Véritable institution à Gramat, les étains Arsène Maigne vont fermer leurs portes. Le magasin du centre-ville propose cet été une grande liquidation de tout le stock. Jean-Pierre Maigne annonce la reconversion de l’enseigne.
Depuis quelques semaines, de grandes affiches annoncent la liquidation totale du magasin des Étains Maigne situé rue de Gabaudet à Gramat. La fin programmée d’une époque et d’une grande histoire artisanale qui a fait la réputation pendant des décennies de la capitale du causse. Aujourd’hui, Jean-Pierre Maigne, digne héritier d’une longue tradition familiale, change d’activité, mais continue à faire vivre la passion de son père. Entretien.
Comment votre famille s’est lancée dans l’aventure de l’étain ?
J’avais des grands-parents et arrière-grands-parents qui travaillaient déjà l’étain. Ils étaient étameurs ambulants. Originaires d’Auvergne, ils migraient souvent l’été dans le Lot où ils avaient pas mal de clients. Mon père Arsène Maigne a appris ce métier. Au retour de l’armée, il s’est installé à Gramat dans les années 50. Du pichet au lustre en passant par les lampes, il s’est orienté sur la fabrication, la reproduction et la création. La fabrique a fluctué selon les années en termes d’emplois.
Les étains et Gramat, c’est toute une histoire. Comment s’est construite cette réputation ?
L’étain était à la mode dans les années 60 – 70. L’entreprise a acquis une belle renommée. Plusieurs années d’affilée, elle a réalisé les cadeaux de l’Assemblée nationale. La PME a connu un certain prestige. Mon père ne vendait alors pas directement mais travaillait pour des magasins de cadeaux et a décidé de s’orienter vers les particuliers. En 1981, il a ouvert le magasin qui a bien fonctionné. Suite à son décès en 1991, j’ai repris l’entreprise avec ma mère qui m’a laissé le choix. Je devais intégrer une école d’expertise d’objets d’art. Mon père était un grand collectionneur et m’avait transmis tout son intérêt pour ce genre de choses, c’était sa grande passion. Il devait même travailler avec moi sur Paris.
Vous avez continué dans cette passion et aujourd’hui vous avez décidé de vous y consacrer.
Dans l’ombre, j’ai commencé à collectionner, à faire partie d’associations. Je chinais beaucoup jusqu’au jour où il y a eu la magie Internet. Alors quinze, vingt ans plus tard, ce n’est plus la même carrière. On peut vendre au monde entier et acheter en permanence. J’ai compris que je pouvais revenir en force dans le métier. Les connaissances, je les avais acquises. Depuis quatre ans, je m’y consacre entièrement : j’ai ouvert un magasin dématérialisé sur Internet (lire encadré) et fait des salons. Du coup, j’ai moins ouvert le magasin ici. Aujourd’hui, je ne peux pas continuer. J’arrête pour finalement continuer ce qui était prévu au départ pour moi… Et puis je conserve tous les outils de la fabrique et les moules pour mes deux fils.
Que va devenir le magasin ?
Tout juillet, le magasin sera ouvert pour la liquidation des stocks. Tout est soldé à moins 50 %. Le but étant de travailler fin septembre à l’ouverture d’un showroom pour exposer certains objets. Certains collectionneurs ont besoin de voir ce qu’ils achètent. J’aurai aussi un bureau pour recevoir des représentants de maisons parisiennes, des commissaires-priseurs. ça devrait être prêt en 2019.
Grand collectionneur passionné, Jean-Pierre Maigne a commencé à s’intéresser aux étains anciens puis a très vite élargi son champ d’action. Depuis quelques années, le marchand d’art qui a ouvert un magasin dématérialisé Le Bel Objet s’est spécialisé dans des pièces atypiques, des objets de vitrine, de curiosité, du médiéval et de l’art populaire. « Je cherche toujours des moutons à cinq pattes » s’amuse le commerçant qui a vendu « le tire-bouchon le plus beau du monde » datant du XVIIIe siècle. L’an dernier, en participant à un prestigieux salon parisien, son stand a fait le buzz. Repéré par deux experts, il a rejoint la Compagnie des experts français en antiquités. Un vrai tremplin qui l’a décidé à se consacrer à sa passion.
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eh oui c'est fini le commerce tel qu'on le connait internet vous ouvres les portes du monde entier

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