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La gestion du bassin hydrologique Adour Garonne, qui couvre un énorme périmètre de 26 départements (1), est assurée par le Comité de bassin Adour Garonne, présidé depuis 2021 par Alain Rousset (président de la Région Nouvelle-Aquitaine). Cette instance devait se réunir ce jeudi 8 décembre en assemblée plénière à Bordeaux pour valider un plan opérationnel d’investissement crucial puisqu’il s’agit de réduire le déficit quantitatif structurel en eau attendu en 2050 de deux tiers, en garantissant 850 millions de m3.
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Le bassin Adour Garonne connait déjà une situation calamiteuse que la puissante vague de chaleur et de sécheresse de 2022 a souligné d’un éclat apocalyptique. Choc marquant qui a déclenché une procédure de retour d’expérience (Retex) qui a permis de dégager neuf axes prioritaires présentés par le préfet coordonnateur du bassin Adour Garonne, Etienne Guyot, dont par exemple la nécessité de rendre plus contrôlable les décisions de restriction d’usage de l’eau, de mieux communiquer, les préfets étant saisis en permanence de demandes de dérogations pour contourner les interdictions.
Objectif central de cette plénière du 8 décembre : convaincre les acteurs territoriaux et les collectivités territoriales membres de ce comité de bassin de relever de 30 % leur participation au budget, soit de 60 à 80 millions d’euros par an, pour financer les mesures nécessaires à la réduction de ce déficit structurel d’approvisionnement en eau. Avant le début de la plénière de ce jeudi matin, Alain Rousset, Etienne Guyot et Guillaume Choisy, directeur général de l’Agence de l’eau Adour Garonne, ont présenté les enjeux de la situation dans ce bassin.
Sachant que les grands acteurs sur ce dossier sont les établissements publics territoriaux de bassin (EPTB) : des syndicats mixtes qui fédèrent de grandes collectivités, comme le Smeag (Syndicat mixte d’étude et d’aménagement de la Garonne), à Toulouse, qui regroupe les régions Nouvelle-Aquitaine, Occitanie, les départements de Haute-Garonne, Tarn-et-Garonne, Lot-et-Garonne et Gironde. Avec la sécheresse tous les efforts se concentrent sur le maintien de l’étiage des cours d’eau, c’est-à-dire la préservation de leur débit moyen le plus bas. Comme partout en France, le bassin hydrologique Adour Garonne a beaucoup souffert de la sécheresse en 2022, au point qu’en ce début d’hiver la situation recommence tout juste à tendre vers la normale.
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“Le comité de bassin va investir 150 millions d’euros dans les 26 départements du Sud-Ouest pour qu’ils soient notamment interconnectés, et sécuriser ainsi l’approvisionnement en eau potable. Notre bassin compte près de 120.000 kilomètres de rivières. Il y a encore des cours des cours d’eau où ça coince et jusqu’à 50 % des stations de pompage ont cessé pendant la sécheresse. Dans ce cas il faut interconnecter les communes entre elles, pour pouvoir aller chercher l’eau qui manque chez son voisin”, éclaire Guillaume Choisy.
L’Agence de bassin Adour Garonne est une émanation du comité de bassin et assure de nombreuses fonctions, dont la mise en œuvre des objectifs et des dispositions du schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux (Sdage).
Le caractère dégradé de la situation hydrologique dans le bassin Adour-Garonne prend désormais des allures inédites.
“La période de soutien à l’étiage vient juste de se terminer en fin novembre, au lieu de fin septembre ou fin octobre habituellement. Il a fallu négocier avec EDF et le Smeag pour pouvoir alimenter la Garonne avec les stocks d’eau des barrages hydroélectriques : c’est du jamais vu ! Nous venons tout juste d’arrêter ces opérations grâce aux pluies… “, pointe ainsi non sans inquiétude Etienne Guyot.
De son côté, Alain Rousset tient à ce que les choses soient claires et que personne ne se fasse de fausses idées.
“Les grands barrages qui ont servi à soutenir l’étiage jusqu’à début décembre, les pluies ne vont pas suffire à les remplir. Non ! Il va falloir faire très attention l’an prochain et peut-être même pendant deux ans à ce soutien de l’étiage de nos fleuves et de nos rivières”, a-t-il prévenu.
Avant de souligner, qu’à Agen comme à Toulouse, l’eau de la Garonne pompée est chaude, à 25°, ce qui oblige à la traiter avec encore plus d’attention pour lui conserver sa qualité.
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Le soutien à l’étiage ne va pas être abandonné, mais de nouvelles pistes sont explorées pour compenser le manque d’eau structurel, qui touche deux tiers du territoire du bassin Adour Garonne. Fin 2021, le comité de bassin a ainsi annoncé le lancement d’une série d’expérimentations sur six sites pilotes (Tarn, Aveyron, Neste, Garonne, Adour amont et Charente) pour passer au banc de tests le nouveau modèle d’organisation destiné à remettre en eau des zones pour le moment en grande fragilité. Une action qui passe par l’élaboration de projets de territoire pour la gestion de l’eau (PTGE) là ou perdurent les déficits ; l’étude de la mobilisation éventuelle de gisements nouveaux (gravières, canaux, retenues inexplorées…) ; le pilotage de la gestion en eau grâce à des outils innovants, comme le suivi satellitaire, ou encore la restauration des zones humides…
Plus globalement, comme l’a souligné Alain Rousset ce jeudi matin, mieux maîtriser le cycle de l’eau passe par une évolution des pratiques agricoles vers la transition agroécologique. Ce virage stratégique va bénéficier d’un investissement de 120 millions d’euros de travaux étalé sur les années 2023 et 2024 dans les sous-bassins d’Adour, Charente, Dordogne, Garonne, Gironde, Lot, Tarn-Aveyron, sans oublier les nappes profondes. Un effort destiné à réussir le passage à une gestion quantitative et qualitative de l’eau, sachant que “les précipitations vont diminuer de 20 % au sud de la Loire”, a insisté le président du Comité de bassin Adour Garonne.
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(1) Le bassin hydrologique Adour-Garonne couvre un énorme périmètre de 117.650 km2 qui englobe 26 départements. Soit la plus grande partie des régions Nouvelle-Aquitaine et Occitanie, auxquelles s’ajoute une fraction d’Auvergne-Rhône-Alpes. Un périmètre schématiquement borné par l’océan Atlantique à l’ouest, les Pyrénées au sud jusqu’à l’Ariège, la Seudre et la Charente au nord (jusqu’à Rochefort) et les Cévennes à l’est (jusqu’à Mende), notamment avec le Tarn.
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