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Le cirque Muller veut s’installer sur un terrain privé, contre la volonté de la propriétaire. Elle espère parvenir à l’en empêcher. Les forains, eux, dénoncent l’absence d’offre publique.
“Quand j’ai appris qu’il était à Rousset, j’ai tout de suite pensé que ça allait recommencer”, raconte Audrey Cantarelle, qui tient la cave éponyme. “Il”, c’est le cirque Muller et, depuis 2017, il est synonyme de cauchemar pour la Maximinoise.
Il y a cinq ans, alors qu’elle n’avait pas donné son autorisation, les forains s’étaient déjà arrêtés sur son terrain. “Avant ça, j’accueillais des cirques. Mais en 2017, avec les manifestations au Luc, j’ai pris conscience que les animaux étaient maltraités, alors j’ai voulu les empêcher de s’installer.” Mais malgré le refus de la propriétaire, les manifestations des militants de la cause animale et une réaction municipale, le chapiteau avait bel et bien été monté.
L’ambiance qui s’était alors installée était pour le moins délétère. “Ils m’ont menacée et ont même jeté une palette dans ma direction, que j’ai heureusement réussi à éviter”, accuse Audrey Cantarelle. “Ils détruisaient tous mes services, menaçaient les clients”, continue Manu qui tient la friterie installée sur le parking de la cave Cantarelle. Rapidement, la décision de stopper toute activité sur les lieux avait été prise.
“Samedi, ils sont venus me voir et ils m’ont dit que j’allais être content, parce que j’allais prendre des vacances pendant un mois”, témoigne Manu. Entendez par là que le cirque revient s’installer sur le terrain.
Un humour que n’ont pas particulièrement goûté les deux travailleurs, qui craignent de devoir à nouveau baisser le rideau. “J’ai des employés et, cette fois, si je dois arrêter mon activité je ne vais pas pouvoir continuer à les payer, s’inquiète Audrey Cantarelle. Sans compter que je loue le terrain pour les puces. Si elles ne peuvent pas être organisées, je perds une partie de mon gagne-pain.”
“Je risque de mettre six employés au chômage technique”, appuie Manu. Alors, ils tentent tout pour empêcher les camions d’arriver. “Je suis au téléphone depuis deux jours, ça n’arrête pas. J’ai appelé les gendarmes, la mairie, tout le monde…” Les militants de la cause animale ont également été interpellés.
Le dernier spectacle à Rousset était prévu ce lundi, à 18h30, laissant craindre aux anti cirque une arrivée dans la soirée. Plus tôt dans la journée, la mairie avait déjà laissé sur place un bulldozer. Un geste de soutien, mais probablement insuffisant pour bloquer le passage. Sur les réseaux sociaux, appel avait été lancé pour “un apéro festif” pour contrer l’arrivée des Muller.
“J’aimerais qu’ils aillent s’installer sur un terrain public pour que la mairie ait les moyens légaux d’intervenir. Moi, je ne peux même pas leur couper l’eau, sinon les animaux vont souffrir”, souffle Audrey Cantarelle.
D’autres idées ont été lancées parfois pour rire (jaune), parfois émises par désespoir. Une manif? Des vigiles privés? Des plots en béton? “Faut quand même faire attention. La dernière fois, ils ont menacé de lâcher un tigre”, se souvient Manu.
 
Les élus ne respectent pas leur obligation d’accueillir et de laisser travailler les exploitants itinérants
Nous comprenons la position de la propriétaire du terrain privé. Ce n’est pas une bonne solution pour nous non plus. Nous préférerions nous installer sur un terrain qui nous serait proposé par la Ville. Nous avons, dès cet hiver, tenté d’entrer en contact avec la municipalité, qui n’a pas donné suite à nos trois courriers. Je suis toujours disposé à rencontrer le maire afin de trouver une solution. Comme souvent, les élus ne respectent pas leur obligation d’accueillir et de laisser travailler les exploitants itinérants. Encore une fois, nous allons nous installer dans des conditions pas du tout idéales et devrons gérer “au mieux””; affirme de son côté, Frank Muller, directeur du cirque. 
1. Par ailleurs président de la branche cirque du syndicat Cid’Europe et membre de la Commission nationale des professions foraines et circassiennes placée sous l’autorité du Premier ministre.
Le cirque Muller a déjà fait l’objet de rejets de la part des communes varoises.
Mai 2017: Gassin.
Juin 2017: Le Luc.
Juin 2017: St-Maximin.
Chaque fois, les maires ont tenté d’interdire l’installation et la tenue des spectacles. Le cirque, bien qu’empêché certains jours, au Luc notamment, est malgré tout parvenu à travailler.
Aucun texte de loi ne confère aux maires le pouvoir d’interdire, sur le territoire de la commune, la présence de cirques détenant des animaux ou non.
“Dès lors que sont respectées les règles [de sécurité et d’exploitation, notamment d’animaux], les commerçants, artisans ou entrepreneurs doivent pouvoir exercer leurs professions. En cas de difficultés […] notamment à l’occasion d’installations, il revient aux préfets […] de favoriser le dialogue et la concertation entre les professionnels et les municipalités.”
Ministère de l’Intérieur, 7 avril 2017.
La loi du 30 novembre 2021 visant à lutter contre la maltraitance animale interdit le commerce d’espèces non domestiques dès 2023. Leur exploitation commerciale, notamment dans les cirques, sera interdite en 2028. Il y aurait 850 animaux sauvages dans les cirques français.
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