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Guillaume Dalery est le maire de la petite commune héraultaise de Lamalou-les-Bains. Il est aussi le président de la Fédération thermale d’Occitanie, qui compte 29 stations (dont 11 sous gestion publique ou para-publique), ce qui en fait la première région thermale de France. Guillaume Dalery est également, depuis septembre dernier, trésorier de l’association nationale des maires des communes thermales.
Le 23 octobre dernier, l’élu annonçait une baisse de fréquentation annuelle des stations régionales de l’ordre du 60 % en raison du premier confinement et de la fermeture des stations entre mars et juin 2020. Réinterrogé le 2 novembre, il est catastrophé : avec le deuxième confinement, la baisse va atteindre les 70 %, les stations ayant dû refermer leurs portes le vendredi soir 30 octobre.
« Les exploitants ont mis en place une charte sanitaire validée par les services de l’État pour pouvoir rouvrir fin juin ou début juillet et ça a été un pari gagné puisqu’aucun cluster ne s’est formé dans les stations, souligne-t-il. C’était déjà une crise sans précédent. Mais avec le 2e confinement, c’est fini pour l’année 2020 : les stations ne rouvriront pas avant l’année prochaine ! »
Un observatoire au niveau national sera bientôt mis en place pour évaluer le poids économique précis de la filière. En Occitanie, sur les dernières années, ce sont environ 200 000 curistes qui fréquentent chaque année les stations régionales. Celle de Lamalou-les-Bains en accueillent en moyenne 13 000, celle d’Amélie-les-Bains (Pyrénées-Orientales) 17 000, mais celle de Balaruc-les-Bains (Hérault) 50 000, ce qui en fait la plus importante de France.
La filière ne connaît pas réellement de saisonnalité. Les cures se déroulent entre février et décembre, avec un pic en arrière-saison sur septembre et octobre. Au premier confinement, les stations avaient essayé de décaler au mieux les cures afin d’éviter le plus d’annulations possibles.
« On a observé une appréhension des clients avant d’arriver mais ils étaient rassurés une fois sur place, déclare Guillaume Dalery. Mais en raison des protocoles sanitaires, nous n’avons pas pu accueillir autant de curistes qu’en temps normal… La plupart des stations ont eu recours au chômage partiel, y compris celles en régie municipale. Et certaines ont demandé le prêt garanti par l’Etat, mais ce n’est que repousser car il faudra rembourser. »
Bilan : selon le président de la Fédération thermale d’Occitanie, toutes sont en difficulté aujourd’hui, avec un impact sur les finances des exploitants qui s’étalera sur plusieurs années.
« Il faudra deux à trois ans pour retrouver le niveau de chiffre d’affaires 2019, craint-il. L’inquiétude est surtout pour les petites stations en régie municipale. Elles sont gérées par la commune qui porte donc les déficits sur son budget communal. Par exemple, l’une d’elle a enregistré un déficit de 450 000 € : la commune peut couvrir 200 000 € mais elle cherche comment recouvrir le reste et pour l’instant n’a pas de solutions… Il faut aller chercher cet argent dans d’autres budgets et réduire les investissements de la commune. Ou se faire aider par d’autres collectivités. On y travaille… »
La fédération thermale tente d’identifier les points de blocage pour mieux accompagner les communes dans le montage des dossiers.
« Nous avons notamment un partenaire important, la Région Occitanie, pointe Guillaume Dalery. Partant du principe que l’Occitanie est la 1e destination thermale de France, la filière est donc un levier important pour les territoires. La Région a donc mobilisé un fonds de soutien de 40 M€ à destination des stations pour travailler à la mise ne place du thermalisme du XXIe siècle. Il s’agira notamment que le thermalisme propose, en complément de la partie cure médicale, une offre bien-être et touristique. Cela nécessite des études stratégiques qui pourront être financées par ce fonds, mais aussi des investissements pour adapter l’offre bien-être. »
L’élu essaie en effet, et malgré tout, de regarder l’avenir de manière optimiste : « Ma conviction, c’est que la crise a rendu cette stratégie de diversification d’autant plus d’actualité. La crise peut être une opportunité. Les stations thermales ont une image, on a des logements, elles peuvent être une solution pour relancer le tourisme dans les territoires ruraux. Donc investir dans les 29 stations thermales peut avoir un bénéfice pour des territoires plus larges ».
D’autant que le thermalisme génère d’importantes retombées économiques sur son territoire : il est admis qu’un curiste consomme 30 € par jour sur une cure 18 jours, à quoi il faut ajouter quelque 500 € pour son logement.
Observant le mouvement qui s’est opéré cet été, avec des Français qui sont moins partis à l’étranger et ont privilégié leur région, le président de la Fédération thermale d’Occitanie propose de fidéliser les nouveaux patients mais aussi d’aller chercher les curistes de proximité, en provenance de la région elle-même.
En attendant, il va falloir serrer les dents. Et se projeter sur 2021.
« Nous avons prolongé le chômage partiel des salariés, et il devrait y avoir des aides supplémentaires pour les activités impactées par une fermeture mais on attend de voir quoi exactement, déclare l’élu. Il faut maintenant se mobiliser pour préparer au mieux la saison 2021. En général, les premières stations ouvrent mi-février, c’est notre cas à Lamalou. Mais notre crainte, c’est que cette situation perdure début 2021… Car l’enjeu est là : si on s’en tient, en 2021, à une baisse de fréquentation de – 30 % par rapport à 2019, on limitera la casse. Si on est au-delà, on risque les dépôts de bilan. »
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