Face à une pénurie de soudeurs , les robots viennent au secours de nombreuses PME et grands groupes industriels. Ils peuvent travailler des heures sans se plaindre. Alors, la robotique va-t-elle remplacer les travailleurs de métiers qualifiés ?
Depuis plusieurs années, le métier de soudeur est en crise. Le robot collaboratif dit “Cobo” et autres robots plus sophistiqués ont le vent en poupe. Selon les inventeurs et fournisseurs, ils permettent aux entreprises de réaffecter les travailleurs les plus qualifiés de tâches simples à des tâches qui nécessitent de meilleures compétences. Pour autant, Il ne s’agit pas de remplacer les travailleurs qualifiés mais plutôt de réorienter leurs compétences là où elles sont le plus nécessaires.
Sur le pôle industriel de Granville par exemple, la soudure est fortement implantée. 
“On a fait une enquête sur les besoins de robotisation au sein des entreprises” indique Dominique Cabar, responsable du pôle. « Il y a un gros besoin. Partout il est nécessaire d’avoir des plateaux robotiques technologiques 4.0 pour la soudure, la palettisation, etc … » 
Le robot est un outil pour aider la production, la productivité, la souplesse de fonctionnement de l’entreprise. La difficulté est le manque de compétences pour faciliter l’intégration, l’implantation et le développement de ces technologies là. « Notre rôle c’est d’accompagner ces technologies par du personnel qualifié » poursuit le responsable. 
“N’allez pas croire que les robots réduisent l’emploi. Ils le stabilisent car l’entreprise peut s’adapter pour être plus opérationnelle au quotidien, plus réactive et donc plus compétitive.”
 
S’agissant des salariés, la formation est indispensable aux mutations. « Les métiers évoluent un peu, les travailleurs doivent tourner sur les compétences, que ce soit les opérateurs, les gens de la production, de la maintenance, les intégrateurs … Il faut des compléments de formation.  Plus les entreprises investissent dans la robotique, plus elle sont performantes”.  

Johann Ferraro, responsable projet dans l’industrie confirme la difficulté de trouver des opérationnels de haut niveau : « on n’a pas forcément de soudeurs qualifiés qui répondent à nos critères. Pour certaines situations, on a besoin de personnels et on ne trouve pas ». 
Il y aurait plus de 6 000 postes de soudeurs vacants en France.

  Une pénurie qui n’est pas récente, due au vieillissement de la profession mais pas seulement.
Le métier de soudeur souffre depuis de nombreuses années d’une mauvaise image et ne remporte pas un franc succès auprès de la jeune génération.
Être soudeur est souvent associé à de mauvaises conditions de travail, de la pénibilité et des actions répétitives. On pense également souvent qu’un salaire de soudeur est peu élevé mais c’est un des métiers les mieux payés de l’industrie.
La soudure subit aussi un grand manque de notoriété et de visibilité. cette profession n’est que très peu évoquée dans les collèges et lycées. Les jeunes et les parents ont, de plus, parfois du mal à sortir du parcours scolaire classique et n’ont pas toujours accès aux informations sur d’autres filières.
Depuis la fermeture du CAP soudeur par l’Éducation Nationale en 1988, les formations au métier de soudeur se font rares. Les jeunes souhaitant s’y diriger doivent désormais se tourner vers des fédérations spécialisées. La plus importante est l’Union des Industries et des Métiers de la Métallurgie (UIMM). Au-delà de la difficulté à trouver une formation, les places y sont chères: en moyenne 11 places pour 300 candidats.
Bien que les formations au métier soient professionnalisantes, les élèves ont parfois des difficultés à trouver des stages. Plusieurs facteurs refroidissent les entreprises: les activités accessibles au jeune, son accompagnement, les conditions de sécurité, la période de stage, etc.
Résultat: 
3000 postes de soudeurs sont offerts chaque année sur le marché de l’emploi. Faute de le pourvoir, l’industrie se tourne vers le robot 

Le robot a pour avantage de soulager les soudeurs en terme d’ergonomie, de gagner du temps, de la  réactivité. Pendant que le soudeur travaille, prépare les pièces, « le Cobo »(robot collaboratif) tire les cordons les plus simples, on gagne sur les temps de production » précise Johann Ferraro, le responsable de projet . 
“Le soudeur s’oriente vers des choses plus techniques, il augmente ses compétences par la conduite du robot et la construction de pièces plus élaborées.”

 
Cette profession demande en effet dextérité, habileté et attrait pour le travail manuel, tout comme la conduite d’un robot …
En témoigne Guillaume Masure, technicien de démonstration de robots. « Le soudeur indique les points d’intervention sur la pièce de métal et le robot soude. C’est ce qu’on appelle un robot collaboratif. Ça répond à de nombreux besoins, que ce soit au niveau des PME ou de grosses sociétés. Ca coûte entre 70 et 90 000 euros en fonction des équipements ajoutés. Mais en trois ans, c’est rentabilisé. 
Le robot produit un travail linéaire, il n’est pas fatigué contrairement aux soudeurs, 500 pièces à faire, c’est ce qu’il demande !!”

Le Robot ne remplace pas la main de l’homme
Le robot se limite à des travaux de grande série relativement simple. Dès lors qu’il s’agit de soudures sensibles comme le nucléaire ou l’armement, la main mais surtout l’expertise humaine semble incontournable.
“Nous devons souder des tubes de lance torpille de sous-marins” explique Dominique Jaquot, délégué syndical FO de la fédération métallurgique. “Leur diamètre fait un mètre, le robot n’y a pas accès”. 
Ce qui fait la différence, c’est l’expérience du salarié, elle seule peut permettre la conformité de la soudure, et ça, le robot ne peut pas le faire !”

 

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