On parle d’une falaise…
Qui en Normandie s’effrite et laisse tomber des petits morceaux de dix centimètres “un peu tout le temps”, lis-je dans le Parisien, mais pourtant sur cette falaise à 25 mètre du bord qu’elle appelle le trou, Laure, 62 ans, a acheté une maison avec son mari, elle profite de la vue et regarde le large, elle qui n’a jamais voyagé, et ça durera ce que ça durera ; on lui dit à Laure que sa maison en a pour trente ans, mais dans trente ans, où serons-nous, elle dit que chez le notaire et chez l’agent immobilier, on l’a un peu informée du risque, mais on lui a dit aussi que son investissement sera intéressant : quand elle sera expropriée pour des raisons de sécurité, elle aura un petit quelque chose à transmettre à ses enfants… Elle ne veut pas Laure qu’on la reconnaisse, car la mairie pourrait s’opposer au remboursement de son achat, si on savait qu’elle savait, en achetant….
et par Laure nous explorons un paradoxe apparent… Les bien immobiliers pieds dans l’eau érosion à votre porte ne baissent pas, ils augmentent même parfois, nous serions myopes devant le risque, nus n’arrivons pas à nous projeter dans un aléas à trente ans… Ou bien comme Laure nous y voyons une chance…
En Bretagne, sur l’Ile de Sein, on attend l’eau qui monte inéluctablement, par temps calme déjà le terre-plein de la gare maritime est est régulièrement recouvert, les tempêtes n’ont jamais été aussi forte, on peut faire du kayak sur une route, on surélève un peu on ralentit avec des digues ce qui forcément arrivera, on regarde sur des cartes ce que la mer avalera, et dans les archives ce qu’elle a déjà prus -il y a 100, 150 ans les meilleures patates se récoltaient du côté du Gouelvan, une espèce de gros menhir à l’entrée du port, qui est aujourd’hui une roche isolée en pleine mer… Et ainsi le magazine Bretons nous raconte la Bretagne face à la monté des eaux, on essaye à Saint-Malo de s’imaginer redevenir une ile, comme on l’était avant la muraille du Sillon… Pour l’instant la catastrophe a venir est encore « instagramable », on photographie sans crainte les grandes marées…
Et ce mélange de fatalité et d’insouciance suspendue fait ressentir par contraste la gravité d’une jeune femme que le Monde, web et magazine, nous ramène, qui portait sur elle le malheur à venir de la planète et tançait nos dirigeants, des méchants l’en détestaient salement. Greta Thunberg donc, qui revient avec un bouquin, “Le grand livre du climat” où elle entraine Thomas Piketty, Naomi Klein, Margaret Atwood et autres adultes en quête de solutions. Mais ce n’est pas le combat de Greta qui fait l’intérêt de l’article -plutôt au contraire sa conquête d’une joie qu’elle n’avait pas connue, la normalité… Son autisme asperger, sa conscience de la planète l’avaient coupé des insouciances de sa génération… Elle l’a retrouvée, à 19 ans elle vit en colocation avec des amies de militantisme, elles sont parties cet été dans un voyage en train en europe,… Elle souhaite à l’écologie d’autres visages, elle est dépassée en radicalisme. Oh, elle a toujours la puissance cette fille qui checkait Obama à 15 ans… Il lui suffit d’une phrase pour percuter l’Allemagne qui (à tort selon elle) troque le nucléaire pour le charbon, mais en vrai elle se repose. La pakistanaise Malala militante du droit des femmes, qui avait échappé aux talibans et qui enfant fut elle aussi une icône lui a dit un jour de prendre soin d’elle parce que le militantisme n’est pas un un sprint, mais un marathon… Greta désormais prend son temps.
On parle aussi d’un révolté…
Un prophète d’autrefois qu’honore la Croix l’Hebdo, qui en vrai chrétien s’était insurgé contre les bassesses de son époque. Il y a 90 ans, Emmanuel Mounier, fondait contre les égoïsmes une revue, Esprit, dont les numéros claquaient :
« Rupture entre l’ordre chrétien et le désordre établi »
« L’argent, misère du pauvre, misère du riche »
« Les pseudo-valeurs fascistes »
« La colonisation, son avenir, sa liquidation ».
Et Mounier qui nous enseignait, leçon pour aujourd’hui, que nos révolutions seraient pour commencer spirituelles, est mort à Chatenay-Malabry en annotant un ouvrage de Marx, il ne s’était guère reposé ; la dernière livraison d’Esprit se consacre au travail social. On ne saurait être plus fidèle…
Dans Ouest-France qui n’est pas seulement un grand journal mais porte aussi en lui une spiritualité démocrate-chrétienne, une journaliste Clémentine Billé, se souvient d’un moment de sa vie où elle fut aide à domicile, saisie par l’odeur d’urine de l’appartement d’une vieille dame qui avait des accidents réguliers, elle partageait les souvenirs d’un ancien gardien de phare, elle mangeait des galettes aux beurres avec une dame qui en dehors des aides ne voyait personne…
Lisez cela et contemplez par contraste l’indécence apparente des diners de notables PDG vedettes et influenceurs qu’organise aux frais de sa région, le président d’Auvergne Rhone-Alpes Laurent Wauquiez, que Mediapart épingle, quelques 1100 euros par convive lis-je, mais le patron de M6 Nicolas de Tavernost, dans un diner a croisé une jeune femme qui a créé une maison de soins palliatifs à Lyon, et veut en faire parler sur sa radio, nos amis de RTL -est-ce ainsi que les choses adviennent…
On parle enfin d’une photo…
Que l’Yonne républicaine nous invite à ne jamais oublier, celee de Haim et Hanna Azernitski et de leur fille Shifre, douce brunette qui étudiait à l’école Gaston Marnot et avait juste dix ans quand elle et ses parents furent pris à Sens dans la rafle du 9 octobre 1942 par des policiers français qui jetèrent l’ours en peluche que Shifre voulait prendre, et un mois plus tard tous les trois seraient des cendres à Auschwitz -le patron de Haim avait gardé un petit sac de la petite fille avec à l’intérieur ses petits gants blancs…
Et nous nous souvenons alors dans les doutes de notre temps.
L’Indépendant raconte un père qui ayant déposé au collège son fils de 14 ans, l’a vu lynché à coups de poings américains par des adultes -le môme était accusé par une gamine de l’avoir filmée dans un bus scolaire- ce n’était même pas vrai…
Le Journal du Centre dit la peur de Ali, malien de 21 ans, d’être chassé de France, où il a fait sa vie, ses études et joue au foot, il est comme en prison dans un centre de rétention, nous parlons de lui. Le Télégramme nous raconte une entreprise bretonne qui a traité des migrants africains comme le Qatar, dans nos indignations, traite des népalais… A côté de cela je lis dans l’Est républicain des mômes chanceux, quatre petits ukrainiens pris au centre de formation du FC Sochaux.
Dans le Figaro et l’excellente revue l’Oeil, voici un peintre anglais dont la palette trempait « dans les hivers de Londres et la langue gâtée de la Tamise », disait en 1909 un critique qui ne l’aimait pas. Mais désormais sa force énigmatique, ses femmes peintes à grands traits dont la nudité suggère l’abandon de la mort violente, ses étrangetés mêmes font de Walter Sickert un sujet magnétique, on l’expose au Petit palais à Paris – nous allons, sachant que longtemps on pensa qu’il avait été le célèbre Jack L’éventreur, cet assassin de prostituées qu’on n’attrapa jamais…

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