parcours semé d’embûches avec les gens bien qui m’ont propulsé et d’autres qui m’ont mis des bâtons dans les roues, mais je m’en suis toujours sorti!”, s’exclame-t-il dans un nouveau torrent de rires.
Souvent qualifié de “figure emblématique du cinéma français”, Daniel Prévost ne se gargarise jamais de sa propre “légende”.
“Je m’en fous complètement. Je ne porte aucune attention à ce que l’on peut dire sur moi ou “mon” cinéma. J’ai fait ce que l’on me proposait. Après que j’en sois content ou non, ça n’a pas d’importance et ne me demandez pas la liste des navets! », prévient-il l’œil goguenard tout en confessant une tendresse particulière pour son dernier film, Adieu Paris. Au-delà du rôle, le film d’Édouard Baer lui a permis de retrouver une bande d’acteurs (Depardieu, Arditi, Stévenin, Poelvoorde, Damiens…) qu’il apprécie et dans laquelle il se reconnaît.
Un talent qui s’est exercé également au théâtre ou dans des émissions avec pour spécialité d’entrer dans un concept pour mieux le travestir et en faire sa “création”, comme ce fut le cas avec Anagram en 1985…
“C’est la vérité. Sinon je ne vois pas quel intérêt avait ce jeu. Il fallait que j’invente quelque chose pour exister en tant qu’animateur. Et si ça ne plaît pas, eh bien je m’en vais!”, ponctue-t-il sans jouer les bravaches.
Avis aux lecteurs en visite ce matin, cette “folie du n’importe quoi” revendiquée, n’est pas seulement attisée par l’objectif d’une caméra, mais peut à tout moment se déclencher.
“C’est inné! Comme me disent souvent les copains: “Daniel, tu es un électron libre”. Quand la folie me prend, je déconne. C’est un état d’esprit. Il n’y a ni explication ni préparation. Mais dites-vous bien que je suis tout à fait inoffensif! ».
Bref, en 2022, plus que jamais, le Daniel Prévost ne mord pas, mais fait beaucoup rire.
1. Rencontre-dédicace de 10h à midi, Maison de la Presse du Carrefour Market, place Jean-Mermoz.
Idir ou Aznavour?
J’ai connu les deux et je les apprécie chacun pour différentes raisons.
Pour Idir ce sont bien entendu mes racines kabyles qui parlent [de par son père qu’il n’a jamais connu, sujet sur lequel il a précédemment écrit, ndlr].
Jean Yanne ou Michel Serrault?
Là encore, égalité. J’ai débuté au théâtre avec et tous deux m’ont reconnu comme l’un des leurs. Quand j’ai vu que je les faisais rire, ça m’a libéré. Nous avions une vraie complicité de copains.
Poésie ou collection Harlequin?
(rire) La poésie bien entendu ! J’en lis beaucoup sans avoir la prétention d’en écrire. En ce moment, j’apprends Chant funèbre, ce poème de W. H. Auden lu dans le film Quatre mariages et un enterrement. Je l’ai aimé en Français alors cette fois, je suis sur la version anglaise. C’est ma gymnastique de l’esprit!
Cinéma ou télé?
Les deux m’ont offert de beaux rôles. Si je devais citer mon carré préféré, ce serait Volpone de Frédéric Auburtin, avec Gérard Depardieu et René Bousquet ou le grand arrangement de Laurent Heynemann (dans lequel il a le rôle-titre) pour la télé. Côté cinéma, Le Dîner de cons (qui lui a valu le César 1999 du meilleur second rôle masculin) et Les Petits Ruisseaux, de Pascal Rabaté. On sent le regard sur moi qui change.
Psychothérapie ou méditation?
J’ai un peu touché à la psychothérapie un temps, mais passons…, je dirais plutôt méditation dans mon sens à moi qui est de toujours être dans un état de réflexion.
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