Facile deuxième de la poule 2 de Promotion Honneur derrière Saint-Sulpice-la-Pointe, Lauzerte Quercy Pays de Serres XV évoluera en Honneur, la saison prochaine (1). Une grosse satisfaction pour toutes les forces vives de ce club familial qui retrouve l’élite pyrénéenne après l’avoir quittée en 2012.
Au nord du Tarn-et-Garonne, dans ce Quercy attaché à son patrimoine et à son histoire, le rugby conserve une place emblématique, comme un symbole de l’identité du territoire. Ici, l’esprit de clocher n’est pas près de s’éteindre. Si un jour, vous assistez à une rencontre du Lauzerte Quercy Pays de Serres XV, vous vous en apercevrez rapidement. Générosité, don de soi, solidarité sont autant de vertus que cultivent ces fabuleux combattants. Sur le terrain, ils donnent tout pour la patrie. Et ça paye puisqu’au terme d’une phase de poule assez extraordinaire, ils accèdent à la division Honneur, échelon supérieur du championnat des Pyrénées.
Invaincue sur son cher stade de Vignals, l’équipe fanion ne s’est inclinée qu’à quatre reprises à l’extérieur. Un bilan parfait qui comble de joie Karen Rey, la coprésidente, qui dirige le club avec Laurent Pardo (qui n’a rien à voir avec son célèbre homonyme basque). «La montée n’était pas forcément un objectif en début de saison», se réjouit-elle. «C’est donc une grosse satisfaction, surtout pour les joueurs qui récoltent le fruit de leurs efforts. Ils ont montré qu’ils avaient le niveau, c’est gratifiant pour eux. Pour ma part, je rêve qu’ils aillent un peu plus haut en ramenant un bouclier à Lauzerte. Celui de champion des Pyrénées m’irait parfaitement. Le titre nous fuit depuis la saison 1986-1987. L’an passé, nous échouons en finale. J’espère que cette année 2015 sera la bonne. Ce serait la cerise sur le gâteau !»
L’ambition de cette belle jeune femme n’a rien d’étonnant. Cogérante de la charcuterie Rey avec son époux, Bernard (capitaine de l’équipe) et son beau-père, Karen est une femme d’entreprise. Elle sait aller de l’avant et vit pleinement sa passion pour le ballon ovale en prenant ses responsabilités. Il y a deux ans, Thierry Artasona, président emblématique du club, savait ce qu’il faisait quand il lui a transmis les rênes du club. La jeune femme a relevé le défi. Elle est en train de le gagner en apportant sa touche féminine. «Je ne suis pas du style à taper du poing sur la table», dit-elle. «Je préfère le dialogue. Ce club représente quelque chose pour nous qui sommes nés ici. Nous l’aimons. Je partage des liens d’amitiés avec l’ensemble des joueurs. Ma réussite vient peut-être de là. C’est le privilège de mon âge.»
À 34 ans, Karen Rey prouve que la gent féminine a toute sa place dans ce monde du rugby souvent caractérisé de machiste. Chapeau ! «Mon père a longtemps joué, notamment à Blagnac», explique-t-elle. «Je baigne dans ce milieu depuis mon enfance. Il y a quelques années, nous avions monté une équipe féminine à Lauzerte. J’en ai fait partie avant de me blesser puis, j’en ai pris la direction. Malheureusement notre effectif s’est affaibli après avoir fonctionné en entente avec l’Avenir valencien. Nous avons dû en rester là. Je ne désespère pas de remonter une équipe féminine à Lauzerte car durant ces belles années, j’ai vécu de super-moments. Ce fut une expérience humaine exceptionnelle que j’ai eu envie de poursuivre en prenant la présidence du club. Tout cela c’est passé naturellement. Mon mari était le capitaine de l’équipe, ça m’a aidé à me lancer dans l’aventure.»
Le billet pour la division Honneur en poche, Karen Rey et Laurent Pardo doivent désormais se tourner vers l’avenir avec trois préoccupations principales : renforcer l’équipe, se donner les moyens financiers pour exister en Honneur et développer la formation. «Nous fonctionnons avec un budget qui approche les 60 000 €», précise la coprésidente. «Les déplacements en grèvent une bonne partie. La saison prochaine, les dépenses vont peut-être augmenter avec des voyages plus longs à effectuer. Nous verrons bien quand nous connaîtrons la composition de notre poule. Il faudra s’adapter et travailler le secteur du sponsoring qui est notre principale ressource. Sur le plan sportif, le groupe senior est actuellement composé d’une quarantaine d’éléments sur lesquels nous pouvons compter. Il faudra le renforcer avec une dizaine de recrues. Nous avons déjà quelques contacts intéressants.»
Quant à l’école de rugby, elle fonctionne en entente avec Valence-d’Agen. «Les jours d’entraînement et de matchs, une navette fait le tour de la communauté de communes pour transporter les gosses à Valence», indique Karen Rey. «Pour l’instant nous formons vingt-cinq jeunes qui jouent dans les différentes équipes de notre Entente. Nous travaillons en parfaite osmose avec l’Avenir valencien. D’ailleurs, nous avons mis en place des contrats de tutorat avec lui, afin que certains jeunes Valenciens s’aguerrissent au sein de notre équipe fanion.»
Bien structuré avec une pelouse refaite à neuf en début de saison et un club-house fonctionnel, Lauzerte Quercy-Pays de Serres XV peut tracer sa route en toute sérénité. Rendez-vous désormais ce dimanche 12 avril pour le quart de finale pyrénéen face, en principe, au vainqueur du barrage qui opposera Saint-Juéry à Tarascon-sur-Ariège.
1. En Promotion Honneur, les deux premiers de chaque poule et le champion des Pyrénées montent directement en Honneur.
Capitaine de la formation lauzertine et époux de Mme la coprésidente, Bernard Rey évolue au sein du club tarn-et-garonnais depuis 14 ans. Un bail qui en dit long sur la fidélité du puissant deuxième ligne. Formé à l’école de rugby locale, Bernard est passé par les équipes cadet et junior de l’Avenir moissagais, celle des Reichel de Valence-d’Agen avant de retrouver ses terres quercynoises auxquelles il est tant attaché. «C’est viscéral», dit-il. «Ce sont mes racines !»
Durant ces quatorze saisons, Bernard Rey fut l’un des acteurs majeurs de l’ascension de l’US Lauzerte qui est devenue Lauzerte Quercy Pays de Serres XV quand la réglementation sur les associations a changé. «C’était il y a 7 ou 8 ans», se souvient-il. «Nous voulions donner une identité plus forte au club en le rapprochant de la communauté de communes. C’était le bon moment.»
Partie de la Deuxième Série, l’équipe fanion a vite accédé à la Première Série puis à la Promotion Honneur et l’Honneur. Désormais, Lauzerte est un club qui compte dans le concert pyrénéen. «Au fil des saisons, nous avons progressé de façon naturelle en conservant notre identité, c’est le plus important. Le club est sain, bien géré», poursuit Bernard. «La saison dernière, l’osmose ne s’était pas faite entre anciens et nouveaux joueurs. Nous avions connu une phase de poule compliquée. Cette année par contre, je me régale ! Nous avons recruté de bons jeunes qui nous ont beaucoup apporté. Ils ont une excellente mentalité et se sont parfaitement acclimatés à leur nouvelle équipe. Le groupe est très soudé.»
Ainsi, Alexandre Bruel est venu de Valence-d’Agen, renforcer la troisième ligne. Avec Christophe Capelot et Cédric Discazeaux, le capitaine de touche, il forme un trio redoutable. En première ligne, Benjamin Melun-Cazes est un talonneur hors pair qui a inscrit une dizaine d’essais lors de cette phase de poule.
En deuxième ligne, l’arrivée de Thibault Vieillevigne a également amené du sang neuf au pack lauzertin. «C’est un joueur assez extraordinaire. Une force de la nature», s’extasie Bernard Rey. «Thibault nous a contactés en début de saison. Il n’avait pratiqué le rugby qu’en scolaire lorsqu’il était au lycée d’Auzeville. Agriculteur à Fauroux, il n’avait jamais pris de licence dans un club mais à notre grande surprise, il a tout de suite montré des qualités hors normes. À 20 ans, je pense qu’il a bel avenir devant lui. Croyez-moi, avec de tels hommes, on peut aller au combat !»
Derrière, la ligne de trois-quarts amenée par Joseph Landou, se met au diapason avec une grosse défense, l’une de ses qualités premières.
Entraîné par Jean-Jacques Palu et Frédéric Assié, lui aussi très lié avec Bernard Rey, Lauzerte Quercy Pays de Serres semble avoir les cartes en main pour réussir dans son entreprise. L’équipe bénéficie d’une quinzaine de jours pour bien préparer le quart de finale qui se profile dimanche. «Il faudra y mettre de l’envie, de la concentration et surtout, ne jamais nous relâcher comme nous l’avions fait l’an passé en quart de finale du championnat de France face à Fleury-d’Aude. Nous menions 21 à 6 à vingt-cinq minutes de la fin; nous nous sommes crus arrivés avant de connaître une cruelle désillusion. Il faudra que tout le monde s’en souvienne», conclut Bernard Rey. Alors, croisons les doigts…
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