Pour eux, c’est comme la fin d’un rêve, l’histoire d’une intégration loupée dans un contexte aggravé par la crise. Les Anglais qui avaient choisi la France pour démarrer une nouvelle vie sont rattrapés par les événements. Ils avaient débarqué voilà 30 ans dans le Périgord, plus tard dans le Quercy et le Gers, à la conquête d’un patrimoine immobilier encore abordable. Ils avaient tenté un nouvel emploi, créé un gîte ou une table d’hôte à un moment où le tourisme vert était prometteur. Ce n’est plus le cas. L’ immobilier se lamente. A Carcassonne, Jean-Jacques Wilhelm qui dirige l’agence Hamilton constate un recul de la clientèle anglaise de 25%.
Plus nomades que les Français, habitués à avoir des enfants étudiants en Australie ou à Singapour, les Anglais ne cherchent pas à s’enraciner à tout prix. L’affirmation se vérifie plus que jamais alors que les contraintes économiques obligent à des changements de cap radicaux.
C’est d’abord la dépréciation de la livre sterling par rapport à l’euro. (livre à 1,18€). Les Britanniques installés en France mais qui perçoivent une retraite anglaise, ont vu leur revenu fondre de 25 à 30 %, en même temps qu’augmentait le coût de la vie. Souvent plus âgés, ils opèrent un repli vers leur pays après des désillusions liées aussi à leur difficulté d’intégration. Un phénomène qui intervient à l’heure où l’immobilier outre-Manche traverse lui aussi une crise sans précédent.
Ce retour s’observe à Airbus où les programmes associent depuis toujours des ingénieurs anglais. À la fin de leur contrat ou à leur retraite, beaucoup faisaient le choix de continuer à séjourner dans le Sud-Ouest. C’est de moins en moins le cas. « Une famille britannique sur cinq quitte la France dans les trois premières années », souligne Chris Bockman, le correspondant local de la BBC en Midi-Pyrénées. Un pourcentage confirmé par Roger Virnuls, consul de Grande-Bretagne à Toulouse.
Mais il existe aussi d’autres facteurs. La communauté britannique ne peut plus acheter dans une région qui a vu ses prix flamber en quelques années. Autre motif invoqué : les compagnies aériennes low cost ont revu à la baisse le nombre de vols hors saison, tout comme ont été différés les projets d’implantation dans des aéroports de province.
Mais la réponse à ces départs massifs n’a pas qu’une origine économique. « Les Anglais sont aussi des affairistes. Ils ont acquis leur maison dans des conditions favorables et comptent les revendre à bon prix pour acheter, toujours au soleil, en Croatie par exemple », explique Françoise Kaloupschi de l’agence Pierre et Soleil installée près de Cahors.
« C’est loin d’être un phénomène nouveau. Voilà six mois qu’on dit « méfiance », y compris aux artisans dont le job dépend largement du niveau des transactions immobilières. L’activité de nos agences a chuté de 50 %, et la clientèle britannique accuse à elle seule une baisse de 60 à 70 % », explique Christian Doby.
L’enseigne Ricq et Doby, qui possède trois agences dans le Lot et une autre dans le Périgord, appréhende les effets d’une crise durable. « Ceux qui avaient choisi d’investir dans la région, d’aménager des structures touristiques, sont pris à la gorge. Ils n’arrivent plus à vendre, ni ici, ni en Angleterre où ils ont conservé un bien », explique le directeur. Le sud-ouest n’est donc plus l’Eldorado vert. « A prix égal, les Anglais préfèrent investir en Croatie, par exemple. Vous pouvez trouver des maisons, peut-être aussi chères, mais deux fois plus grandes. Mais il n’y a pas que ça. Les dépenses courantes y sont aussi deux fois moins élevées. L’autre destination, c’est aussi la Floride où, pour 150 000 €, vous pouvez trouver une belle villa. ».
Il n’y a pas que les raisons économiques. Beaucoup d’Anglais éprouvent aussi le mal du pays. Tel David Weston, marié, vivant en France depuis dix ans.
« Nous sommes retraités et habitons dans le Lot. Si nous vendons notre maison, c’est pour acheter quelque chose de plus petit dans le Nord pour raisons familiales, car nous avons de la famille en Angleterre et en Belgique. Nous voulons nous approcher d’eux.
Mais il n’y a pas que ça. Il y a aussi le poids de l’isolement parce que, franchement, il n’y a rien à faire en hiver dans le Lot. Je voudrais habiter près d’un grand centre et spécialement pendant l’hiver. Ici c’est plein d’activité en été, mais l’hiver c’est mort.
De plus en hiver, c’est plus froid ici que dans le sud de l’Angleterre d’où nous venons.
On est très loin de Toulouse, de Bordeaux ou de Paris et beaucoup d’Anglais installés ici disent la même chose. Nous avons découvert le Lot parce que ma belle-sœur habitait le village de Payrac et après plusieurs visites nous avons acheté ici. »
Situation contrastée dans le Gers. Des notaires notent une baisse qui n’augure rien de bon, des agents immobiliers parlent « d’un réel tassement » de l’activité. Mais à Mauvezin, Marie-Claire Lemaire (Lomagne Gascogne Immobilier) ne dramatise pas : « Les Anglais arrivent moins en masse qu’en 2002-2004, mais ce marché n’est pas tari». Paul et Jane, par exemple, souhaitent vendre leur bien (estimé à 350 000 €) parce qu’à 75 % de ce prix, ils ont vu « un truc super en Andalousie ». Ce couple Gallois sera peut-être « victime » de la crise si les retraités antibois, intéressés par ce « sweet home » armagnacais, ne parviennent pas à vendre leur maison azuréenne. « Beaucoup d’étrangers au Gers qui « en pincent » pour le bonheur dans le pré, « prospectent » à Noël puis au début du printemps. En fonction de ce qui se passera alors, on aura une vue plus fine des probables dégâts à venir pour notre secteur d’activité », conclut un agent.
J’ai déjà un compte
Je n’ai pas de compte
Vous souhaitez suivre ce fil de discussion ?
Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?
Heureusement qu'ils sont encore là… combien d'entreprises n'auraient pas vu le jour sans ces retraités étrangers qui souhaitaient rénover leur maison ou dépenser sans compter au restautant? Les Anglais aiment notre mode de vie, la gastronomie, le vin. La plupart d'entre eux cherchent à s'intégrer malgré la barrière la langue, mais ils essaient malgré tout. D'ailleurs, connaissez-vous beaucoup de français qui font l'effort d'intégrer ces étrangers dans leur vie ?
Il faut arrêter les phrases du type "Ils nous volent nos maisons…". De nombreux villages et commerces vivent grâce à cette clientèle aisée.

Je ne pense pas que les Anglais partiront. Ceux qui sont installés ici, à la retraite, n'iront pas dans un autre pays : les difficultés d'intégration, d'adaptation sont trop importantes.
Et même si quelques-uns connaissent des difficultés, ce n'est pas la majorité. Ne nous basons pas sur des exceptions. Il y aura peut-être moins d'étrangers qui arriveront, mais ceux qui sont installés, resteront.
Pas de coup de Trafalgar? Ils partent vraiment?
Anglais ou pas, le problème qui est le leur actuellement et qui a été le nôtre pendant des décennies est économique. Donc, pas de nouvelles guerre de cent ans, simplement la constat que si le marché immobilier leur est si défavorable c'est parce que quelques uns ( et ils en font partie ) l'ont fait grimper en achetant n'importe quoi à n'importe quel prix. C'est la seule raison pour laquelle les français ne peuvent actuellement s'intéresser de près à leur patrimoine: ils n'ont plus les moyens d'acheter.
C'est bien dommage
Ils font vivre le commerce dans de petits villages, entretiennent des bâtisses qui, sans eux, seraient invendues. Les rénovations sont dans le bon gout et l'esprit du pays. Il y a une forte proportion de retraités qui apporte leur argent sans prendre le travail… Ils ne boivent pas de whisky…(alors que les français, sont les plus grands buveurs de wisky d'Europe), mais aiment le vin et en boivent pas mal (rouge, blanc, rosé). Chez nous il y a aucun délinquant anglais… mais je remarque qu'il y a pas mal d'arnaqueurs français qui exploitent le filon. En résumé merci les anglais d'être venu dans le Sud Ouest… et ceux qui se félicitent de leur départ s'en mordrons peut-être les doigts bientôt, surtout dans les campagnes défavorisées.

source

Catégorisé: